Chapitre 9 « Pin’up » disponible en livres numériques !

L’Exode aborde la station Piñata el grande, lieu de tous les vices, plus connue comme « le point de plus éloigné de la civilisation dans l’univers connu. »
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J-0

Le lendemain matin, banlieue de MaterOne Centrum.

« Ici agent de surveillance. La cible se déplace, à vous de jouer »
Sur l’écran de contrôle en salle d’opération, un indicateur vira au rouge. C’était une petite flèche, entourée d’un cercle pivotant, le tout surmonté d’informations précises telles que vitesse, longitude et latitude, hauteur absolue. Elle se dirigea vers la voie rapide traversant l’est de la capitale et s’engagea dans un des chemins d’accès.
« Passez sur Ortho cinq et six. Je veux un Mental derrière chaque sortie. »
ordonna le responsable aux divers opérateurs qui transmirent l’information.
Dans une des ailes du ministère de la Sécurité, l’opération de filature monopolisait à elle seule une trentaine d’agents et une flotte de véhicules. Il s’agissait de connaitre la destination d’un petit camion de livraison, occupée par un groupe d’assaut Mutualiste qu’une longue et fastidieuse enquête avait permis de découvrir. Les ordres étaient clairs : le contramiral ne voulait plus entendre parler d’attentats dans la capitale et sa région. Cette priorité ne connaissait aucune exception et ses Mentaux n’avaient reculé devant aucune méthode pour obtenir des renseignements. Quelques heures auparavant, la chance leur avait souri : on venait de retrouver le cadavre récent d’un livreur de pain ; or son camion de livraison quittait le dépôt comme d'habitude.
« Agent de surveillance. La cible vient de passer en dessous de moi, je confirme la poursuite sur le tronçon central. »
La voie résonna dans la tête des intéressés. Telle était la force du Bureau des affaires Mentales, un réseau d’esprits qui communiquaient directement à d’autres esprits, des agents entrainés au combat comme aux filatures et bien sûr, un matériel de pointe à profusion.
Une moto de surveillance doubla la camionnette mutualiste, le pilote transmit son rapport à l’un des Mentaux dans l’orthoptère cinq, qui passa le message au préposé des transmissions. Ce dernier donna l’information directement dans l’esprit du responsable.
Alerte déplacement ! Une fourgonnette bleue s’est mise exactement à la hauteur de la cible. Des hommes sautent en route dans le nouveau véhicule.
Je veux un traceur sur cette nouvelle cible  ! Ortho Six, vous avez le feu vert.
L’ordre parvint à un des tireurs Mentaux qui, d’un geste précis guidé par satellite, planta un émetteur de la taille d’une épingle en haut du parechoc arrière de la fourgonnette bleue. Immédiatement, un indicateur apparut à côté du premier et reçut le matricule logique de « numéro deux ». À quelque distance tournaient deux carrés jaunes, c’étaient les deux orthoptères des Forces mentales et un peu plus loin, le rond du drone de liaison.
Le responsable resta concentré, les Mutualistes étaient malins. Sauter d’un véhicule à un autre, en roulant au beau milieu d’une voie rapide, n’était pas à la portée de n’importe qui. Ces gars n’avaient peur de rien et ne commettaient que peu d’erreurs. Il patienta, attendant de nouveaux rapports.
Certes, pour certains spécialistes militaires, ce mélange de liaisons psychiques et radio semblait représenter une perte de temps. C’était bien sûr une illusion de non-initiés. La révolution Castiks avait démontré, s’il en était besoin, comment les piratages informatiques et les impulsions électromagnétiques pouvaient désorganiser totalement des régiments entiers.
Pas de cela aux affaires mentales. Une liaison radio cryptée pour la longue distance, par drone volant, et le reste était discrètement et efficacement transmit par un lien psychique regroupant les agents concernés. La salle des opérations elle-même semblait flotter dans le silence que seuls les bruits de claviers perçaient par moment. C’était la marque des êtres supérieurs qui composaient cette caste.
L’orthoptère six envoya une image de la fourgonnette bleue qui s’éloignait maintenant de la cible. Un véhicule de fleuriste, étrange… Quelques pensées furent transférées de part et d’autre et on abandonna la poursuivre du camion de pain, focalisant la filature sur la fourgonnette. Le responsable se ravisa :
« Correction : Ortho cinq, restez sur la cible numéro un ».
Il n’était pas à court de moyens et ce camion pourrait se révéler intéressant pour la suite. L’indicateur numéro deux prit la première sortie vers la vieille ville où il passerait à nouveau sous la surveillance visuelle de la moto.
Probabilités. Je veux une liste des destinations possibles pour ces Mutualistes.
Voilà, Monsieur. Musée Magnam, presses et rotatives communautaires et… le marché central !
Neutralisation par le groupe d’intervention, allez-y. Envoyez un ordre en priorité absolue aux sections locales de police : fermeture des avenues principales et rues secondaires, ils ont trois minutes. Prenez le contrôle du système gérant la circulation, au besoin.
Quatre triangles jaunes entrèrent alors dans le schéma rapproché de la poursuite. Les commandos Mentaux allaient tomber sur la cellule Mutualiste avant qu’elle ne commette un nouvel attentat. On obtiendrait d’autres informations en fouillant les dépouilles et en retraçant l’historique de tout ce qu’on trouverait sur place : du bouchon du carburateur aux numéros des armes.
Les tireurs de l’orthoptère de poursuite se mirent en position synchronisée avec leurs collègues du groupe d’intervention. L’efficacité des Mentaux à l’œuvre.
Message d’un agent de surveillance depuis l’angle du boulevard : la camionnette ne contient que trois signatures psychiques !
Comment ? Caméra du drone, sur zone immédiatement !
Il avait crié sa réaction à haute voix, dérogeant à la règle qui voulait le respect du silence dans un centre d’opération Mental. Mais déjà, les tireurs faisaient feu, neutralisant le chauffeur et détruisant le moteur du véhicule, tandis que les commandos sautaient sur la fourgonnette qui glissait encore sur le bitume. Un des opérateurs, joystick en main, fit cabrer le drone de surveillance qui passa rapidement à la verticale, pointant des caméras thermiques et d'autres censeurs sur la scène.
Aucune erreur n’était possible : trois formes gisaient dans la fourgonnette tandis que les « opérations spéciales » grouillaient tout autour de l’épave. Mais où était la douzaine d’hommes qu’on leur avait signalés ?
« Ortho Six, répondez ! »
D’une pensée, tous les opérateurs suivirent son raisonnement et on recadra le schéma sur l’autre carré jaune à proximité de la première flèche rouge, toujours sur la rocade. Aucune réponse de l’orthoptère. On tenta les communications de toutes sortes, mais non, rien.
« Agent de surveillance, voie rapide sud. Une trainée de flamme est apparue dans le ciel, elle tombe sur un immeuble de bureaux ! »
L’indicateur rouge vira sur la dernière sortie et s’enfonça entre les bâtiments. Elle disparut du schéma en même temps que le carré jaune de l’orthoptère.
Ces salauds les avaient encore menés par le bout du nez, mais qui étaient donc ces gens ? Comment pouvaient-ils avoir toujours une longueur d’avance ?
Le responsable de l’opération avait des ordres clairs et n’allait pas lâcher prise si facilement : la cible n’allait pas loin, c’était certain.
« Probabilités. Quelles sont les destinations possibles ? »
Le système mit quelques secondes à calculer un résultat et les algorithmes finement conçus envoyèrent leur réponse sur le téléscripteur.
« Bon sang, Monsieur ! C’est… sur cette sortie, la principale cible, c’est le Palais du Conseil de la révolution ! »
L’autre s’autorisa une demi seconde pour absorber l’information et lança ses ordres, à voix haute comme mentale, l’heure n’était plus à ce genre de précautions.
« Que toutes les unités de suivi et d’intervention se dirigent vers le palais. Contactez la sécurité présidentielle, et… et ouvrez-moi immédiatement une ligne avec le contramiral Poféus ! »


Une bande son spéciale accompagne cet épisode pas ordinaire. Il s'agit en effet d'un clin d'œil/hommage à une scène mythique du superbe "Ghost in the Shell" de Mamoru Oshii que vous pouvez admirer ici même :https://www.youtube.com/watch?v=swmWZGgt4vk
Nous avons logiquement utilisé les deux morceaux musicaux de Kenji Kawai

  1. Nightstalker
  2. Floating museum

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