Télécharger l’épisode⎮⎮ S’abonner

L’heure du grand départ avait sonné.

Était venu le moment des séparations, les regards humides croisaient les adieux plus démonstratifs tandis que d’autres voyageurs observaient le fond de l’univers, le cœur ouvert à l’avenir.

Pour l’occasion certains sas d’accès et certains hublots avaient été ouverts, on avait même laissé toutes les massives portes des hangars béantes, augmentant de fait le chaos des adieux.
Phil terminait d’installer ses affaires et son chat dans sa cabine: en tant qu’officier il avait droit à une cabine personnelle, quelque peu étriquée, certes, mais largement suffisante pour Vivagel, celui-ci nécessitant surtout la présence d’une moquette, d’un lit et d’une télévision! Il sourit en se demandant quelles genres de rediffusions allaient être proposées durant le voyage? Vivagel deviendrait-il un amateur de vieux téléfilms ??

Par la verrière principale, sur l’avant du vaisseau on pouvait apercevoir la tribune officielle, où le gouverneur de la province ainsi qu’un ministre inconnu prenaient place, accompagnés de leurs valets et conseillers..
D’ici une heure ou deux ils allaient tous lire leurs discours, probablement félicitant les courageux pionniers allant installer la race humaine à des distances encore jamais atteintes par des civils, leur souhaitant bonne chance…
..et surtout bon débarras!!
Ce qui était en train de devenir un système dictatorial ne pouvait que se réjouir du départ simultané de tant d’opposants potentiels! Il était probable que des espions ou des pièges avaient été installés à bord des vaisseaux, il allait falloir les trouver et les neutraliser. Peut-être des balises ou des bombes qui sait? Il fallait être pragmatique: même contents de les voir partir, les futurs dirigeants de Mater One avaient très certainement pris des précautions, et c’était également une partie de la responsabilité de Phil de veiller à la sûreté des matériels et à leur bonne tenue..

Quatre heures plus tard, les discours avaient pris fin. Le commandant Benkana ordonna la fermeture des orifices et le passage en atmosphère artificielle du vaisseau.
Pendant que les gigantesques panneaux des hangars se fermaient, un groupe de jeunes filles en tenues traditionnelles secouaient de petits mouchoirs blancs, signes de bon voyage, ou d’enterrement suivant sa culture..
L’Orquestre Philharmonique de la province joua un air pompeux, duquel était, dit-on, inspiré le futur nouvel hymne planétaire de Mater One, une manière simple mais peu subtile de congédier les candidats au départ.