« Hô, sublime Antigone ! » ( Chapitre spécial Révolution Castiks n°2 ) est disponible en livre numérique sur toutes les plate-formes et sur le site de Red universe !
La Révolution est en cours, mais marque le pas. Les troupes rebelles ont donc décidé de frapper un coup décisif : c’est désormais MaterOne Centrum, capitale de la planète qui est visée. Mais pour y parvenir, le Colonel JFHill, la Commandant Benkana et le jeune Capitaine Ange Caryon vont devoir accepter de très lourds sacrifices…
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Dans un éclair, Transporteur 1 apparut là où seul le néant de l’espace dictait auparavant sa loi. Une fois n’était pas coutume, l’appareil chauffa ses puissants propulseurs et s’ébroua en vitesse infraluminique, brulant chaque minute le Lithium nécessaire à une cité.
Cette zone, dans laquelle il pénétrait, perturbait les calculateurs sophistiqués qui déterminaient les trajectoires entre les dimensions lors des Transitions. Les opérateurs des systèmes embarqués affirmaient que le taux d’erreur s’accroissait dangereusement et ne permettait que des petits sauts. Entre les temps de charge et de décharge des Compresseurs dimensionnels, le vaisseau géant progressait donc plusieurs heures en propulsion standard, avant d’effectuer un nouveau saut… de puce.
La proximité d’une étrange multitude de dangereux restes d’étoiles effondrées et de planètes vaporisées était responsable de cet état de fait. On trouvait, pêlemêle, des pulsars émettant des rayonnements à des fréquences et des intensités dont seule la nature avait le délirant secret ; des étoiles à neutrons et des nuages géants de matières ensemençant lentement l’éther de l’espace ; quelques redoutables trous noirs, tombeaux stellaires de la lumière elle-même. Des restes de systèmes solaires jonchaient cette zone large de quelques années-lumière, émiettant sur des surfaces considérables des cimetières infinis d’astéroïdes. Certaines de ces roches pouvaient rivaliser avec de petites planètes, quand elles n’en étaient pas simplement une ancienne partie, visiblement arrachée il y a fort longtemps.
Étrange lieu, où le passé avait été suffisamment mouvementé pour conduire à l’anéantissement de tant de soleils.
Étrange lieu, loin de MaterOne et de l’espace connu de l’homme, au-delà de la Passe de Magellone.
Étrange lieu, désagréablement désigné « Cercle de Khabit. »
Dans la salle de commandement du vaisseau, tout le monde vaquait consciencieusement à sa tâche dans un silence concentré. On avait installé un second fauteuil aux côtés du siège central du général Décembre, le responsable de ce transporteur, et c’était le politicien Vernek Junta qui y trônait, son éternel fume-cigarette à la bouche.
« Et c’est reparti pour trois heures au minimum, enfin si vos équipes ne se perdent pas encore dans leur procédure, Général. »
L’autre parcourait distraitement une série de rapports sur de quelconques maintenances et les valida avant de répondre.
Je vous croyais plus patient, Monsieur Junta nous sommes dans une zone présumée hostile et la majeure partie des membres de ce transporteur se trouve avec le reste de l’Exode. Ce sont de précieuses mains qui nous manquent, même pour un fonctionnement à minima.
Donc vos hommes ont le droit à l’erreur ?
Donc mes hommes rencontrent des situations inédites et y font face. Le prochain saut ne sera pas retardé, faites-moi confiance.
Vernek Junta tira une bouffée du cigarillo, qu’il exhala en quelques cercles concentriques vers le plafond de la grande salle. La patience était son point fort, pourtant. Mais ici, il s’agissait de ce qu’il aimait le moins : attendre quelque chose d’inconnu pour négocier un accord improbable.
Lors de la précédente période infraluminique, il était descendu au niveau pénitentiaire où l’on maintenait sous bonne garde la seule captive de ce transporteur : mademoiselle Choupa, chef pirate. Il désirait plus d’informations, si cela était possible, car on n’en savait jamais assez sur son vis-à-vis lors d’une négociation. La jeune femme ne l’entendait pas de cette oreille, malheureusement.
Je vous ai dit tout ce que je savais sur ceux de Khabit ! Vous avez donné la parole du Conseil de l’Exode de me relâcher et me voici ici, alors que tous les autres membres de ma fratrie sont partis !
Vous avez accepté de nous servir de guide, nous aurons donc besoin de votre aide encore cette fois. Avez-vous eu vent de protocoles de présentation ou d’introduction envers ces gens ? Y a-t-il un message particulier qui les attire ou une fréquence qui…
… où sommes-nous ?
le coupa-t-elle, une expression d’angoisse figeant soudain son visage.
Nous avons décidé de nous séparer temporairement du reste de l’Exode pour une… une mission un peu spéciale.
Vous avez vidé ce transporteur, je le sais. Pourquoi ? OÙ SOMMES-NOUS ?
N’était-ce pas de la transpiration qui se formait sur le front de la chef pirate ? Et ce regard… Elle commençait à paniquer. Alors, elle n’allait pas aimer la suite, pensa Vernek.
Nous sommes entrés, depuis quelques heures, dans le Cercle de Khabit pour négocier avec eux un passage au travers de leur espace. Il nous fera gagner presque la moitié de la durée de notre voyage et…
VOUS ÊTES FOUS ! Je vous ai pourtant prévenu : ils ne discutent pas, ils ne négocient pas, ils ne vous laissent pas pénétrer dans leur espace et encore moins en ressortir… Nous… nous sommes… nous sommes perdus.
Et la jeune femme de s’effondrer sur sa chaise, les menottes cliquetant quand ses poignets heurtèrent le bord métallique. Elle refusa de répondre à d’autres questions, prostrée, le regard dans le vague, comme si elle s’était résignée à une fin trop proche.
« Général ! Un écho en trente-deux, dix-huit. Distance quarante-neuf. On a cru à un astéroïde, car il n’émettait rien, mais les analyses de la structure désignent une composition métallique à cent pour cent. »
Junta sursauta, ce retour à la réalité lui rappela combien le moment était délicat. L’attente allait-elle prendre fin ?
Excellent, lieutenant Gunjral, répondit le général Décembre. Alerte Jaune et dirigez-nous vers cette structure. Junta, votre message tourne toujours en boucle ?
Oui, une seconde… Mmmmh, je confirme. Plusieurs dialectes connus, plusieurs fréquences, s’ils ne nous comprennent pas ils peuvent au moins nous entendre, répondit le politicien en écrasant sa moitié de cigarillo dans le cendrier.
*
Parlement psychique Nalcoēhual
Réunion d’urgence en niveau deux.
Parlementaire Ci’chi, représentante de la caste minoritaire « divers bas »
Mes amis, le moment que nous attendions depuis si longtemps est en passe de se produire. Vous avez, comme nous, reçu les rapports de la présence de ce vaisseau humain dans notre espace protégé. Mais cette fois il ne s’agit pas d’aventuriers, de pirates, ou même de quelques égarés, non… Cet engin, le plus grand que nous ayons jamais croisé ces derniers cycles, émet des signaux clairs qui nous sont destinés. Les traductions sont formelles, nous recevons une demande de concertation pour autoriser le passage à cet… « Exode ».
Le secret de notre existence n’est plus en jeu ici, ni un risque d’invasion ou le vol de notre technologie, voire de nos ressources. Ils viennent en paix, pour dialoguer.
Au nom de ma caste, je demande que l’on réponde favorablement et pacifiquement à cette prise de contact.
Parlementaire Linio, représentant(e) de la caste institutionnelle des hermaphrodites Huitlalcoh « haut »
Ainsi, le premier contact est arrivé et nous rejoignons au moins en cela notre chère Parlementaire Ci’chi. Mais, contrairement à elle, nous ne ferons pas preuve de la même naïveté, je dirais plutôt, du même oubli. Nous, les Huitlalcoh sommes la prochaine génération à venir, NOUS aurons à traiter les suites de l’évènement qui se produit ici et maintenant.
Et, comme cela nous est enseigné dans les centres culturels, nous regardons d’abord le passé pour y chercher des éléments de réponses aux questions de demain. Et qu’y voyons-nous ?
Nous voyons que cela avait déjà commencé ainsi, il y a plus de deux-cents cycles. Que, de la même manière, les humains étaient venus à nous et nous leur avions ouvert les bras. Et que s’était-il passé ? Quel en fut le résultat ?
… Nous vivons dans une zone inhospitalière que nos ancêtres ont appris à domestiquer à force de persévérance et de sacrifices.
VOULONS-NOUS VRAIMENT QUE CELA SE REPRODUISE ?
*
Décembre grognait, demandant analyses sur hypothèses. Il réclamait à Gunjral toujours plus de rapports dans une recherche dérisoire, sinon futile, d’informations sur leurs ennemis. Mais pour Vernek Junta, le doute n’était pas permis.
La structure métallique qu’ils avaient repérée était un amas agrégé de carcasses de vaisseaux interstellaires d’origines diverses. On distinguait nettement des ailerons, des cockpits, des fuselages de différentes couleurs, formes et époques. L’ensemble avait été assemblé, sous une pression énorme, en ce bloc d’un millier de mètres de diamètre, flottant dans le vide. L’horreur n’aurait pas été à son comble sans quelques restes humains gravitant autour, conservés à tout jamais dans le froid de l’espace pour peaufiner le message.
Vernek imaginait facilement plusieurs totems de ce genre, placés en des lieux stratégiques autour du Cercle de Khabit, avertissements ultimes du danger encouru.
Telles les anciennes tribus tropicaliennes, ceux qui effrayaient tant la jeune Choupa marquaient ainsi l’entrée de leur domaine.
Malheur à ceux qui poursuivront leur chemin.
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