Les Samedi et dimanche 27 Août, c’est le 27/24 de podradio ! http://2724.podshows.fr

Parmi les réjouissances, une interview de Pierrick Messien « http://lesoufflenumerique.com » qui nous parle d’auto-édition et de livres numériques !
À très bientôt lors du 27/24 !


La table du petit déjeuner était dressée sur la grande terrasse du salon. Angilbe se tenait debout, habillé d’une simple robe de chambre blanche qui reflétait le soleil de cette belle matinée. La personne qu’il attendait descendait les marches menant ici et il ne voulait commettre aucun impair, comme celui de commencer le repas sans elle.
Le contramiral patientait donc, laissant son regard parcourir l’étendue boisée entourant sa propriété ; on y retrouvait de très nombreuses essences d’arbres, des bosquets d’églantiers aux rangées de sapins ou des saules pointant leurs feuilles si reconnaissables, aux robustes chênes centenaires qui dominaient l’ensemble de leur majesté. Il fut un temps, Poféus ne se serait pas perdu à détailler ce qui composait cette forêt, mais plutôt à réfléchir si un ennemi pouvait s’y dissimuler. Depuis l’attentat manqué contre sa personne, à l’étage au-dessus, les mesures de sécurité avaient été largement durcies et s’étendaient maintenant au-delà des limites de la propriété. De nombreuses cimes de ces arbres dissimulaient des tireurs d’élite aux ordres du contramiral. Lui et la belle Calande ne risquaient donc rien en cette matinée radieuse. Le froissement du tissu d’une robe en mousseline le fit se retourner.
Les cheveux mi-longs de la jeune Brune qui se tenait devant lui, brossés de peu, flottaient sur la brise. Le blanc cassé de sa tenue légère laissait transparaitre les formes de son corps dans un jeu de tons foncés ou clairs, sur lequel resplendissait le magnifique visage sans fards de sa bienaimée. Elle lui souriait d’une expression simple, presque naïvement douce, la jeune femme rayonnait et Angilbe ne put retenir l’afflux d’une bouffée de désir.
Mais comment était-ce possible ? Lui, l’homosexuel convaincu, le pédophile assumé, comment avait-il pu ressentir ces summums de plaisir qu’il venait de découvrir ces dernières nuits ? Les sensations nouvelles, les mouvements des corps plus subtils, les organes plus tendres, tout différait de ce qu’il connaissait. Rien que de laisser ses mains parcourir la peau féminine lui avait procuré de douces ondes qui aidèrent sa virilité à surgir, fière et impatiente.
Haletant à une heure nocturne, il s’en était ouvert à elle alors que les draps froissés aux relents de musc et de transpiration reposaient à même le sol, laissant les deux amants reprendre leur souffle avant une nouvelle joute.
Comment puis-je… c’était bon au-delà de mes souvenirs, Calande ! Pourquoi ? Comment ? Vous êtes une femme et pourtant je suis attiré comme jamais…
Tu avais oublié l’Amour, Angilbe. Simplement. Le désir seul ne peut suffire.
Inutile d’ajouter plus, les instincts primaires reprirent la parole dès les derniers mots de la jeune femme. Oui, l’amour. Il avait pourtant aimé Fabio et même quelques mignons, durant un temps trop bref. C’était certainement plus qu’une simple question de sexe du partenaire. En tant que sa psychologue, Calande Rorré avait réussi à l’aider à dénouer les mailles de ses frustrations de jeunesse : la perte de Méhala, sa double sexualité, la douleur de la séparation d’avec son père et encore ignorait-elle ses liens avec Magnam IV. La femme Brune avait accepté ses déviances pédophiles, les qualifiant de « règles de la société qui ne devaient pas interférer dans le travail de compréhension » et cela aussi avait joué. Bref, il se retrouvait dans ces cas typiques de patient tombant amoureux de son praticien, à la différence près qu’elle l’aimait également en retour, et rien que cela tenait du miracle.
« Peut-être devrions-nous nous assoir avant de tomber de fatigue, Angilbe, ne crois-tu pas ? »
L’autre sursauta. Quoi, une fuite de réalité ? Non, c’était plutôt un moment d’éblouissement face à cette nymphe qui avait su ouvrir les portes de son cœur. Il se précipita pour lui présenter une chaise et s’assit en face. Sur un signe, un serviteur apporta l’incontournable thé au jasmin et, un second, le sucre et les cuillères. Poféus allait poursuivre la découverte de ce monde étrange en commençant sa première journée depuis longtemps sans café noir.
Un couple de mésanges-sauterelle vint caqueter à l’autre bout de la terrasse, ajoutant à l’atmosphère bucolique de ce petit déjeuner. Poféus avait eu quelques hésitations pour engager la conversation, mais ensuite, il put discuter sans difficulté avec sa vis-à-vis, dont l’appétit s’avérait par ailleurs remarquable. Elle se confia à lui en souriant.
Je ne veux pas que tu penses du mal de moi, mais les déjeuners du matin sont de loin mon moment préféré. Et les cuisiniers sont ici d’une rare qualité alors…
Mais servez-vous, ma chère. S’il n’y a que cela pour vous ravir, on pourra même demander des thèmes pour chaque matin : Tropicalien, océanique, Texos… Le chef me l’avait un jour proposé, mais je n’en avais pas vu l’intérêt.
La vie à deux apporte des sources de bonheur et de changement. Demain, je ne pourrai pas déjeuner avec toi, mais après-demain, un petit océanique me remplirait de curiosité… et d’appétit !
Tous deux rirent de bon cœur même si le contramiral ne put s’empêcher de se demander ce qui pouvait être plus important que leur relation. Paranoïa, jalousie ou simplement déception d’un amoureux transi ? De toute façon, il le saurait, car déjà du temps de leur rapport patient-praticien, une équipe des affaires mentales la suivait en permanence, autant pour sa sécurité que pour sa surveillance. La protection du ministre de la Sécurité était à ce prix, qu’Angilbe y croit ou pas, et la jeune femme l’avait explicitement accepté.
Donc tout allait pour le mieux.
Tu sais surement qu’un nouvel attentat des Mutualistes a eu lieu hier, c’était dans une ville tropicalienne. Je fais partie de la cellule de soutien aux victimes et mon avion décolle ce soir, mais je n’y resterai que vingt-quatre heures. Dis-moi, pourquoi ne peut-on arrêter tout cela ?
C’est un sujet secret, tu sais. Je ne peux pas en discuter avec toi. Disons juste que leur organisation est très cloisonnée. Ce n’est pourtant qu’une question de temps et ils finiront par tomber.
Je me suis souvent dit que… que certaines dispositions politiques, du genre plus d’ouverture pour les élections ou quelques touches de… démocratie plus horizontale pourrait empêcher des gens de… suivre les extrêmes.
Tu ne penses pas ?
Elle avait dit cela avec une grande prudence, cherchant ses mots, mesurant son ton et ses propos. Angilbe ne put retenir un sourire qu’il dissimula en s’essuyant la bouche : le dossier sur sa jeune amante mentionnait clairement ses idées politiques et il savait parfaitement que, s’il voulait la garder à ses côtés, il n’avait pas d’autre choix que d’aborder ces sujets. D’ailleurs, ses réponses étaient déjà toutes prêtes.
Je suis d’accord.
Ah bon ? Je… je ne m’attendais pas à cela.
Disons qu’on abordera cela un jour ou l’autre entre nous. Peux-tu me rapprocher le pot de confiture, s’il te plait ?
Le contramiral étala une large portion de la gelée sucrée sur un morceau de pain et croqua généreusement dedans.
disons que… pour déminer une situation, parfois il faut savoir donner des… des… comment dire ?
… des gages ?
C’est cela, des gages… Après tout, la révolution a eu lieu et, une fois que le nouveau chancelier suprême sera élu, il sera temps d’appliquer des modifications en profondeur du système.
Tu avais déjà réfléchi à tout, n’est-ce pas ?
Pour vivre, ce qu’il me reste, à tes côtés, je ne reculerai devant aucun effort. Sincèrement.

Un voile de tristesse passa devant les yeux de Calande Rorré. Angilbe, lui, était simplement heureux qu’ils soient tous deux attablés, ici et maintenant.


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Prod: PodShows,
Réa: Raoulito,
Relecture: Kwaam, JMJ
narration: Anna,
Acteurs: Poféus: Pof, Calande: Coupie
Derush : zizooo,
Compo: Ian, Cleptoporte,
Montage: Raoulito

morceau musical de fond: Les choeurs de l'armée rouge "Korobelniki"

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