Télécharger l’épisode⎮⎮ S’abonner
La haine.
La douleur.
La peur.
L’odeur du sang.
Les injections..
Mais encore plus: LA HAINE TOTALE.
Stuffy était avachi sur le bloc en ciment servant de lit au fond de son résidu de cellule. Tout était humide, la prison elle-même se trouvait en bord de mer, et au 20eme sous-sol les infiltrations d’eau était encore courante.
Pas de lumière, juste la lueur du néon bleu métallique au milieu d’un long couloir.
Au loin un râle..
Puis plus rien. Sans doute un prisonnier qui venait de se réveiller, réalisant que son cauchemar se trouvait dans la réalité et pas dans le monde des songes.
Amorphe, le cerveau de Stuffy commençait à émerger des brumes vaporeuses dans lesquelles le sérum qui lui était administré le plongeait régulièrement.
Stuffy est un Mental, un être capable d’agir sur les esprits des autres à courte distance, d’entendre les pensées proches, de ressentir de l’empathie pour des émotions d’êtres lointains. Stuffy est également un membre des forces de sécurité de Mater One, un agent actif rompu à de nombreuses techniques de combat, un des meilleurs homme de la redoutable Section 9 du service de sécurité de l’armée, sous les ordre du Contre-Amiral Pofeus.
Mais pour bien comprendre le personnage il faut ajouter que Stuffy est un mutualiste, un utopiste qui pense qu’un modèle de société basé sur le profit n’ira jamais aussi loin qu’un autre basé sur le partage. Un militant parmi les gardiens des clefs de l’ordre établi.
Cela l’avait récemment rapproché de celle qui troublait son sommeil depuis qu’il l’avait rencontré. Ses pensées les plus profondes, les plus intimes et les plus cachées recelaient une femme habillée de gaze blanche, dansant sur elle même dans un moment unique de magie musicale.
La Princesse héritière de l’ancienne monarchie de Mater One: Azala.
Elle était partie, lui laissant quelques clefs de son réseau, avec pour mission de faire parvenir des informations sur la situation le plus longtemps possible, et de promouvoir ses idées, qui deviendrait peut-être un jour un mouvement politique capable de balayer les dictateurs ayant pris en otage la Révolution Castiks pour leurs propres profits..
Quand le Lieutenant Ralato était venu l’arrêter à son bureau, Stuffy n’avait eu le temps de ressentir qu’une chose avant la première injection paralysante: “Dénonciation”
Il avait été vendu par quelqu’un, un traître de l’intérieur. Un autre du réseau Azala? Peu probable.. Un mutualiste? Difficile à concevoir tant cette organisation était compartimentée..
Dans le couloir, de nombreux pas approchaient. C’était l’heure de l’injection, et Stuffy tenta de donner son maximum de volonté pour reprendre le contrôle de son corps et se battre.
Il réussit seulement à tomber sur le sol, aux pieds de ses gardiens hilares:
-Alors le Mental, on veut se rebeller? Hoooo c’est bien les gars regardez: il a réussi à faire 60 cm en rampant!
Il se senti soulevé puis rejeté sans ménagement sur la couchette dure et froide.
-Tu est une vrai charogne sale Mental, et plus que çà: tu es une vermine de Mutualiste. Les porcs comme toi ne méritent qu’une chose.
Ses pouvoir en semi-veille ressentait la haine que lui vouaient ses geôliers: Mutualiste, Mental.. Traitre! Tout pour se faire détester. Une étrange chaleur se diffusa alors depuis plusieurs endroits de son corps, suivi d’une odeur.. d’urine!
-On le mouille bien les gars! Si on n’a pas le droit de le frapper, on peut au moins l’aider à avoir bien chaud cette nuit Hahahah!
Stuffy nota qu’on était donc en soirée..
Puis une douleur lui perça la carotide, l’aiguille tournant un peu lançait des éclairs de spasmes sur tout le visage.
-Oups! J’ai dû enfoncer l’aiguille au mauvais endroit. Désolé monsieur le Mental, je suis trop maladroit. Et si j’envoyais le produit hein?
La douleur fut pire. Les muscles du visage de Stuffy se contractèrent involontairement en un rictus, un simulacre de plaisir que son bourreau remarqua avec amusement!
-Hê les gars, cette tarlouze aime çà! Regardez, je suis sur qu’il bande en plus! On devrait le foutre à poil pour voir.. ha bah non, il pue trop la pisse pour que je le touche.. Charogne va! Je te crèverais un jour..
Il retira la seringue violemment, sans même désinfecter la plaie puis se retourna avec ses deux adjoints vers la porte.
Il l’ouvrit, commença à marcher.. Poursuivi son chemin et… Recula vers la porte à l’envers!
-Bon Dieu mais qu’est ce qu’il se passe?
Il tenta de se retourner mais il ne put rien.
Une voix dans sa tête lui fournit une indication.
“La prochaine fois que tu veux prendre ton pied contre un Mental, ne te trompe pas: injecte-lui son sérum, pas un fortifiant rapide.”
La porte se referma devant lui, loin, très loin, immensément loin…