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La plupart des voyageurs de l’espace craignent, à juste titre, les pirates. On les sait affamés de richesses et prêts à tout pour les obtenir, ne reculant devant aucune action d’éclat ni aucune bassesse. Certains, plus lucides, savent également leur reconnaitre une rare témérité, une absence de peur qui fait d’eux des êtres d’exception.

Et encore sont-ils loin de la vérité…

Igor se tenait droit, serré dans sa tenue isolante contre les chocs thermiques, devant l’ouverture béante, à l’arrière de leur vaisseau. Il se trouvait à la quasi verticale de trois appareils cargos traversant la haute atmosphère de leur planète d’origine. Derrière la verrière de son casque, pas de toute première jeunesse, il pouvait distinguer la longue trace cristalline que la condensation laissait derrière les réacteurs au lithium à pleine poussée. C’était le point à éviter à tout prix, sous peine de se retrouver instantanément carbonisé. Au pire, si on ratait sa destination, on pouvait toujours venir se faire récupérer par la navette de secours qui sillonnait la zone, sous réserve que l’attaque se soit bien passée et que le suspenseur accroché dans leur dos, ou la combinaison, ne lâche pas.

Le convoi venait de décoller depuis une grosse poignée de minutes, et c’est lors des sorties d’atmosphères que les communications d’un engin sont les plus perturbées, voire inexistantes. Cela ne dure pas longtemps, mais c’est suffisant pour des pirates. L’autre avantage du lieu était que la présence d’atmosphère, même ténue, évitait les effets de dépressurisation forte, facilitant la progression en intérieur.

« Igor, on vise le troisième, j’y serais avant toi, petit frère !

Misha, ne fais pas comme si je n’allais pas vous griller tous les deux sur le poteau, comme toujours ! À tout à l’heure les peureux ! »

Répondit perfidement Esfir, dans la radio. Et sans préavis, la jeune femme s’élança et se jeta dans le vide, déclenchant l’attaque. Misha se précipita, suivi de tous les autres. Déglutissant, Igor plongea à son tour.

À cette altitude, si le frottement de l’air est négligeable, pour de petites surfaces comme celle d’un humain, la gravité céleste, elle, ne l’est pas. La chute est rapide, directe, sévère : seuls les petits compresseurs à air des suspenseur donnent un simulacre de contrôle à la chute. Tout le groupe, composé d’une trentaine de boucaniers, fondait sur le dernier cargo, il était la proie. Concentré sur sa descente, Igor nota pourtant les premiers petits flashes blancs, regroupés vers l’arrière de la zone d’atterrissage, si ce mot avait un sens pour une chute à cette vitesse. L’antimatière est une substance strictement interdite dans tout l’univers connu et, de tous temps, les rois de MaterOne en avait régulé la production et la dissémination. À trop forte dose, quelques grammes, elle pouvait fendre une planète en deux sous l’apparition d’une singularité dévorant tout. Pourtant, elle était couramment utilisée dans les cas précis d’actes de piraterie.

 

Choc…

Rebond…

Choc à nouveau. Les puissant électroaimants tinrent bon. Igor se trouvait un peu à l’écart, mais il était à destination et en un seul morceau, c’était le principal. Il sorti immédiatement laraignée, le surnom des ogives particulières aux pirates. Une fois posée, elle dépliait ses pattes et s’éloignait à distance respectable des porteurs de balise de reconnaissance. Puis, elle mettait en contact son millionième de gramme d’anti-matière avec la coque du vaisseau. D’où les flashes blancs que l’on apercevait de loin. Pénétrant la coque au travers de la paroi parfaitement découpée, Igor s’efforça de ne pas se souvenir des histoires de mauvaise dosage d’anti-matière dans les araignées, et de leur résultat apocalyptique. Épée dans une main, arme automatique dans l’autre, il courait dans les couloirs, faisant exploser les sas, prêt à abattre toute personne sur son chemin. Enfin presque, disons qu’Igor était sélectif, et ne répondait qu’aux attaques. Un son discontinu, en stéréo dans le casque, le guidait vers les autres balises, donc vers ses camarades. Évidement, l’objectif, une fois entré, était de se regrouper et d’attaquer la salle des machines. Les deux en même temps, parfois cela relevait du ch…

Il percuta un jeune matelot sortant d’une coursive qu’il n’avait pas vu. Tous deux tombèrent à la renverse, Igor en lâcha son automatique. Même s’il n’était pas le meilleur des bretteurs, il n’en demeurait pas moins entraîné au combat : roulant sur lui-même pour amortir sa chute, il se remit sur pied alors que l’autre se précipitait vers l’arme au sol. N’hésitant pas une seconde, il lui lança l’épée dans les jambes, se jetant à son tour sur l’automatique. Le temps que l’autre se relève, Igor était debout devant lui, le tenant en joue.

Le matelot leva les mains, se rendant. Inutile de chercher bien loin à déchiffrer son expression, celui-ci se pensait déjà mort. Igor n’avait qu’à appuyer, c’était si simple. Le jeune homme devant lui avait, au plus, vingt-deux ou vingt-trois ans. Si peu de différence avec son propre âge.

L’écho d’une explosion leur arriva aux oreilles, les combats faisaient toujours rage et la direction des bip-bip était évidente. D’ailleurs ils se rapprochaient, mieux valait se dépêcher. Tout en tenant en respect son vis à vis, Igor lui intima l’ordre de reculer. Il récupéra alors son épée sur le sol et abandonna le matelot tremblant, reprenant sa course dans le couloir principal.

Un peu plus loin, devant un important sas fermé, Igor saisit une de ses dernières araignée, et allait l’activer lorsqu’une rafale de mitrailleuse décrivit un cercle juste au-dessus de lui. Se jetant à terre, il se prépara à riposter… mais c’était inutile.

Le jeune matelot qu’il venait d’épargner se tenait devant lui, hoquetant, du sang coulant de sa bouche… Les yeux écarquillés, il serrait encore son arme fumante, mais ne touchait plus le sol, tenu en l’air par la pointe de la hache de Misha. Tandis que le garçon expirait, le demi-frère d’Igor ne cacha pas sa désapprobation :

« IGOR ! Quand est-ce que tu vas apprendre à surveiller tes arrières ? Ce gamin allait te dégommer comme un lièvre-tourterelle et tu y serais resté sans même comprendre ce qui t’arrivait ! »

Un dernier sursaut, et la tête du jeune ne bougea plus, les yeux encore grands ouverts.

« Un peu comme lui, quoi… Tsss… Bon allez, viens et reste prêt de moi. Y’a des mécanos qui refusent d’y rester gentiment, on a besoin de nous par là. »

Secouant son arme, il laissait le corps glisser sur le sol et indiqua une coursive secondaire. Igor le rejoignit, attardant son regard sur le jeune homme mort.

« Tu veux sa photo ? Viens plutôt voir Esfir. Elle est en pleine forme aujourd’hui et ferraille comme une diablesse, plus belle que jamais.

Misha… Merci.

C’est rien. Mais par l’enfer, fait attention, d’accord ? »

Et ils s’élancèrent vers les bruits de la bataille.

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Prod: PodShows
Réa: Raoulito
Relecture: Arthur R, Icarion
narration: Anna
Rôles:
Esfir: Kanon
Misha: Zylann
J.F.Hill: Raoulito
Compo: Ian, cleptoporte
Montage: Ackim