Chapitre 9 « Pin’up » disponible en livre numérique !
L’Exode aborde la station Piñata el grande, lieu de tous les vices, plus connue comme « le point de plus éloigné de la civilisation dans l’univers connu. »
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Une dizaine de corps gisaient alignés, empaquetés dans des sacs mortuaires. L’aspirante mentale Fakir vérifia une nouvelle fois l’identité de chaque cadavre avec sa liste, énumérant consciencieusement les numéros d’identification et les comparant, un à un. Les blessés les plus graves étaient déjà partis en orthoptère et, d’après les dernières informations, ils s’en sortiraient presque tous. Il s’agissait surtout des tireurs et des gardes répartis dans la forêt, ils avaient été soufflés avec elle. Le petite femme resta quelques secondes pensive devant l’alignement morbide, ses cheveux bruns mi-long ondulaient doucement dans la brise venue du sud.
Mais assez rêvé : on l’avait entrainée à ce genre de situation et c’était l’heure du rapport des fouilles. Sur le chemin de la grande tente blanche où l’on donnait les premiers soins, elle activa son communicateur. À une centaine de mètres de là, les excavatrices poursuivaient avec précautions leur travail dans le cratère, creusant et dégageant les gravas à la recherche des dernières personnes manquantes. On entendait les chiens des secouristes aboyer de temps en temps, noyés dans la poussière de béton omniprésente. Parmi les absents, le plus important était évidemment dans tous les esprits : le contramiral Poféus.
Ici Fakir, des nouvelles ?
Rien de neuf, mais nos senseurs sont bloqués par la dalle sous la résidence. Seul détail certain, un nouveau corps apparait à moitié en radiométrie, çà lui est tombé dessus, on sera sur lui dans… oui ? Et c’est… ? Bon, je viens… Excusez-moi, on me signale une sorte de faille dans le béton, je vais voir.
Parfait, tenez-moi au courant.
L’aspirante entrait sous la tente improvisée, se préparant à mettre à jour une seconde liste lorsque son communicateur vibra à nouveau.
Fakir.
Madame, venez vite ! C’est incroyable, on a un survivant ! Il répond aux coups sur les barres de soutien, on met tout le monde dessus !
J’arrive !
Elle n’osait y croire. Dans la résidence, personne n’avait survécu, c’était le centre de l’impact : le Lithium s’y était enflammé à des températures de plusieurs centaines de milliers de degrés, fondant la pierre. Un survivant, là-dedans ?
Elle enjamba plusieurs blocs moulés expulsés de leurs sculptures et descendit dans le cratère en direction des excavatrices. Presque tous les ouvriers s’étaient regroupés derrière une des machines et celle-ci levait lentement son puissant bras mécanique pour soulever une portion de dalle. Fakir manqua de glisser par deux fois, puis arriva enfin à la hauteur du chef de chantier. On la laissa passer et elle put contempler la scène.
Au milieu des chiens qui aboyaient, on extirpait de sous les décombres un des gardes, la tête broyée, mais le corps intact. Elle soupira :
Une fausse alerte…
Nan, Madame. Les coups viennent de derrière lui. Regardez la dalle, elle est à moitié fondue, un mètre cinquante de béton armé ! Sous l’impact, deux pans entiers se sont superposés et ce garde était une cinquantaine de centimètres trop en avant, il a reçu la partie avant qui… Écoutez !
Dong, dong…
Des coups résonnèrent le long d’un morceau de canalisation. À quelques mètres, un ouvrier répondit avec une grosse pierre sur le métal. Le chef de chantier motiva ses troupes, l’heure n’était pas à la contemplation.
Allez-y ! Douuuucement, tout doucement… Là, un bras qui bouge ! Il est couvert de poussière, mais il remue !
C’est une main âgée. Il n’y avait pas beaucoup de gens âgés parmi ceux qui étaient présents lors de l’attentat.
nota l’aspirante, emplie d’un nouvel espoir. On tira lentement la personne, rien ne semblait la retenir. Se pourrait-il qu’aucun membre n’ait été meurtri ?
Le contramiral Poféus inspira une immense bouffée d’oxygène quand on le sortit enfin entièrement de son abri de fortune. On le fit assoir et deux médecins l’examinèrent sommairement, vérifiant ses réflexes musculaires, l’intégrité de son squelette, sa tension…
L’aspirante Fakir apporta un verre d’eau tandis qu’on mettait une couverture sur les épaules du ministre. Il ne présentait que quelques blessures superficielles, mais un bilan complémentaire allait suivre sous l'abri. On l’installa avec précaution sur une civière, portée par deux infirmiers bien bâtis. Fakir n’eut pas besoin de sa formation de Mentale pour noter le respect visible des secouristes pour cet homme revenu de l’enfer. Ils étaient impressionnés et elle-même ressentait une certaine fierté de travailler sous les ordres de cet indéfectible survivant. Sur le chemin, elle put recueillir le premier mot que son chef prononça :
C… Caland.. Cal..
Amiral, ne forcez pas, il faut vous reposer.
CAL… CALANDE !
Je pourrai vous présenter un bilan sommaire quand vous serez…
OÙ EST… ELLE ?
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