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Elle l’avait dans son viseur: le ministre Benkana, mandaté par un certain “Conseil de la Révolution” pour gérer la remise en activité des zones dites “libérées”.

Ne pas réfléchir, être mécanique, logique.

La vie de son père dépendait de ce qui allait arriver maintenant!

Son père.. Cet homme qu’elle avait dans le viseur lui ressemblait étrangement. Etait-ce un effet de son imagination? Ils semblaient être du même âge tous deux, avec ce même regard d’homme bon et serein.

Elle respirait lentement, ciblant sa victime, le doigt sur la gâchette.

Ces idiots de rebelles étaient trop sûrs d’eux! Même loin en arrière des lignes de combats, ils étaient toujours en danger!

Chaque minute qui passait était une souffrance supplémentaire pour son père. Malgré ses efforts de concentration, elle ne pût s’empêcher de l’imaginer dans une cellule noire et humide de la forteresse Castiks, lui en proie à la maladie!

Elle s’essuya les larmes qui embrumaient sa vision, et se replaça en position de tir.

Une simple balle légère à pointe en titane, placée au centre de la cavité cérébrale suffirait…

Elle était placée en haut d’une colline, à trois kilomètres du ministre, en contrebas, qui sortait d’une réunion avec les autorités locales et se dirigeait vers sa voiture, entouré de quelques gardes du corps. La pluie s’était arrêté et le vent ne soufflait pas encore: le projectile ne dévierait pas.

Son père en prison..

Cet homme qui est un espoir pour MaterOne..

Non, qui fût un espoir.

Elle tira.

La dernière image qu’elle eut de Mr Benkana fut celle d’un homme surprit, un petit trou dans le front, qui descendait doucement hors de son champs de vision. Elle crut voir la mort de son père..

Quatre jours plus tard, une jeep l’amenait à la porte grillagée de la monstrueuse prison “King Castiks”, immense château en front de mer. Cela faisait maintenant huit jours que son père avait été arrêté, elle n’osait imaginer l’état dans lequel il était. Pourtant elle avait fait aussi vite que possible.

Un constable la guida au travers des bâtiments extérieurs, puis vers un escalier au pied de la citadelle où ils prirent un autre escalier en colimaçon descendant vers les sous-sols.

Elle ne fût pas surprise de retrouver son responsable hiérarchique installé dans le fauteuil principal d’un des bureaux attenant aux souterrains des prisons.

“Akowa! Nous avons eu les échos de votre mission! C’est une réussite sans égale!

-Mon Colonel.”

Zoé restait froide, fermée. Le sourire de son officier traitant s’évanouit, et il enchaina:

“Oui, votre père bien sûr! Venez Nous allons de suite le retrouver..”

Trois gardes les accompagnèrent au travers des dédales de cachots et salles d’interrogatoire. Le groupe passa devant des portes fermées où des cris inhumains retentissaient sur fond de grésillements électriques. Des odeurs de mort, de pourriture empestait l’atmosphère, et Zoé avait la sensation d’entrer plus profondément dans les entrailles de l’enfer à chacun de ses pas.

Les conditions de détentions de son père étaient pires qu’elle ne l’avait imaginé!

Le gardien en tête s’arrêta alors devant une cellule un peu moins sale que les autres et sorti un trousseau de clefs.

“Il est là Capitaine, vous pouvez le retrouver et le sortir de là maintenant..” lui annonça le Colonel en indiquant la porte qui s’ouvrait. Zoé entra doucement, et aperçu une forme allongée sur le sol dans un angle. Elle se précipita et, prenant la tête de la personne dans ses mains, découvrit le visage blême aux yeux vitreux de son père, un peu de salive séchée aux bord de ses lèvres.

“Il est mort hier Capitaine! Vous avez mis trop de temps !…”

La porte se referma violemment et la clef tourna dans la serrure.

Malgré la macabre découverte, la jeune femme se retourna doucement en se redressant, et saisi un petit tube dans la poche droite de son treillis. Ses yeux n’étaient plus que deux fentes mortelles..

Le fermoir de la lucarne s’abaissa, laissant apparaitre le regard blanc du Colonel.

“Vous n’auriez pas dû montrer de faiblesse envers la rébellion, Akowa, nous ne pouvons prendre le risque de laisser dans la nature un agent tel que vous. Votre efficacité est bien trop redoutable.!

-Mon Colonel, puis-je vous demander quelque chose?” l’interrogeât-elle alors d’une voix presque mielleuse

“Oui?”

Tel un cobra, elle porta le petit tube à ses lèvres et, calculant simultanément la trajectoire, souffla.

La petite pointe fila directement dans l’oeil de son officier traitant qui recula en hurlant alors que le liquide blanc de l’organe crevé coulait sur son visage.

“SALOPE!!! HAAAA!!.. Aidez moi vous autres!!! Mon oeil, je..je..”

Zoé attendait derrière la porte de sa cellule, comptant les secondes. Le poison avait atteint directement le cerveau, normalement tout devrait être déjà fini.

Et effectivement elle entendit que les geôliers trainèrent quelque chose sur le sol, paniqués à l’idée de ce qu’ils devraient raconter à leurs responsables..

La jeune femme retourna dans le fond de la pièce et, caressant doucement le visage de son père, elle se blottit contre lui, sachant pertinemment qu’elle le rejoindrait bientôt..

Mais cette nuit là fût un des moments les plus importants de la Révolution Castiks.

Zoé fut réveillée en pleine nuit par l’assaut, donné depuis les souterrains de la Forteresse, de la citadelle “King Castiks”.

Les soldats rebelles, échauffés par les horreurs qu’ils découvraient durant leur progression n’en furent que plus déchainés et ils massacrèrent la plupart des militaires présents.

On ouvrit les prisons pour chercher des survivants, et Zoé put apparaitre au grand jours, portant la dépouille de son père..

Plus tard, assise près du linceul dans lequel il fût inhumé, un fonctionnaire de la nouvelle administration lui demanda gentiment quel était son nom..?

“Je me nomme.. Ak.. Kérichi, Adénor  Kérichi Monsieur. “