Nouveau Livre de Red universe disponible en ligne : le Chapitre 7 « L’agent douze » accompagné de ses illustrations et commentaires !

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À très bientôt donc, et bonne lecture :-)


Le sénéchal repartit d’un grand rire devant l’affront :
« Alors je peux te pardonner Igor, oui vraiment ! Par contre, pour ce qui est de quitter ton vaisseau, malheureusement non, j’ai bien peur qu’il soit le butin de la fratrie pirate ! Et on n’est pas partageur, tu le sais bien… »
Devant le mutisme de son vis-à-vis, le géant roux poursuivit, visiblement très sûr de lui.
« Écoute… je te propose un marché. Je m’engage à ce qu’on ne massacre personne ici si vous vous rendez maintenant, gentiment et sans conditions. Et même mieux : je t’offre de reprendre… ta place parmi les tiens. Elle t’attend toujours !
Bon, il te faudra un peu de temps pour t’adapter, tu sais, pas mal de choses ont changé et…
Parles-tu sérieusement ?
…Pour ? Nous n’avons rien contre les voyageurs en eux-mêmes, tu le sais bien, nous n’en avons qu’après les vaisseaux et les richesses transportées. Quand à ta place chez les pirates, j’y ai bien réfléchi : tu n’es pas parti volontairement au travers de la Passe, et ma foi… trois semaines d’un voyage pas facile, surement remplit de péripéties à ton arrivée de l’autre côté… tu as refait ta vie. Je peux com…
JE NE RETOURNERAIS JAMAIS CHEZ LES PIRATES ET NE VOUS LIVRERAIS JAMAIS CE TRANSPORTEUR, MICHA ! »

Le sénéchal ne broncha pas. En fait il resta plusieurs longues secondes pensif, attirant les regards interrogatifs de ses hommes. Il était pourtant venu se venger, effacer à jamais l’humiliation que lui avait fait vivre son frère. Mais là, maintenant, alors qu’il prononçait les mots de ce qui aurait dû être un mensonge, il s’était inconsciemment pris à y croire. Et si Igor le rejoignait ? Et si sa seule famille pouvait revenir auprès de lui ? Les Petrovach perdureraient, il avait déjà deux fils et une autre maitresse était engrossée, mais que restait-il de ses racines ? Quelques demi-mères qui allaient bientôt tirer leur révérence et une réputation d’assassin ; Igor était le seul à pouvoir l’accompagner maintenant.
Et le voici qui refusait.
« Tu n’as pas le choix, mon frère. Une seconde colonne se dirige à grands pas vers le compresseur dimensionnel. Même avec toutes les issues bloquées, ils passeront, juste que cela prendra du temps c’est tout.
Mais du temps, nous en avons, bien plus que vous… »

Pas de réponse.
Le colonel du transporteur était retourné se cacher derrière un mutisme total. Petrovach fit glisser deux doigts sur sa maudite cicatrice qui lui barrait de visage. Comment pouvait-il encore lui donner une chance après ce que son frère lui avait fait ?
D’un hochement de tête, il fit signe à un trio de pirate sur le devant. Ses hommes avancèrent prudemment vers l’officier qui leur barrait le passage puis, comme l’autre ne réagissait pas, il se jetèrent sur lui. Rapide comme l’éclair, la crosse de la canne sculpté accueillie le premier au milieu de son visage, lui brisant le nez, brouillant sa vue ; le second se pliait déjà en deux, l’entrejambe écrasé par la pointe métallique d’une des bottes de J.F.Hill. Le troisième entraina le colonel dans un roulé-boulé mais ne s’en releva pas, assommé par deux directs en pleine mâchoire.
Misha ne put, à nouveau, réfréner un sentiment de fierté devant ce frère qui se redressait et replantait sa canne exactement là où elle était précédemment, attendant la suite. Un sourire en coin, il fit signe à un duo d’aller affronter leur ennemi à leur tour.
Les autres hésitèrent, se regardèrent un instant, puis coururent en hurlant, épées pointées en avant. D’une feinte avec sa canne, J.F.Hill passa au travers des pointes acérées et réduisit ses deux adversaires au silence en leur décochant deux coups de coude nets au menton. Puis, posément, il reprit sa place, droit, face à la meute.
Le sénéchal était impressionné : Igor n’avait rien perdu de sa hargne, mieux, il s’était diablement amélioré en combat au corps à corps. Les deux tests avaient été concluants et il était inutile de poursuivre ; d’ailleurs, un coup d’œil permettait de jauger de l’inquiétude croissante chez ses hommes. Les pleutres priaient en ce moment leurs dieux de ne pas être les prochains sur la liste à affronter le frère de leur commandant.
On pourrait bien sûr lancer tout le monde en même temps, Igor serait rapidement débordé ; on pourrait également le neutraliser d’une rafale dans les jambes et l’expédier illico dans un caisson de stase en direction de sa demeure passée. Mais ce ne serait pas rendre hommage au guerrier qu’il était, à ce courage indomptable que rien ne pouvait arrêter.
« Igor, assez joué, je ne suis pas stupide. L’avancée des colonnes pirates se fait en minant au fur et à mesure tes ponts. D’un claquement de doigts, je peux décider de couper ton bel engin en petits bouts et ces bouts en plus petits bouts encore…
Nous allons tout réduire en miette et il n’y aura aucun survivant, c’est cela que tu cherches ? Je te croyais plus responsable… Pense à toutes ces femmes et ces enfants à bord, à tous ces fermiers et fonctionnaires, ces artisans ou ces ingénieurs, ils rêvent d’un ailleurs meilleur je crois, non ? Je connais Antares IV figures-toi, j’y suis déjà passé, et je me souviens même y avoir croisé quelques comptoirs marchands. Après tout, cette petite planète inhospitalière permet de respirer à l’air libre, n’est-ce pas ? Vous pourriez en faire un lieu touristique incontournable, et y skier ne serait pas difficile vu les températures. Quel bel avenir, quel espoir incroyable, mais pour toi, c’est non ! Tu décides de tout balayer avec ton orgueil et de les condamner à périr dans l’espace…

Je pensais que tu avais appris à connaitre les exodés, Misha.
Pardon ?
Nous ne sommes pas des colons cherchant à ensemencer une nouvelle terre, nous ne sommes pas de ceux qui profiterait d’un nouvel espace commercial… Ce sont les proies habituelles des pirates, mais ne nous confond pas avec des gens-là. »
J.F.Hill se redressa alors et pointa un doigt vengeur sur le pirate le plus proche à sa droite. Puis il en désigna un autre, puis un troisième…
« Toi, toi, et toi, et vous tous ici. Vous allez affronter des hommes et des femmes qui ont abandonné un régime de terreur pour créer un monde où la liberté et la justice seraient les formes primaires d’une nouvelle société. Je vous jure que vous ne reviendrez pas plus de cette bataille que vos prédécesseurs sur le Transporteur n°2. Jamais vous ne briserez la volonté de résister de ceux qui ont déjà connu mille tourments, et dont vous n’êtes qu’un ultime avatar.
Misha, as-tu raconté à tes hommes comment des femmes se jetaient sur les épées de tes pirates pour permettre à leurs fils et à leurs maris de les atteindre ? As-tu raconté comment tu as été blessé grièvement par le Baron Basavech alors qu’il ne t’affrontait qu’avec un fleuret ? As-tu enfin raconté combien exactement d’assaillants sous tes ordres ne sont jamais revenus de ta folie ?

Vous tous ici, je ne vois plus rien que des morts en sursis, que des victimes de leur cupidité et de leur foi mal placée en un fou, qui n’a jamais su s’arrêter !

Et toi Misha…
JE TE DÉFIE DE TON COMMANDEMENT. Moi, Igor le penseur, ton demi-frère, je prends tous ces hommes à témoin et je réclame le droit à la justice du sang !
Tu n’as aucun droit de revendiquer cela ! Tu n’es plus des nôtres !
Je croyais que ma place était toujours libre ? Il faut savoir…
Vous autres ! Laissez-nous et trouvez un autre passage vers le centre de commandement ! Partez tous, maintenant ! »
Comme certains hésitaient, s’interrogeaient du regard, le sénéchal tonna de sa voix la plus forte :
« J’AI DIT DEHORS, TOUS ! »
Comme un seul homme, les pirates se raidirent soudain et coururent aussi vite qu’ils le pouvaient en sens inverse. Ils n’avaient pas encore tous disparus de l’angle de la coursive que Petrovach brandissait sa hache bien haut, menaçant son frère.
« La Justice du sang hein ? Tu n’en as pas le droit, mais je te l’offre, Igor ! Tu as refusé ma main tendue, nous allons donc pouvoir régler une fois pour toute nos différents.
Je relève le gants, pirate, choisit ton arme !
Elle n’attendait que toi, Misha. »
Et, actionnant une sécurité cachée, la crosse sculptée de sa canne pivota à la verticale puis, dans une torsion, le Colonel John Fidgerald Hill sortit de l’intérieur du bâton une épée que l’on devinait délicatement ciselée aux armes de l’Exode.
Il la leva bien haut et la tint droite devant son visage en un salut traditionnel de duellistes. Petrovach lui rendit son salut, la hache levée également, puis jeta derrière lui son arme automatique.
Un duel comme celui-ci se devait de respecter les formes.

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  • Prod: PodShows
  • Réa: Raoulito
  • Relecture: Arthur, Kwaam, ClaXus
  • narration: Andropovitch
  • Acteurs: Acteurs: Zylann:Petrovach, Raoulito: JFHill
  • Derush : Zizooo
  • Compo: Ian, Cleptoporte
  • Montage: Ackim