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Le Transporteur numéro 7 voguait en pleine Transition. On pouvait voir au travers des quelques hublots laisses ouverts les grappes de vagues dimensionnelles se succéder à intervalle régulier. Au centre de commandement, le second officier était à la barre, l’expérience de la transition lui était routinière et certaines mesures secrètes de prévention des pirates avaient été prises. Le voyage allait durer encore plusieurs heures et la Commandant Benkana avait “un rendez-vous privé”.

Rien qu’à cette pensée l’Officier en second eu un petit sourire: tout le monde savait bien qui était son rendez-vous privé.La Princesse Azala était assise face à Benkana, dégustant les crevettes de la “Mer Intérieure”que le cuisinier avait sorti de la chambre froide spécialement pour l’occasion. C’était évidement son plat favoris, son hôte la connaissant parfaitement. Le message du second lui était arrivé depuis deux semaines environ, lors du départ du Transporteur, et la jeune Princesse désespérait de recevoir l’invitation tant attendue. L’attaque pirate du Transporteur numéro 2 avait bouleversé l’agenda de la Commandant ainsi que le moral de la flotte en général. Les renseignements qu’Azala avait pu tirer étaient désastreux: plusieurs centaines de morts, la perte du Commandant Basavech, de très nombreux matériels ou provisions détruits sans même parler des chasseurs lourds anéantis.

Raison de plus pour rendre cette soirée différente, et les sortir toutes deux des impératifs qui étaient les leurs durant les dernières journées.

L’ambiance de la pièce, au demeurant austère, avait été habilement réchauffée par un savant jeu de lumières tamisées et de plantes vertes, le tout baignant dans une musique d’ambiance douce de MaterOne, (Benkana avait prit soin de ne choisir aucun morceau risquant de faire ressurgir de douloureux souvenirs). Les rideaux dorés, accrochés au grand hublot, tamisaient la lumière crue du passage successif des dimensions tout en en conservant certaines teintes: le résultat était à la limite du festif!

Azala portait une robe de mousseline rouge, serrée aux hanches et relevée d’un col fermé aux boutons d’or. Une crème spéciale avait blanchie légèrement la peau de son visage, aidant à ressortir le rouge de ses lèvres et le noir de ses yeux. Ses petites pommettes, rehaussées de rose bonbon, étaient assorties aux anneaux soutenant des cheveux noués en chignon traditionnel complexe des Princesses de MaterOne. Face à elle Benkana portait une tenue de soirée… Masculine. Un ensemble complet, pantalon et veston en flanelle noire qui laissait apparaître une chemise blanche immaculée. Sa longue queue de cheval était exceptionnellement défaite et elle avait laissé ses cheveux tomber sur ses épaules, retrouvant un peu de leur ondulation naturelle. Sobriété dans la tenue comme dans le maquillage, elle exaltait ainsi sa masculinité si attrayante à Azala.

Après s’être régalées, les deux femmes allèrent s’installer dans le canapé en velours pourpre, pour siroter un dernier verre de liqueur. Elles bavardaient de leur nouvelle vie, de scènes cocasses telle la femme de chambre d’Azala entrant dans les toilettes alors que le jeune domestique enlevait son pantalon! Elles rirent de bon coeur, se rapprochant imperceptiblement l’une de l’autre. Benkana savait parfaitement ce qu’elle faisait: elle apprivoisait son ancienne maîtresse, et la rapprochait d’elle jusqu’à sentir le parfum d’été qui flottait dans l’air à l’époque de leur liaison. Même le canapé en velours devait lui rappeler de bien beaux souvenirs! Leur premier baiser fut chaste, le suivant se prolongea, le reste fût passionné…

La peau laiteuse d’Azala se contractait agréablement sous les doigts et la langue de sa partenaire, faisant durcir sa poitrine et ressortir la pointe des tétons que Benkana prenait plaisir à torturer doucement entre ses dents. Ressentir à nouveau le corps de son dernier amour, ouvrit en Azala un torrent de désir refoulé dont la pointe distillait une douce chaleur dans son bas-ventre qu’elle prit soin d’assouvir patiemment, avec sa Benkana, durant toute la nuit.

Le lendemain, au plus proche de ce que “lendemain” voulait dire en absence de soleil, l’air de la pièce était lourd de musc et de transpiration. Le couple se quitta sur un baiser chaste, et elles se donnèrent rendez- vous pour un prochain restaurant, sur le Transporteur, avec d’anciennes connaissances à elles: Phil Goud et Adénor Kerichi.