Red Universe

Red Universe

La plus grande saga intergalactique jamais racontée en podcast

raoulito

Des réfugiés vont découvrir les secrets enfouis sous des années d’oublis et de honte. Confrontés à des choix et des conflits sur leur modèle de société, ils avanceront vers leur but ultime, là où se concentrent leurs espoirs : la planète rouge. Chapitres entiers http://reduniverse-chapitres.podcloud.fr Chapitres spéciaux http://reduniverse-speciaux.podcloud.fr Et pour plus d’immersion, les livres illustrés http://reduniverse.fr/livres-numeriques/

En cours de lecture

RedU T1 Ch18 Ep4

Red Universe, ce sont aussi des livres numériques et des thèmes musicaux originaux ! Venez découvrir le site pour enrichir votre expérience de cette grande saga.

Télécharger l’épisode Mp3⎮⎮S’abonner

« Igor. »

Sur l’astéroïde aménagé en base pirate, l’espace était un luxe. Certes, tout y était plus vaste, comparé aux coursives des vaisseaux d’attaque, mais le labyrinthe de caissons pressurisés n’était pas comparable à ce que l’on pourrait trouver sur une colonie, voire sur la fameuse MaterOne, origine de l’Humanité et du pouvoir royal. Fort de sa filiation prestigieuse, Igor avait réussi à aménager une sorte de débarras de quelques mètres carrés en bibliothèque personnelle. Il y accumulait, depuis des années, toute sorte de livres et de lecteurs digitaux… N’importe quoi qui pu contenir du texte ou des informations sur l’univers : du roman à l’encyclopédie numérique, du magazine au recueil de poèmes. Des étagères improvisées débordaient d’ouvrages, le sol lui-même était couvert de piles à lire ou à ranger. Certains de ces ouvrages présentaient des couvertures ou des pages noircies et plusieurs cartes magnétiques étaient inexploitables car en partie fondue. Qu’importait à leur nouveau propriétaire : un jour, peut-être, il arriverait à en tirer quelque information, quelque vers… 

Assis sur un tabouret et les pieds posés sur une petite pile, bilan du dernier butin, le pirate feuilletait passionnément un petit livre rouge, au titre écrit dans langue inconnue du nouvel arrivant.

« Ah, Misha, tu tombes bien. Connais-tu ce petit ouvrage ? C’est un recueil de réflexions d’un souriant dissident, sur ce que devrait être une société plus juste et égalitaire.


  • Ah ? Et ça donne de la liberté ? Ce serait bien nouveau…

  • Je n’en suis pas certain. Des règles, des droits et des devoirs, en effet. Mais déjà, ces droits, Misha ! Le droit de choisir son représentant, une transparence sur les décisions, une sorte de conseil suprême élu qui chapeauterait tout, un…

  • Igor, nous parlerons de cela plus tard : je ne suis pas venu rêver avec toi. »

Le géant se choisit une pile de livres vaguement stable et s’assit dessus, entrainant d’inquiétants craquements dans les cuirs. Son frère cachait mal une moue désapprobatrice, mais le pirate s’en moquait.

« Igor, ce marin qui voulait te tirer dans le dos, comment as-tu pu le rater ? Ce petit jeune était inexpérimenté et j’ai du mal à croire qu’il ait pu te berner, même dans le feu de l’action.


  • Cela peut arriver, tu le sais bien. »

Misha soupira, fixant la pointe de ses chaussures. Puis son regard glissa sur la collection accumulée dans le débarras. Le pirate géant n’était pas à son aise dans les discussions : pour n’importe quel sous-fifre la question aurait été réglée en quelques coups bien placés, mais il se refusait à en arriver là avec son jeune demi-frère.

« Est ce qu’on parle de la vie des pirates, dans tout çà ?


  • Quelques romans l’ont idéalisé, à la limite de la parodie, mais le plus souvent il s’agit… on dira du mauvais coté et de la peur qu’on inspire aux autres.

  • Et tu trouves cela mal, n’est-ce pas ? Tu ne crois pas que c’que nous faisons représente la justice, pas vrai ?

  • Justice ? Que nous ont donc fait ces marchants, ces plaisanciers ? Nous pourchassons et sommes pourchassés. Nous pillions, violons et brulons parce que nous ne voulons pas intégrer la société humaine.

  • Nous sommes libres ! Et on nous rejette donc, voilà la vérité. Nos ancêtres étaient nordistes, des hommes rudes aux règles de société stricte. Ils ont rejeté la loi des hommes en s’élançant dans le vide de l’espace, et ont vécu mille tourments pour survivre. À coté de cela, ces riches et gras marchants passaient sous leur nez, débordant d’une richesse dont ils refusaient de partager la moindre piécette.

Que voulais-tu qu’ils fassent ? Je suis fier d’être redouté par-delà l’espace et de faire partie des pirates, Igor ! Nous sommes du même sang, tu devrais ressentir cela dans tes tripes aussi, comme Esfir. Ce ne sont pas tes livres qui t’auraient sauvé du marin d’hier !



  • Non… Ils m’expliquent son geste, mais ne m’auraient pas sauvé. C’est vrai. »

Misha se leva brusquement, dominant son demi-frère. Contre toute attente, il lui tendit la main, un sourire se dessinant sous sa moustache.

« Alors viens, brulons toute cette bouquinerie ensemble ! Avec moi, tu prendras la place qui te revient dans la communauté des pirate. TA communauté. »

L’autre regarda la main tendu… et l’accepta. Il se releva, se retrouvant face au géant, mais il ne lui arrivait même pas au sternum.

« Misha, merci encore pour ton aide là-bas. Mais je n’abandonnerais pas mes livres. Ce marin, je l’avais laissé vivre. Sans doute aurais-je dû… le neutraliser d’une manière ou d’une autre. Mais je n’ai pas pu, voilà.


  • J’en étais persuadé ! Tu n’as pas encore la trempe d’un pirate, et ces livres te bourrent le crâne de choses dangereuses. Regarde Esfir, elle a le feu sous la peau. Elle sait entrainer les hommes et semer la terreur chez nos proies…

  • … Et tu ne devrais pas oublier qu’elle est notre sœur. Elle n’est pas pour toi.

  • Quoi ?!… Tu… Je sais que je lui plais. Ne te mêle pas de çà.


  • Mes livres ou Esfir. Chacun ses faiblesses, Misha, n’est-ce pas ? Je ne serais peut-être jamais un grand combattant, mais je suis certain que tu confonds l’amour fraternel et l’amour tout court !

Esfir n’est pas pour toi. »

La tête du géant était cramoisie de gène et de colère rentrée. Sans répondre, il sortit du débarras en claquant la porte.

 

« Colonel J.F.Hill ? »

La caméra était braquée sur lui, épiant ses moindres faits et gestes.

« Tout va bien, Madame Hacham, rien que de très commun. »

Le commandant du transporteur se saisit du rapport tendu par un des officiers du pont. Tout était en ordre et les paramètres étaient optimum. Sur les écrans du centre de commandement, des diagrammes et des schémas modélisaient la sortie de la Passe de Magellone, et les opérateurs redoublaient d’activité. On allait arriver à destination, d’ici peu.

« Colonel, pouvez-vous expliquer rapidement, à nos spectateurs candides en matière de transport spatial, les grandes lignes de fonctionnement d’un poste de commandement comme celui-ci ? »

Sous le projecteur de la caméra d’Ex-One média, J.F.Hill s’assit simplement dans son fauteuil et croisa les doigts, cherchant par où commencer…

Soutenez Reduniverse.fr
Prod: PodShows
Réa: Raoulito
Relecture: Arthur R, Icarion
narration: Anna
Rôles:
Anna: Foudia Hacham
Misha: Zylann
J.F.Hill: Raoulito
Compo: Ian, cleptoporte
Montage: Raoulito

En cours de lecture

RedU T1 Ch18 Ep3

Red Universe, ce sont aussi des livres numériques et des thèmes musicaux originaux ! Venez découvrir le site pour enrichir votre expérience de cette grande saga.

Télécharger l’épisode Mp3⎮⎮S’abonner

La plupart des voyageurs de l’espace craignent, à juste titre, les pirates. On les sait affamés de richesses et prêts à tout pour les obtenir, ne reculant devant aucune action d’éclat ni aucune bassesse. Certains, plus lucides, savent également leur reconnaitre une rare témérité, une absence de peur qui fait d’eux des êtres d’exception.

Et encore sont-ils loin de la vérité…

Igor se tenait droit, serré dans sa tenue isolante contre les chocs thermiques, devant l’ouverture béante, à l’arrière de leur vaisseau. Il se trouvait à la quasi verticale de trois appareils cargos traversant la haute atmosphère de leur planète d’origine. Derrière la verrière de son casque, pas de toute première jeunesse, il pouvait distinguer la longue trace cristalline que la condensation laissait derrière les réacteurs au lithium à pleine poussée. C’était le point à éviter à tout prix, sous peine de se retrouver instantanément carbonisé. Au pire, si on ratait sa destination, on pouvait toujours venir se faire récupérer par la navette de secours qui sillonnait la zone, sous réserve que l’attaque se soit bien passée et que le suspenseur accroché dans leur dos, ou la combinaison, ne lâche pas.

Le convoi venait de décoller depuis une grosse poignée de minutes, et c’est lors des sorties d’atmosphères que les communications d’un engin sont les plus perturbées, voire inexistantes. Cela ne dure pas longtemps, mais c’est suffisant pour des pirates. L’autre avantage du lieu était que la présence d’atmosphère, même ténue, évitait les effets de dépressurisation forte, facilitant la progression en intérieur.

« Igor, on vise le troisième, j’y serais avant toi, petit frère !

Misha, ne fais pas comme si je n’allais pas vous griller tous les deux sur le poteau, comme toujours ! À tout à l’heure les peureux ! »

Répondit perfidement Esfir, dans la radio. Et sans préavis, la jeune femme s’élança et se jeta dans le vide, déclenchant l’attaque. Misha se précipita, suivi de tous les autres. Déglutissant, Igor plongea à son tour.

À cette altitude, si le frottement de l’air est négligeable, pour de petites surfaces comme celle d’un humain, la gravité céleste, elle, ne l’est pas. La chute est rapide, directe, sévère : seuls les petits compresseurs à air des suspenseur donnent un simulacre de contrôle à la chute. Tout le groupe, composé d’une trentaine de boucaniers, fondait sur le dernier cargo, il était la proie. Concentré sur sa descente, Igor nota pourtant les premiers petits flashes blancs, regroupés vers l’arrière de la zone d’atterrissage, si ce mot avait un sens pour une chute à cette vitesse. L’antimatière est une substance strictement interdite dans tout l’univers connu et, de tous temps, les rois de MaterOne en avait régulé la production et la dissémination. À trop forte dose, quelques grammes, elle pouvait fendre une planète en deux sous l’apparition d’une singularité dévorant tout. Pourtant, elle était couramment utilisée dans les cas précis d’actes de piraterie.

 

Choc…

Rebond…

Choc à nouveau. Les puissant électroaimants tinrent bon. Igor se trouvait un peu à l’écart, mais il était à destination et en un seul morceau, c’était le principal. Il sorti immédiatement laraignée, le surnom des ogives particulières aux pirates. Une fois posée, elle dépliait ses pattes et s’éloignait à distance respectable des porteurs de balise de reconnaissance. Puis, elle mettait en contact son millionième de gramme d’anti-matière avec la coque du vaisseau. D’où les flashes blancs que l’on apercevait de loin. Pénétrant la coque au travers de la paroi parfaitement découpée, Igor s’efforça de ne pas se souvenir des histoires de mauvaise dosage d’anti-matière dans les araignées, et de leur résultat apocalyptique. Épée dans une main, arme automatique dans l’autre, il courait dans les couloirs, faisant exploser les sas, prêt à abattre toute personne sur son chemin. Enfin presque, disons qu’Igor était sélectif, et ne répondait qu’aux attaques. Un son discontinu, en stéréo dans le casque, le guidait vers les autres balises, donc vers ses camarades. Évidement, l’objectif, une fois entré, était de se regrouper et d’attaquer la salle des machines. Les deux en même temps, parfois cela relevait du ch…

Il percuta un jeune matelot sortant d’une coursive qu’il n’avait pas vu. Tous deux tombèrent à la renverse, Igor en lâcha son automatique. Même s’il n’était pas le meilleur des bretteurs, il n’en demeurait pas moins entraîné au combat : roulant sur lui-même pour amortir sa chute, il se remit sur pied alors que l’autre se précipitait vers l’arme au sol. N’hésitant pas une seconde, il lui lança l’épée dans les jambes, se jetant à son tour sur l’automatique. Le temps que l’autre se relève, Igor était debout devant lui, le tenant en joue.

Le matelot leva les mains, se rendant. Inutile de chercher bien loin à déchiffrer son expression, celui-ci se pensait déjà mort. Igor n’avait qu’à appuyer, c’était si simple. Le jeune homme devant lui avait, au plus, vingt-deux ou vingt-trois ans. Si peu de différence avec son propre âge.

L’écho d’une explosion leur arriva aux oreilles, les combats faisaient toujours rage et la direction des bip-bip était évidente. D’ailleurs ils se rapprochaient, mieux valait se dépêcher. Tout en tenant en respect son vis à vis, Igor lui intima l’ordre de reculer. Il récupéra alors son épée sur le sol et abandonna le matelot tremblant, reprenant sa course dans le couloir principal.

Un peu plus loin, devant un important sas fermé, Igor saisit une de ses dernières araignée, et allait l’activer lorsqu’une rafale de mitrailleuse décrivit un cercle juste au-dessus de lui. Se jetant à terre, il se prépara à riposter… mais c’était inutile.

Le jeune matelot qu’il venait d’épargner se tenait devant lui, hoquetant, du sang coulant de sa bouche… Les yeux écarquillés, il serrait encore son arme fumante, mais ne touchait plus le sol, tenu en l’air par la pointe de la hache de Misha. Tandis que le garçon expirait, le demi-frère d’Igor ne cacha pas sa désapprobation :

« IGOR ! Quand est-ce que tu vas apprendre à surveiller tes arrières ? Ce gamin allait te dégommer comme un lièvre-tourterelle et tu y serais resté sans même comprendre ce qui t’arrivait ! »

Un dernier sursaut, et la tête du jeune ne bougea plus, les yeux encore grands ouverts.

« Un peu comme lui, quoi… Tsss… Bon allez, viens et reste prêt de moi. Y’a des mécanos qui refusent d’y rester gentiment, on a besoin de nous par là. »

Secouant son arme, il laissait le corps glisser sur le sol et indiqua une coursive secondaire. Igor le rejoignit, attardant son regard sur le jeune homme mort.

« Tu veux sa photo ? Viens plutôt voir Esfir. Elle est en pleine forme aujourd’hui et ferraille comme une diablesse, plus belle que jamais.

Misha… Merci.

C’est rien. Mais par l’enfer, fait attention, d’accord ? »

Et ils s’élancèrent vers les bruits de la bataille.

Soutenez Reduniverse.fr
Prod: PodShows
Réa: Raoulito
Relecture: Arthur R, Icarion
narration: Anna
Rôles:
Esfir: Kanon
Misha: Zylann
J.F.Hill: Raoulito
Compo: Ian, cleptoporte
Montage: Ackim

En cours de lecture

RedU T1 Ch18 Ep2

Red Universe, ce sont aussi des livres numériques et des thèmes musicaux originaux ! Venez découvrir le site pour enrichir votre expérience de cette grande saga.

Télécharger l’épisode Mp3⎮⎮S’abonner

Le colonel marchait d’un pas lent dans les coursives menant au centre de commandement. Il avait beau faire le fier, l’appréhension lui tiraillait l’estomac. Ôh oui, il connaissait bien la zone proche de la Passe vers laquelle l’Exode se dirigeait, et pour cause…

 

… C’était dans une autre vie avant la révolution, avant John Fidgerald Hill lui-même, un nom composé de plusieurs penseurs célèbres. C’était un temps où on ne le nommait — à la pirate — que par son prénom et une caractéristique propre :  Igor le penseur, demi-frère du puissant Misha et dEsfir la sans-peur, rejetons d’un grand et puissant chef pirate. Ils n’étaient que trois enfants, ce qui était peu, comparé aux sept femmes de leur géniteur. Chez les pirates, les règles communes à la civilisation étaient non avenues et, bien évidement, le libertinage phallique régnait en maitre. Pourtant les femmes combattaient sur un pied d’égalité, sans doute par nécessité de survie pour leur famille, et elles n’étaient pas moins redoutables que les hommes. Sa grande sœur Esfir, par exemple, était une grande bretteuse devant l’Éternel. Les leçons d’escrime qu’elle lui prodiguait dans la base, lors des périodes de repos, le mettaient toujours à genoux.

« Igor, ta garde ! Relève ta garde ! Voilà, comme çà… Plus haut, et je t’ai déjà dit qu’il fallait bouger plus, c’est la mobilité qui fait l’escrimeur, sinon tu n’es qu’une cible !

Je… j’essaye. Même sans ton agilité, je devrais… pouvoir y arriver !

L’agilité viendra avec la pratique. Tu te souviens de la dernière escarmouche ? Avec ce garde royal, tu avais failli y passer. Il faut t’améliorer : les livres, ce n’est pas tout dans la vie d’un pirate ! »

Igor essayait de penser à ses pas, tout en contrant les attaques de sa vis à vis, se permettant même une feinte. Mais la jeune femme maîtrisait l’épée avec la grâce et l’agilité de ceux rompus aux combats, rien ne pouvait vraiment la surprendre et son frère faisait face à un mur d’acier. Elle n’avait que quatre petites années de plus que lui, collectionnait les amants et multipliait les batailles prestigieuses, aux cotés de leur père et de Misha. Une belle mèche blonde lui zébrait sa chevelure courte, et un fin collier d’or, qu’elle portait toujours autour du cou, lui servait de bijouterie : il datait de son premier pillage, un souvenir de ses débuts dans la piraterie, en quelque sorte. Malgré sa petite trentaine d’année, son nom et sa mèche n’étaient déjà plus inconnus dans les milieux pirates, et même chez leur proies.

Sur une ultime pirouette, elle désarçonna son frère. Le fleuret d’Igor s’envola, rebondit et glissa sur la poussière du sol jusqu’à l’entrée de la salle d’entrainement et du nouvel arrivant : Misha. Le géant était, avant tout, une masse physique, un être tout en muscle à la longue moustache rousse et à la voix tonnante. Il s’amusa sincèrement de la maladresse de son frère, en ramassant l’arme.

« Igor, tu devrais retourner à tes livres ou utiliser quelque chose de vraiment conçu pour les hommes ! »

Dit-il en tapotant le manche de sa redoutable hache, pendue contre son dos. C’était l’ainé de la famille, l’officier en second de leur père quand ils prenaient l’espace à bord du navire et bientôt le commandant de son propre vaisseau. Si Esfir commençait à être connue, la queue de cheval rousse de Misha était déjà redoutée de tous : il se montrait sans pitié avec les équipages capturés et sans aucune compassion avec les faibles ou ceux qui manquaient de courage sous ses ordres. Pourtant, malgré cette aura de violence, l’ainé aimait sincèrement sa famille, bon enfant et protecteur : malheur à celui qui leur chercherait des noises. Igor le lui rendait bien, préférant souvent être à ses cotés lors des batailles, son frère lui assurant une protection presque parfaite.

Car il était vrai que les livres passionnaient plus le jeune homme que les armes. Certes, il se savait pirate et destiné à vivre au milieu de la fureur des abordages et des pillages, mais il ne manquait pas une occasion pour se plonger dans la culture, les romances, les cartes spatiales, tout ce qui pouvait le faire voyager dans le temps et l’espace bien plus loin que ni lui ni son père n’avaient jamais été. Sa prédilection pour les poètes anciens était la seule compétence qu’on lui reconnaissait, en plus de la parenté de sa glorieuse famille, mais c’était un fait paternel, pas une compétence. Alors il s’entrainait, voulait participer aux batailles, aussi rudes soit-elles, cherchant, en faisant montre d’un courage sans faille et d’une analyse toujours plus fine, à combler ses lacunes de combattant. Malheureusement, cela semblait plus émouvoir les autres que réellement les impressionner.

Misha s’approcha et lui rendit son arme. Sur une bonne claque dans le dos qui fit tousser le jeune homme, il ajouta :

« Si tu veux un conseil, Igor, lit les cartes et continue à apprendre. On a des guerriers, mais des stratèges, ça c’est plus rare. »

Et sans préambule, il enlaça sa sœur par la taille, lui embrassant le cou.

« Évidement, je ne parlais pas pour nous, n’est-ce pas, Achtouka ?

Mais je n’en avais jamais douté, mon cher frère. Aller, enlève tes mains de moi avant que je ne te les coupe. Ce serait dommage pour toutes ces filles de bar que tu trousses dans tes soirées de beuveries, non?

Ha, ha, ha ! Achtouka, ce ne sont pas mes mains qu’elles cherchent, ha ha ha ! Y a que toi qu’est insensible. »

Demanda-t-il en la lâchant. Igor avait déjà remarqué ce manège que les deux se livraient, pardon, que Misha livrait à leur sœur. Certes, ils n’étaient que demi-parents, mais tout de même. Le pirate géant en faisait un peu trop, comme s’il tentait une cour maladroite. Pourtant, comme le signalait Esfir, ce n’étaient pas les conquêtes qui lui manquaient. Sa virilité et son endurance étaient elles aussi légendaires, et les femmes accouraient dès qu’il se présentait quelque part. Comble de la honte, il en avait prêté une à Igor, pour son dépucelage lors d’une soirée en retour de campagne. Les livres n’attisent pas les fantasmes féminins, semblait-il.

« Parce que j’aurais l’impression de toucher père, espèce de grand nigaud ! »

L’autre parti dans un dernier grand rire et se dirigea vers la sortie. Juste avant de franchir la porte il ajouta.

« Et n’oubliez pas de régler vos réveils. Demain, nous partirons tôt. Un convoi transportant les richesses d’un vieux marchand passera à portée. Bonne nuit, Igor, bonne nuit, Achtouka. »

Achtouka, un diminutif de guerre inventé par le géant pour leur demi-sœur. Une divinité païenne oubliée…

 

Esfir resta à l’observer alors qu’il disparaissait dans l’ombre des coursives, le regard indéchiffrable.
 

Soutenez Reduniverse.fr
Prod: PodShows
Réa: Raoulito
Relecture: Arthur R, Icarion
narration: Tristan
Rôles:
Esfir: Kanon
Misha: Zylann
J.F.Hill: Raoulito
Compo: Ian, cleptoporte
Montage: Bleknoir

En cours de lecture

RedU T1 Ch18 Ep1

Red Universe, ce sont aussi des livres numériques et des thèmes musicaux originaux ! Venez découvrir le site pour enrichir votre expérience de cette grande saga.

Télécharger l’épisode Mp3⎮⎮S’abonner

« Bonsoir. Suite aux dramatiques évènements arrivés lors de la sortie de la Passe de Magellone, la rédaction et moi-même avons décidé de retarder la diffusion de ce documentaire. Alors que le second convoi nous a maintenant rejoint, il nous a semblé judicieux den terminer le montage et de vous le proposer. Les rushes ayant, par miracle, pu être conservés par nos équipes, voici donc, dans une bien malheureuse exclusivité, ce qui est devenu lultime message de liberté et despoir de -feu- le Colonel John Fidgerald Hill. »

-Générique-

« Bonjour à tous et bienvenue sur Ex-One Média, votre chaîne d’information. Je suis Foudia Hacham et nous sommes sur le transporteur n °6 pour un documentaire spécial sur la sortie prochaine de la Passe de Magellone. Pour cet évènement très particulier, nous avons eu l’immense honneur d’être autorisés à suivre, minute par minute, le Colonel J.F.Hill, commandant de ce transporteur, lors de toutes les manœuvres d’arrivée.

Alors, Colonel, bonjour. Nous sommes ici dans vos quartiers, et au nom d’Ex-One média et de notre public, nous vous remercions encore pour votre esprit d’ouverture et de transparence. Peut-être pouvons-nous commencer ce documentaire avec quelques mots de votre part sur la situation actuelle du transporteur, ainsi que… nous dirons votre sentiment sur ce voyage ?

Bonjour Foudia, c’est un plaisir que de battre en brèche ceux qui prétendent que sur le n°6, les libertés seraient en berne. Et je vous remercie de braquer votre projecteur là-dessus. Alors la situation actuelle ne présente aucun problème, aucune anomalie particulière, ce qui me permet de féliciter toutes les équipes qui assurent le fonctionnement de ce géant de l’espace qu’est le transporteur. Nous savons qu’il n’est plus de toute première jeunesse, alors passer trois semaines d’affilées à traverser Magellone en Transition représente un sacré challenge !

Oui, d’autant que nous avons affronté des perturbations très éprouvantes, comme les sautes temporelles. Tous les équipements ont bien tenu ?

Oh, vous savez, c’est une solide électronique embarquée, dans cette bonne vieille cathédrale de métal et de lithium. J’ai connu autrefois la Passe dans des conditions bien plus rude. Cette fois-ci, ce n’était qu’un voyage agrémenté, tout au plus.

Vous avez déjà traversé la Passe ? Mais c’est une information : nous l’ignorions ! De quelles conditions autrement plus difficiles s’agissait-il ?

Mmhmm… Disons que mon vaisseau était endommagé, ce qui a rendu la traversée particulièrement éprouvante. Mon arrivée sur Pinup, le petit nom de la station Piñata el Grande, fût assez rocambolesque.

Mais c’est passionnant cela ! Vous veniez de l’autre coté de la Passe ? Je pensais qu’il n’y avait que des marchants-contrebandier, quelques rares vaisseaux d’exploration et des pirates, là-bas ?

Ha, ha, ha ! Madame Hacham, un jour, je coucherais peut-être le récit de ma vie sur les pages d’un livre et je vous promet de vous en tenir informée, mais l’heure n’est pas encore venue, ha, ha, ha !

Merci à vous, Colonel. C’est vrai qu’avant d’être commandant de l’Exode, vous avez été politicien dans le premier gouvernement Castiks — dit de transition. Auparavant, vous étiez un chef rebelle, vainqueur de la bataille controversée des monts Atos contre le Colonel Sterling-Price, lui-même actuel commandant du transporteur n °5. Cela se passe bien entre vous deux ?

Hélas non. Il a gagné toutes nos parties d’échec de ces dernières semaines. J’envisage d’arrêter de jouer avec lui, il est bien trop fort. Pourtant, c’est véritablement un homme cultivé, droit et foncièrement bon que j’apprécie, dommage qu’il soit un tel stratège, c’est frustrant.

Hé, hé ! On peut donc conclure que vous vous entendez bien. Mais nous avons eu beau chercher dans les données à disposition, nous ne trouvons pas de trace de vous avant les prémices de la révolution. Vous étiez alors, déjà, à la pointe de la contestation intellectuelle, et votre nom était associé à de grands auteurs célèbres de l’époque. Que faut-il en conclure, et pouvez-vous nous apporter des précisions sur cette période ?

Un jour, chère Foudia, un jour, je vous le promet. Mais je peux tout de même vous avouer un petit secret. Ma longue vie m’a appris trois choses importantes : d’abord, il faut toujours être prévoyant. On m’a, par exemple, installé à proximité un accès à certaines commandes directes du transporteur. Ce qui autorise, en cas d’urgence, des réactions très rapides.

Des rumeurs parlent en effet de votre canne qui aurait été améliorée, est-ce le cas ? Et qu’est ce que vous anticipez de si grave ?

Vous vous doutez bien que je ne commente pas les rumeurs, quand à la raison, c’est que justement, on ne sait jamais. La seconde leçon de vie, c’est… comment dire… peut-être qu’une citation d’un ancien poème serait plus claire ?

 

Toi qui aime, découvre la vie

Toi qui ressent, découvre ta raison d’être

Toi qui comprend, découvre lamour.

 

Je ne sais malheureusement plus d’où il provient, j’en suis sincèrement navré.

Mais je le connais ! Il a été écrit par un conseillé de Magnam I, peu après la création de la royauté, en l’an quatre-vingt trois si ma mémoire est bonne. Le roi l’utilisa dans un discours pour aider la population à croire en l’avenir et à procréer. Votre goût pour la littérature ancienne est également connu, voulez-vous dire par là que l’amour est votre seconde leçon de vie ?

Chère Foudia, vous me ravissez : j’en tiens enfin l’origine ! Oui, l’amour, mais l’amour comme moteur de l’espoir. Nous, humains, demandons de l’amour pour donner un sens à nos existences, et de l’espoir pour construire le futur. Et c’est cela ma troisième leçon de vie : ne JAMAIS désespérer. Et si nous n’avons plus d’espoir alors tenter au moins d’en transmettre à d’autre qui poursuivrons la destinée du groupe.

N’est-ce pas ce que nous reprochions à l’actuel gouvernement Castiks et qui a conduit au schisme de l’Exode ?

Parfaitement ! La voie choisie par les hautes instances n’était plus compatible avec cet idéal de vie. Antarès IV représente un nouvel espoir pour tous les exodés et, malgré de réels remords, nous sommes partis à l’aventure, préférant, redoutant parfois, la mort à la soumission et à l’extinction.

L’amour et l’espoir comme moteur de l’Exode. C’est une définition qui risque de faire date.

Elle le fait déjà, chère Foudia… Bien ! D’ici deux heures environ, nous sortirons de la Passe. Je vous propose de nous rendre au centre de commandement, où mes officiers m’attendent pour superviser les derniers préparatifs.

Peut-être un petit survol de ce qui nous attend à l’arrivé ?

Nous sortirons de Transition un peu plus loin que la Passe elle-même, un endroit assez sûr et hors de l’attraction de la faille dimensionnelle. Puis nous ferons une pause en y attendant quelques jours le second puis le dernier convoi. Il sera intéressant de profiter de ce temps pour cartographier autant que possible ce nouvel univers, et définir la meilleure route à suivre vers Antarès IV.

Un endroit sûr, la meilleure route à suivre… Votre expérience passée de ce coté-ci de la Passe vous inspire-t-elle de l’inquiétude ?

Tout l’univers est inquiétant, madame, tout l’univers… Je vous propose de rejoindre la passerelle, maintenant. Voulez-vous ?

Avec plaisir, Colonel, et dors et déjà merci pour cet entretien.

Une pause de nos annonceurs et nous revenons dans quelques instants. À tout de suite sur Ex-One Média.

 

Soutenez Reduniverse.fr
Prod: PodShows
Réa: Raoulito
Relecture: Arthur R, Icarion
narration: :-)
Rôles:
Foudia Hacham: Anna
J.F.Hill: Raoulito
Compo: Ian, cleptoporte
Montage: Raoulito

En cours de lecture

Red Universe: Playlist Chapitre 17 « Circus »

NOUVEAU : désormais vous pourrez accéder aux musiques de Red universe (originales ou Jamendo) sur la toute nouvelle page des Thèmes et Musiques du site ! Tout y est: lecteur automatique jamendo, lien téléchargement des compositions, biographie des compositeurs (dans la partie écoute gratuite des compos originales).

Les compositions ont été mises à jour pour tenir compte des nouveaux thèmes ajoutés (Thème Empire de Ragnvald) , ainsi, nouveauté, que des génériques de Ian (chapitre 18-19 et Chapitre 1-2 revisités).

Le chapitre 17 est terminé, voici la playlist Jamendo mise à jour, contenant, entre autre, les musiques utilisées pour les fonds sonores de « Vortex ».

Voici certains thèmes à remarquer pour leur utilisation dans ce chapitre :

  •   Thème du cirque (n°2) : « Techproge » de Breathing Statue / alb: Late Awake (retirée de Jamendo)
  • Thème des révélations finales : « Last line » de Nersonangelo / alb: “Rising Ember”
  • Les thèmes originaux de Ralato & Stuffy, Fabio Ouli ou de Phil Goud

Tout cela est donc disponible dans la section Musiques & Thèmes :-)
Ne vous en privez pas!

Bonne écoute et rendez-vous la semaine prochaine pour le chapitre 18 « Sobrevivir » de RedUniverse

Soutenez Reduniverse.fr