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La lune perçait au travers de la pénombre par d’infimes traits de lueurs éclaircissant ici une touffe d’herbe, ici une souche d’arbre..
Stuffy progressait au coeur de la forêt, à la suite d’un homme vêtu tel un bucheron, qui déambulait au travers des feuillages et des taillis comme s’ils n’existaient pas. La quarantaine, un visage bourru d’homme rude au corps taillé dans le bois, le bucheron était un agent mutualiste, le contact envoyé à Stuffy en réponse à un message d’aide laissé sous un pont dans une fissure du béton bien précise.
La réponse avait mis un mois à se préciser, temps durant lequel Stuffy, sous sa couverture de clochard vagabond, puis de vendeur de glaces, puis de facteur, de policier, d’artiste gay, et même de vieille dame, avait parcouru les villes de banlieue, et suivi journaux et actualités ou partagé des discutions de troquets et de bars pour se faire à l’idée de l’ampleur du changement politique en cour..
Et il y en avait.
Comme prévu, l’Etat lâchait tout le secteur publique, le bradant aux compagnies ou consortiums privés planétaires voire interplanétaire, charge à eux de s’occuper des transports, de l’éducation supérieure, de la gestion des ressources naturelles, de la recherche ou des services sanitaires et sociaux.
Par contre la sécurité et l’armée, ainsi que la fiscalité étaient renforcés!
Au détour de quelques brèves extraites sur le réseau pla-NET, il avait apprit que certains chantiers spatiaux étaient devenus, en moins d’un an, des zones militaires de constructions de frégates et autres croiseurs de toute sorte! Quand un journaliste curieux, espèce devenue très rare, s’en étonnait, on lui répondait que la piraterie était devenu un tel fléau qu’il fallait prendre des mesures!
Et la population faisait semblant d’y croire….
Le sentier montait depuis deux heures et la pente s’accentuait. Malgré son entrainement, Stuffy commençait à éprouver de sérieuses difficultés pour suivre le rythme imposé par son guide. Certes on ne parlait pas, pour raisons de sécurité, mais il doutait que la montagne de chair devant lui ait su tenir une quelconque conversation !
Un coup d’oeil à sa ceinture: l’homme était évidement armé, un fusil de chasse et une hache dont le manche usé et certaines taches laissaient deviner qu’elle ne servait pas qu’à couper du bois.
Une pierre cachée par une branche le déséquilibra et il tomba à plat ventre sur l’humus. Grognant il allait se redresser mais une vive lumière rouge brilla au coin de son oeil. Tournant la tête il découvrit un faisceau infrarouge qui partait de la base d’un taillis. Invisible pour un marcheur ordinaire, il signalait la présence d’intrus, mais, par effet boomerang, la présence d’un endroit secret bien protégé.
On approchait.
Le bucheron n’avait même pas daigné ralentir sa progression, et Stuffy dû prendre sur lui de marcher bien plus vite pour le rattraper. Il l’avait pratiquement atteint lorsque celui-ci stoppa net, et Stuffy percuta la tête la première le sac à dos rempli d’outils métalliques!
Il recula sous le choc, grommelant en tenant son nez douloureux, mais se tût soudain: tout autour de lui des hommes en noirs étaient apparus, porteurs d’armes automatiques luisantes sous la lune et pointées vers lui.
“Nous sommes arrivés “ précisa laconiquement le bucheron.