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A bord du transporteur n°2, l’évènement tant redouté était arrivé. Dans un rapport préliminaire urgent, le lieutenant-colonel Onawane avait été informé qu’il ne restait, au plus, qu’une dizaine d’heures avant la rupture de stock totale de calmants et anesthésiques. On y expliquait clairement que la panoplie complète des produits utilisables avait été testée et, si possible, consommée. Plus de quatre cents malades se trouvaient dans le centre de soin, et chacun allait devenir un fauve d’ici quelques heures.
Cette fois-ci, elle ne venait plus rendre une visite de courtoisie. Onawane marchait à la tête d’une troupe de commando accompagnée d’un détachement de la milice. La mission était simple : sécuriser la zone de l’hôpital d’urgence, la vider de tout le personnel médical et… sceller les entrées. Vernek pourra faire toutes les récriminations qu’il voudra, il n’était pas ici, au beau milieu d’un drame en devenir. Blame et ses équipes n’avaient pas trouvé de remède permettant de baisser les concentrations ou les effets de la liqueur de Lamprasine, et pourtant le médecin avait travaillé sans relâche les soixante-douze dernières heures. Le chronomètre ne s’était pas arrêté pour autant, et on en arrivait à la fin. Peut-être qu’un jour on saura pourquoi la Passe interagissait avec la molécule, quels effets induits les malades ressentaient, comment on pourrait les soigner ? D’ici là, ses miliciens fouillaient tous les lieux de culte Octote, à la recherche de la plante nouvellement interdite à bord du transporteur. Dans le doute, on allait jusqu’à sceller des places, assurer des rondes de garde, procéder à des analyses et confisquer à tout va. Mieux valait une demi-tonne de sirop de chêne-érable en trop qu’une seule fiole de liqueur manquée. Le résultat en avait été spectaculaire : seuls deux nouveaux cas avaient été rapportés le jour précédent et pas un seul aujourd’hui malgré l’heure tardive.
En vue de la grande porte blindée, Onawane stoppa net. L’équipe censé être de garde avait été refoulée et, devant elle, le docteur Blame, tout le personnel infirmer et de nombreux civils bloquaient l’entrée. Ils s’étaient tous attachés les uns les autres avec des menottes, des cordes, des élastiques. Evidement, à bord, tout le monde se surveillait et le médecin en chef avait eu vent de son arrivée.
« Ne faites pas cela Commandant ! Ce n’est ni une solution, ni un espoir de solution ! Cria-t-il à l’intention de la jeune femme.
- Libérez le passage Docteur Blame. Je ne suis pas venue parlementer, vous connaissez aussi bien que moi la situation.
- Oui je la connais bien ! Nous pouvons trouver des méthodes pour rationner un peu plus encore nos injections. Il y a de nombreuses substances que les habitants de ce transporteur possèdent dans leur pharmacie et qui pourraient nous être utile. Ce n’est PAS une fatalité ! »
Le commandant observa la scène. Ils étaient nombreux, et tous attachés. Pour les déloger, il faudra une action bien au-delà de ce que les troupes qu’elle avait amené avec elle pourraient réaliser. Chuchotant quelques mots à un sergent à ses cotés, elle le laissa partir en courant tout en s’avançant vers le groupe barrant le passage. Derrière elle ses hommes se mettaient en place, s’alignant arme au poing.
Un dédoublement furtif de la scène la prit au dépourvu. Tout tourna moins que l’espace d’une seconde puis revint dans l’ordre. Maudites distorsions sauvages.
« Docteur, je ne suis pas là pour discuter le sujet. Je vous donne une minute pour commencer à évacuer ou nous serons obligés d’utiliser la force.
- Allez-y Colonel, ne vous gênez pas ! Envoyez-nous vos chiens de guerre, je suis certain que cela intéressera les journalistes qui nous filment en ce moment. »
Dans la direction indiquée par le médecin, on pouvait voir plusieurs caméra qui filmaient sans doute en direct, retransmettant la scène vers les deux transporteurs. Vernek était certainement déjà en train d’essayer de la joindre. Faire saisir le matériel et arrêter les journalistes ? Difficile à justifier, même si l’idée lui plaisait bien. Non, ce rusé de Blame avait bien calculé son coup, et il ne restait plus beaucoup d’options. Elle s’approcha de lui, faisant un geste d’apaisement aux soldats derrière elle.
« Que voulez-vous ? Vous savez bien que les solutions que vous proposez reposent sur des hypothèses et des suppositions. D’autres malades arriveront encore les prochains jours, malgré nos efforts. Ne devrait-on pas garder nos derniers stock pour tenter de les sauver eux, plutôt que de les dilapider avec des condamnés ? »
L’autre avait senti que la militaire tentait de trouver une solution sans heurts. S’il arrivait à la convaincre, ce serait gagné.
« Mon Commandant, il est de notre devoir à tous deux de protéger les exodés. Mourir entre ces murs de métal n’est pas une destinée acceptable pour eux, elle ne devrait pas l’être pour vous non plus ! Dans huit jours nous arriverons à destination, huit petites journée avec un nombre de nouveaux malade qui sera très réduit.
Les réserves d’opiacés de notre vaisseau ne sont pas une hypothèse, déjà on m’a rapporté une caisse de morphine cachée chez une famille de drogués. Elle peut nous faire tenir une demi-journée supplémentaire, à elle toute seule !
- Et après ? Quand on ne trouvera même plus un sucre à diluer dans les poches de glucose de vos patients, qu’arrivera-t-il ? »
L’autre avança d’un pas, son visage à quelques centimètres de celui d’Onawane. Baissant la voix d’un ton, à la limite du chuchotement, il ajouta :
« Je sais que vous avez mobilisé les quelques caisses de gaz incapacitant de l’armurerie. Correctement utilisées, nous pourrions gagner plusieurs jours encore. C’est possible, Commandant ! »
L’expression du lieutenant-colonel changea subtilement. Le praticien savait qu’elle avait confiance en lui, il jouait là-dessus. Et on ne pouvait décemment pas mettre en danger tout le personnel médical avec une attaque en force. Surtout pas sur ce vaisseau, pas après ce que tous avaient vécu ici.
« Je vais vous donner quelques jours supplémentaires Blame. Ne les gâchez pas. » Se retournant vers ses troupes, elle ajouta. « Arme aux pied, formez deux rangées, sécurisez le couloir. ». Puis elle s’éloigna.
Le Docteur Blame se précipita pour ouvrir ses menottes, montrant l’exemple à tous les manifestants :
« Le commandant nous donne un sursit ! Libérer le passage, nous avons du travail ! »
Une nouvelle distorsion fit apparaitre fugitivement un soldat masqué courant vers eux, il s’évanoui dans l’éther presque aussi vite. D’abord surpris, tous rirent de bon cœur devant l’apparition. Il fallu plusieurs minutes pour que tout le monde soit détaché, et encore plusieurs pour que le groupe entier se soit dispersé. Déjà le médecin et ses assistants se dirigeaient vers le laboratoire, échafaudant des théories tout en marchant.
Les premières grenades lacrymogènes fusèrent alors dans les corridors, immédiatement suivies de soldats et miliciens en masques à gaz. Dès les premières secondes, un détachement de cinq militaires les plaquèrent au sol et ils furent trainés vers la grande sortie. Ses yeux le brulaient, la fumée incapacitante prenait à la gorge tout le monde et des scènes semblables se déroulaient dans tout l’hôpital d’urgence. La résistance était faible, ridicule : que pourraient faire des infirmières ou des médecins en plein brouillard lacrymogène, face à des soldats entrainés et bien équipés ? Tout le monde était prit au dépourvu. À l’extérieur de la zone médicale, on avait fait avancer une série de véhicules de transport, destinés à l’évacuation. Devant celui où l’on emmenait Blame, se trouvait Onawane. Martiale.
« Vous.. vous m’avez dit que.. kof !… un délai… kof ! » tenta-t-il de bredouiller au milieu de ses larmes et de ses poumons brulant.
« J’ai menti Docteur. La sécurité de ce transporteur est en jeu, il n’est pas question d’honneur ou de parole. Vous comprendrez peut-être un jour. On vous a assigné un nouveau centre et une section spéciale s’occupe en ce moment du contenu de votre laboratoire. Nous nous reverrons plus tard. Allez-y ! »
Et les deux soldats qui maintenaient le médecin le montèrent à l’arrière du véhicule, prenant bien soin de s’assoir de chaque coté de lui.
Onawane regardait les journalistes filmant la scène, avidement. Ils jubilaient presque. Qu’ils filment bien tout, et que le message passe clair et net dans toutes les communautés : l’ordre régnera sur le transporteur n°2, quel qu’en soit le prix.
Elle regarda sa montre : dans douze minutes, les équipes de maintenance arriveront pour souder l’entrée. Puis on évacuera tout le personnel non indispensable, et on apportera les redoutables cartouches de CX, un gaz militaire incapacitant.
Encore douze petites minutes…
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Prod: PodShows
Réa: Raoolito
Relecture: Icaryon, Arthur R, Adastria
Narration: Icaryon
Acteurs:
Onawane (Istria)
Dr Blame (Akira)
Compo: Ian
Montage: Bleknoir