RENTRÉE LITTÉRAIRE sur Red Universe ! Mise à jour de nos livres numériques avec les chapitres V et VI et la mini-série de l’été: « Dualité » !
Venez enrichir votre expérience de cette grande saga avec les textes réécrits pour l’occasion, des illustrations et des commentaires de l’auteur.

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Un vent glacial cinglait la peau du Lieutenant Ralato, passant au travers des espaces laissés libre malgré l’épaisse tenue. Le souffle était modéré mais le froid mordait. Un ordonnance se précipita pour l’accueillir, accompagné de deux gardes alors que l’orthoptère coupait ses turbines. Tous entrèrent dans l’allée, protégée sous bulle, qui menait à l’entrée principale du camps.

Nous étions au nord du nord, à quelques kilomètres de l’extrémité de l’hémisphère. Cette base militaire avait été construite sur une ancienne mine de Talbium-3, abandonnée après quelques années d’exploitation. Vu le coût des équipements et les conditions de travail des mineurs, elle n’était pas rentable, surtout lorsqu’on comparait sa production aux tonnes récoltées, chaque heure, dans les nébuleuses de Talbot. Alors une autre utilité lui avait été imaginée : des ouvriers d’un genre différents allaient poursuivre l’exploitation du filon, et les conditions météorologiques atroces allaient en devenir un atout majeur.

Un sas s’ouvrit à leur approche et une douce chaleur enveloppa le lieutenant. On le conduisait à l’officier supérieur du « Camp de reconditionnement » d’Asbjörn, à la limite du monde des Nordistes. Suite à la chute de la forteresse Castiks, certains avaient milité naïvement pour la fin des camps de détentions « sévères », d’autres en avaient plutôt tiré une leçon : mieux valait, pour ce genre d’endroit, un lieu éloigné, désertique à la limite de l’inaccessible. Les Nordistes, parties prenantes à la révolution, n’étaient pas spécialement des démocrates convaincus et ils acceptèrent, sans difficultés, de mettre cette ancienne mine à disposition de l’armée.

« On ne revient pas de cet endroit vivant, Ralato. Cest le tombeau des prisonniers politiques.

Tu me las déjà dit. Je peux comprendre que tu napprécies pas d’être ici, mais ce nest pas la raison de notre venue.

Nempêche, il faudra un jour fermer définitivement ces lieux dhorreur. Ici les morts ne croupissent pas, ils ne se putréfient pas, ilsgèlent pour l’éternité. »

Oui, c’était d’ailleurs exactement l’idée. On pouvait accumuler un charnier de centaines de cadavres, à deux pas, sans la moindre nuisance. Rien que creuser la glace pour concevoir une fosse prenait plusieurs heures à une équipe armée de pioches chauffantes. Par ailleurs, seuls des orthoptères spécialement conçus ou des navettes spatiales ravitaillaient l’endroit.

« Un enfer gelé. Le Purgatoire made in Poféus, voilà ce que cest.

Bien sûr : que les autres membres du Conseil de la révolution ferment les yeux ou que les autorités Nordistes gardent le secret absolu sur ce lieu ne compte pas ? Sois réaliste : ce genre de zone disolement existera toujours car elle arrange beaucoup de monde. »

Stuffy, l’ancien collègue, l’aspirant Mutualiste dans la tête de Ralato était fondamentalement un utopiste. Malgré ces mois à cohabiter ensembles dans le même esprit, le lieutenant conservait toujours, lui, son pragmatisme, partisan d’une ligne dure. Le résultat était un mental hybride redoutable, étonnamment efficace : il était juste avec les amis mais sans pitié avec les ennemis.

Il expliqua au colonel, responsable du camps, son désir de rencontrer un certain prisonnier. L’autre fit la moue, ce qui n’augurait rien de bon. Bien que d’un grade supérieur, l’officier n’ignorait pas la place réelle que le lieutenant occupait en pratique, dans les forces de sécurité de MaterOne, et il hésitait visiblement à donner une « mauvaise réponse ». Finalement, on le conduisit à l’infirmerie du camp. Dès le premier coup d’oeil, on comprenait que les soins apportés ici visaient plutôt l’accompagnement à la mort que le rétablissement. C’est dans un des lits du fond qu’on leur présenta celui qu’ils cherchaient. Le bonhomme avait manqué la fermeture quotidienne des portes car sa jambe s’était retrouvée coincée dans une crevasse. De très bonne constitution, il respirait encore quand on l’avait retrouvé le lendemain, enroulé en boule. Il avait creusé le sol de sa pique pour se concevoir un abris de fortune, ce qui l’avait sauvé. Enfin c’était la version optimiste. Il vivotait maintenant depuis quelques semaines, sans bras, ni jambes. Ses fonctions digestives étaient presque toutes définitivement hors d’usage et on le nourrissait de bouillie, tandis que des tuyaux implantés dans son bas ventre récupéraient ses quelques excréments. Son visage avait été trop gelé pour que ses muscles s’en remettent, ce qui fait qu’il ne parlait plus. Sans nez, sans oreilles, il se contentait de fixer le plafond de son dernier oeil valide.

Seule la télépathie allait permettre de communiquer avec lui. Compte tenu des informations à obtenir, c’était plutôt un avantage et le scientifique, coutumier des mentaux, ne devrait pas être choqué outre-mesure.

« Bonjour docteur Evlosky. Je suis le Lieutenant Ralato. Nous nous connaissions durant la période où vous collaboriez avec le professeur Quartmac aux Affaires mentales. Vous souvenez-vous de moi ? »

L’œil de l’autre s’agrandit sous la surprise. Non seulement il le reconnaissait, mais c’était probablement la première fois où il pouvait discuter avec quelqu’un depuis un bon moment. Stuffy compatissait sincèrement.

« Tu sens cette douleur ? Ce type déguste depuis des semaines, en permanence. Et encore, là, il est sous sédatifs. Le pauvre vieux.

Oui. Je me rappelle bien de lui : il nous promettait des bandes dessinées si on obtenait de bons résultats, ce que Quartmac désapprouvait. Mais il le faisait quand même. C’était une force de la nature, une armoire à glace impressionnante et pleine de vie… à l’époque.

Ça la desservit. Un type moins costaud y serait resté, et ça aurait peut-être été mieux pour lui.

Mais pas pour nous. »

Ralato replongea dans l’esprit de l’ancien médecin.

« Je suis à la recherche du professeur Quartmac. Savez-vous où le trouver ?

JeRalatoJe souffre

Vous men voyez navré, Docteur. Il se murmure que vous étiez dans la mouvance Mutualiste. Cest dailleurs pour cette raison que vous vous êtes retrouvé ici. Lauriez-vous revu là-bas ?

Qu..quartmac est mort. Jai maltuez-moi, tuez-moi Ralato… »

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Prod: PodShows
Réa: Raoulito, Relecture: Arthur, Icaryon, Kwaam
Narration: Andropovitch
Acteurs:
Ralato: Raoolito
Stuffy: Luciole
Compo: Ian
Montage: Ackim