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À très bientôt donc :-)
Le professeur QuartMac s’adossa contre un tronc pour reprendre son souffle. La voiture prévue était bien là, Manúel y avait veillé, comme toujours. La côte qu’il venait de gravir à pied, dans ce bout de jungle tropicalienne, l’avait vidé de ses forces, mais c’était nécessaire pour interrompre toutes les filatures, humaines ou électroniques. On l’avait peut-être vu pénétrer dans cette vallée avec un autre véhicule, il repartirait donc dans cette vieille camionnette, en sens inverse, par le sommet d’un versant.
Les jambes de QuartMac refusèrent de le porter jusqu’à la voiture, il se retrouva soudain paralysé. C’était malheureusement prévisible. Il prit appui sur l’arbre derrière lui, une espèce de palmier large plutôt bas de branches, frappant plusieurs fois le membre récalcitrant contre l’écorce rugueuse. La douleur entraina la production d’adrénaline et réveilla certains muscles moteurs. Le savant se remit debout et réussit à se mouvoir suffisamment pour marcher jusqu’à la voiture. Il tourna la clé de contact et elle démarra correctement, seule la boite de vitesse grinçait bizarrement lorsqu’on passait les rapports. En descendant le sentier de caillasses, QuartMac pria intérieurement pour que son corps tienne, le temps d’arriver à destination.
Trois heures plus tard, la camionnette passa devant une vieille pancarte qui indiquait la bourgade de Palaos Verde. C’était un gros village, typique de cette région, suffisamment évolué pour qu'on ne soit plus surpris par la présence de voitures, mais encore très traditionnel, avec ses péons au large chapeau de paille, profitant d’une sieste en ce milieu d’après-midi. QuartMac s’engageaentre deux maisons de tôles et de bois et se gara à l’abri d’une grange, loin des regards. Il traversa la cour où s’égaillaient quelques poules, poursuivies par une ribambelle de poussins, et pénétra dans l’arrière d’une épicerie. Manúel l’attendait au comptoir, toujours impassible, arrangeant quelque produit sous la caisse. Il lui offrit un petit signe amical, le vieux serviteur de son défunt frère était d’une fidélité à toute épreuve et il avait pu s’appuyer sur lui pour concevoir son laboratoire secret.
Quelque chose semblait pourtant troubler le gros homme : son regard fuyait, de la sueur perlait sur son front. QuartMac jeta un œil dans la boutique : une vieille hésitait devant un pot de marmelade et un jeune lisait des bandes dessinées, dans un coin. Rien d’autre, tout était commun et habituel. Le professeur mit sur le compte de la chaleur et d’une quelconque affaire privée, l’attitude de son homme de confiance : cinq enfants et une femme tropicalienne. Cela pouvait porter sur les nerfs parfois.
Sans insister, il retourna dans l’arrière-boutique, déplaça une caisse et… son bassin se figa à son tour. Pestant contre sa malchance, il héla Manúel. Le gros homme mit un peu plus de temps que d’habitude à le rejoindre. QuartMac lui expliqua le problème, après quelques formules de politesse, et le bonhomme lui débloqua les reins d’une clé précise, tel un professionnel rodé à l’anatomie. Il frappa ensuite l’angle du mur derrière la caisse et une trappe, dissimulée dans le sol, s'ouvrit soudainement. D’un coup de tête, il salua le professeur et, sans un mot, repartit au comptoir s’occuper de ses clients. Le savant regarda la trappe ouverte sur les barreaux d’une échelle qui disparaissait dans l’obscurité. Ce n’était plus de l’appréhension dorénavant, ses sens lui hurlaient qu’un danger le menaçait. Manúel n’avait pas pu s’empêcher de trembler en le manipulant. Lui, le dernier fidèle, était en train de le trahir. À bien y réfléchir, le jeune dans la boutique ne semblait pas tant absorbé que cela par son album et la vieille mettait trop de temps avec un seul pot en main.
Devant lui, l’obscurité l’appelait, tel le peloton d’exécution pour le condamné. Qui se trouvait derrière ce piège ? Comment avait-il su ? De toute façon, sans le contenu de son laboratoire, il n’avait plus que quelques jours d’espérance de vie devant lui. Quelle que soit la personne qui attendait en bas, il devait y aller. Le professeur prit une inspiration et s’enfonça dans l’ouverture.
Au pied de l’échelle, il cherchait à tâtons l’interrupteur lorsqu’il remarqua de la lumière dans son bureau, au bout de la pièce. Ainsi, on le prévenait d'un piège, on était suffisamment sûr de soi pour ne pas se cacher. Bien, inutile d’allumer, il voyait assez pour ne pas heurter quoi que ce soit et il n’avait pas envie de croiser le regard des tueurs sans doute dissimulés dans les recoins…
QuartMac longea quatre grands tubes de Plexiglas transparent, laissant sa main courir sur leur largeur, résultat de tant d’années de recherches acharnées. L’humidité des parois collait à ses doigts, conséquence de la condensation due à la différence de température entre l’extérieur et le liquide à l’intérieur. Elle entraina immédiatement un refroidissement de ses phalanges et celles-ci se figèrent. Il ne put même pas les replier une fois arrivé devant la porte de son bureau. Seule la lumière de sa petite lampe perçait la vitre opaque. Mutualiste ? Alpha aurait-il décidé que son savant en chef ne servait plus à rien ? Forces de sécurité ? Ce serait pire encore, quoique… Le contramiral Poféus pouvait avoir besoin de lui et de ses découvertes. Il poussa la porte.
Son fauteuil était tourné face au mur, dissimulant celui qui y était installé et dont on ne voyait qu’une chevelure coupée court. Mise en scène non mutualiste, ces gens-là ne discutaient jamais. Donc qui d’autre ? Ce léger parfum flottant dans l’air… des bonbons ? Caramel-melorange. Ce n’était plus trop à la mode de nos jours mais ça l’était, il y a plusieurs années. L’individu ne bougeait pas, semblant attendre.
De toute façon, QuartMac avait déjà deviné, inutile de jouer plus longtemps.
« Alors Ralato, comment vas-tu depuis tout ce temps ? »
Le fauteuil se retourna, laissant apparaitre le lieutenant Ralato Ouli, un sourire en coin. On croirait un enfant espiègle qui montrait avec fierté à son père sa dernière bonne note à l’école.
Mais très bien ! Professeur. C’est toujours un plaisir de vous revoir, quelles que soient les circonstances.
Je suppose que Manúel est le seul habitant de ce village qui ne soit plus un agent mental. Laisse-le partir, quoi qu’il ait fait pour moi, ce fut par fidélité. Je collaborerai, mais laisse-le… s’il te plait…
Ne vous inquiétez pas. Ce benêt n’a pas vraiment su rester de marbre, malgré ses efforts pour protéger sa famille. Mais les agents mentaux reconnaissent l’honnêteté, vous le savez très bien »
QuartMac souffla intérieurement pour le gros bonhomme, pourtant il se surprit à penser que le Ralato dont il se souvenait n’aurait pas laissé partir ainsi un témoin gênant. Son fils spirituel avait-il changé ?
Parfait, alors quel est le programme ?
Une discussion, tout d’abord. Votre ami nous a préparé du café comme vous l’aimez, on nous l’apporte en ce moment. Asseyez-vous donc.
Je resterai debout. Si je m’assois, je ne suis pas certain de pouvoir me relever. Je t’expliquerai.
Je pense avoir déjà trouvé la plupart des réponses dans ce laboratoire secret, professeur,
lui répondit-il en se levant.
Tout est Mutualiste ici, n’est-ce pas ? Leur symbole est partout.
Ralato entraina le vieil homme hors du local, vers le couloir et les quatre tubes. Son ami l’agent Stuffy, qui partageait son esprit depuis des mois, en profita :
Tu as vu son visage fatigué ? Et ses cheveux, il n’en reste pas la moitié !
Oui. Nos soupçons étaient fondés. Il se meurt.
Ralato permuta un commutateur derrière la porte et une lumière crue inonda la pièce, révélant plusieurs hommes en armes et le jeune à la bande dessinée qui descendait l’échelle, portant un plateau avec deux tasses fumantes. L’odeur âcre du café le précéda bien avant qu’il ne les eût rejoints devant les parois cylindriques.
Le jeune eut un sursaut : visiblement, il n’avait pas été prévenu de la présence d’humains flottant dans le liquide de chaque tube. Et tous ressemblaient, à s’y méprendre, au professeur QuartMac.
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Prod: PodShows
Réa: Raoulito
Relecture: Kwaam,JMJ
narration: Anna,
Acteurs: Quartmac: Drwolf, Raoulito: raoulito, Stuffy: Luciole
Derush : Zizooo
Compo: Ian, Cleptoporte
Montage: Ackim
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