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Vernek Junta marchait nerveusement en direction de son bureau, débordant de colère. Un évènement dramatique se produisait à quelques centaines de mètres et tout ce qu’il lui importait était que l’on réponde à ses appels.

Comment Onawane pouvait lui faire cela ? C’était la première fois qu’une telle chose arrivait. Elle était sa soeur, ils avaient connu une réelle complicité, que ce soit avant ou après la mort de leur père. D’accord, il lui avait caché l’existence des artéfacts et de l’appareil inconnu, mais c’était à la demande du général Décembre. 

Junta tourna sans réfléchir à l’angle du corridor menant à son bureau. Il manqua de tomber à la renverse en traversant son propre fantôme qui reproduisait une scène antérieure d’une trentaine de minutes. Sauts temporels et distorsions sauvages étaient de plus en plus fréquents ces dernières heures. Non seulement cela posait des problèmes pour la sécurité des artefacts, mais c’en devenait même horripilant en soi : un de ses hommes était tombé à la renverse en voulant s’assoir sur le « fantôme » de son fauteuil qui avait été déplacé un peu plus tôt. Certes, ces mirages n’étaient pas dangereux en tant que tels, mais ils touchaient le moral de l’équipage… et le sien. Il traversa la porte hermétique de son bureau et referma derrière lui. Vivement que cette traversée de la Passe se termine, entre Onawane qui prenait des décisions irréfléchies et ces distorsions de…

Il stoppa net et tendit l’oreille. Il reconnaissait le silence de son bureau habituellement brisé par le tic-tac régulier de l’horloge, mais désormais autre chose le troublait. Il ne pouvait dire quoi, car l’atmosphère y avait progressivement évolué ces derniers jours. Toutefois, son sixième sens lui hurlait désormais la présence d’un danger. En était-ce vraiment un ? Non… c’était différent. Il avança prudemment jusqu’à son fauteuil, épiant tout recoin un peu sombre, scrutant chaque position d’objet. Quelque chose avait changé, il en était convaincu à présent, et les rayons de lumière de la lucarne, témoins des passages de dimensions durant les transitions, ne faisaient qu’exacerber les ombres menaçantes de la pièce. Il s’assit prudemment sur le cuir épais qui l’accueillit comme à son habitude. D’un geste lent, il activa la petite lampe du bureau et attendit, les yeux fermés. Que se passait-il ?

Il ouvrit les yeux : toute la pièce sembla se dédoubler, comme une télévision mal réglée, déformant l’espace puis… plus rien, tout redevint à nouveau trompeusement normal. Encore une distorsion. Pris d’une intuition, il se retourna face à l’horloge de son père. Elle égrenait les secondes, comme toujours. Son tic tac régulier rythmait imperturbablement la vie de cette pièce depuis plusieurs mois maintenant. Rien d’anormal ici non plus. Revenant vers son plan de travail, Vernek se sentait désemparé. Etait-ce un effet des spasmes du Temps que leur offrait Magellone ? Personne ne se trouvait ici avec lui, rien n’avait bougé, tout était parfaitement à sa…

Brusquement il se retourna à nouveau face à l’horloge : quelque chose avait bel et bien changé ! Il venait seulement de réaliser que la photo de son père, de sa sœur et de lui n’était plus là. La poussière n’avait pas bougé, on voyait parfaitement la trace laissée par le rectangle de papier.

Un nouvelle distorsion sauvage, violente, traversa le vaisseau. Le siège de Junta glissa, ou était-ce lui qui s’était déplacé ? Il tomba lourdement sur le sol et l’impact fut douloureux sur sa hanche. Les distorsions empiraient.

« C’est cela que tu cherches, Vernek ? »

À quatre pattes, Junta releva la tête. Debout devant lui se tenait un homme en costume sobre, une chemise blanche entrouverte. L’odeur de pipe titilla les narines du politicien, la voix fit tressaillir ses tympans. Les yeux de Junta s’agrandirent, incrédule. L’autre tenait dans ses mains la petite photo, son regard était humide sous le coup d’une grande émotion.

« Cette période de notre vie me manque, tu sais ?


  • P… papa ?

  • À ton avis ? Relève-toi grand nigaud, laisse-moi t’aider.

  • Mais comment..? Les illusions de la Passe… tu n’es qu’une illusion de mon esprit.

  • Oui, si tu veux, maintenant attrape ma main. Voilà.. hop ! Tu as pris du poids, tu n’es pas une illusion toi en tous cas ! C’est bon de te revoir. »

Le politicien détailla le visage de l’homme qui prétendait être son père. Il glissa ses doigts sur ce visage dont les traits ressemblaient tant à ceux de ses souvenirs. L’autre se laissa faire, fixant à nouveau la photo. Ses yeux se baladaient sur l’image au rythme des battements de l’horloge.

« Ta sœur n’en fait qu’à sa tête comme toujours ?


  • Papa, je… je… je ne sais pas quoi dire. »

 

L’autre sourit, posa la photo sur la table et se dirigea vers le petit meuble à coté du canapé. Il en sortit une flasque de whisky ainsi que deux petits verres et s’installa dans les coussins moelleux. Pas un mot, juste un regard d’invitation.

« Qui que soit ce bonhomme, il connait parfaitement bien toutes les mimiques de mon père. » Se dit Junta en allant prudemment s’assoir aux cotés de son invité, proche de la trappe cachée contenant revolver et chargeur.


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Prod: PodShows
Réa: Raoolito
Relecture: Icaryon, Arthur R, Adastria
Narration: Andropovitch
Acteurs:
Junta (Arthur)
Père de Junta (Tristeur)
Compo: Ian
Montage: Numa