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Pofeus regardait passer une formation d’oiseaux migrateurs qui volait vers le Sud en piaillant. Ces courageuses bestioles battront des ailes encore longtemps avant d’arriver à destination, MaterOne Centrum n’est pas précisément en zone chaude durant l’hiver.

Rien qu’à cette pensée il frissonna, resserrant instinctivement le peignoir chaud autour de ses hanches. Souvent, après avoir fait l’amour, il aimait bien évoluer tranquillement sur les dalles massives du balcon de sa chambre. Nu comme un vers, il enfilait alors un vêtement et faisait quelques pas, humant l’odeur de bois et de feuilles de la forêt entourant sa propriété. En cette heure matinale, on apercevait encore au loin les premiers gratte-ciels de la capitale que la brume de pollution n’avait encore réussi à occulter. La richesse c’est l’espace, disait un de ses anciens matelot lors de ses débuts dans la flotte d’exploration spatiale.. Ce qui est vrai sur un vaisseau l’est aussi autour d’une ville semble-t-il..

Quelques crissements de gravier: des hommes de mains sûrs emportaient un grand sac mortuaire contenant le corps de son amant de cette nuit. Un petit gros tropicalien décevant: il était mort en sifflant le peu d’air que les mains assassines du Contre-amiral laissaient involontairement s’échapper et ses grosses fesses serrées n’avaient pas permis de profiter pleinement du plaisir lors de son orgasme. Le choix de ce mignon était simplement mauvais car ceux s’occupant de rabattre son gibier sexuel n’étaient que des incapables. D’ailleurs il avait la sensation que depuis l’enlèvement de Ralato, son plus fidèle Lieutenant, il n’était plus entouré que d’incapables!

Sur une expression de mépris, il tourna les talons et se dirigea vers la grande porte fenêtre donnant dans la chambre à coucher.

Il avait remué ciel et terre depuis maintenant six mois, fait interrogé et torturé des milliers de suspects, ses Mentaux écoutaient en permanence toute pensée à proximité des cercles intellectuels, syndicalistes, ou médias, et, au moindre soupçon, ses patrouilles quadrillaient des régions entières sans le moindre résultat probant. Tout juste une petite dizaine de mutualistes de dernier rang leur avaient été lâchés en pâture par leurs supérieurs. Car ses services étaient persuadés que les mutualistes n’hésitaient pas à sacrifier certains éléments peu importants si cela leur était utile! Et bien sûr, les prisonniers n’avaient aucune connaissance utile à dévoiler aux interrogatoires (quand ils ne se suicidaient pas !).

Quel résultat ridicule! Tous ces efforts et rien de concret.. Maintenant que les Mutualistes avaient fait alliance objective avec les restes du réseau Azala, ils n’étaient plus une plaie, ils étaient devenus un danger: un grave danger pour la stabilité de son régime.

D’ailleurs en parlant de danger, il en avait un autre, et cette fois, pour lui-même et de l’intérieur!

Il ouvrit la clenche de la porte fenêtre, mais une sorte d’étourdissement le fit alors se courber, d’un coup, en prenant appuis sur la fenêtre.

Un petit bruit de verre brisé.

Ces étourdissements furtifs devenaient étrangement récurrents et il devrait peut-être consulter un médecin..

A peine relevé, un nouvel éclat de verre se fit entendre à quelques centimètres de lui! Exactement là où était sa tête quelques secondes plus tôt!

Cette fois il compris et se jeta à terre en hurlant!

“ALERTE SNIPER !! GARDES !!!!”

En écho à ses cris, un bruit de quelque chose lâché sur le sol lui parvint, suivi d’ordres aboyés et de pas courants sur le gravier puis sur le gazon: on commençait à s’affoler en bas.

Soudain toute la verrière vola en éclat, sous les impacts de dizaines de balles.

Pofeus sentait les multiples petits morceaux de verre lui tomber sur tout le long de son corps, écorchant ou griffant ses bras, ses jambes, tout ce que le peignoir ne protégeait pas!..

Puis plus rien.

Au loin des rafales de mitrailleuse, d’autres tirs ponctuels, peut-être que les gardes avaient trouvé le sniper?

D’autre hommes entraient en courant sur le balcon, le relevant et le protégeant tout en l’emmenant sur son lit à l’abris dans la pièce.

Monsieur Heir” venait de franchir un nouveau cap!?

Ce politicien sorti d’on ne savait où, toujours protégé par une troupe de Mentaux et de gardes du corps, et qui, en moins d’une année, avait abattu les pions de Poféus les uns après les autres! Récemment, après son avancée envers le conglomérat de Kalmot, n’avait-il pas mis la main sur deux chaines de télévision qui désormais ne recevaient plus leurs ordres de ses services!

Un jour ou l’autre la confrontation aurait lieu, il le savait..

Et malgré ce qui venait de se passer elle n’avait pas encore réellement débuté.

Comment gagner du temps..?

..Haa Ralato, où es-tu quand j’ai tant besoin de toi!?