Red Universe Tome 1 Chapitre 25 Episode 6 " Elle "

MaterOne Centrum, Complexe financier.
On appelait cette petite voie large d’à peine deux véhicules terrestres « La rue du Mur ». Elle sillonnait sur moins d’un kilomètre les bâtiments parmi les plus anciens de la vieille ville, protégés pour certains par une loi qui contredisait le principe d’interdiction de l’archéologie. Quelques pans de béton armé appartenant au mur original (ayant donné son nom à la voie) trônaient par-ci par-là sur des socles aux inscriptions glorifiantes et invérifiables. Historiquement, les premiers commerces des nouvelles colonies minières s’étaient ouverts ici et, les siècles passants, les grands instituts financiers et leurs puissantes filiales spécialisées dans les mouvements de capitaux avaient remplacé les grossistes et leurs balances plus ou moins trafiquées. Les majestueux gratte-ciels s’élançaient de partout et le prix du mètre carré dépassait dorénavant l’imaginable. Ne traversait plus cette rue que la haute société, arborant les derniers gadgets luxueux et les tenues protocolaires, tandis que la rue du Mur représentait maintenant le lieu de la réussite sociale.
Conçus par les meilleurs architectes, deux immenses immeubles de verre et d’acier s’y imposaient : la place boursière et la Tour M de la toute puissante banque souriante Maha’dong. À la sortie est de la station de métro située sous le bâtiment, deux vigiles surveillaient ce matin-là un jeune cadre dynamique apprêté pour une journée de travail habituelle dans ce quartier. Seule incongruité, une valise plus épaisse que la norme et... un arrêt brusque, au milieu de la voie. Plusieurs taxis se trouvèrent d’ailleurs bloqués par cet hurluberlu n’acceptant visiblement pas de céder le passage. Les deux hommes décidèrent de régler le problème à l’amiable et s’approchèrent du malandrin. Au même moment, un message de la police crépita dans leur transmetteur : des scènes identiques se déroulaient en plusieurs endroits de la rue du Mur et l’on demandait aux agents de sécurité de rapporter tout incident et de surtout ne pas intervenir. La terrible vague d’attentats mutualistes était encore suffisamment fraiche dans les mémoires pour qu’ils réagissent immédiatement.
Le « golden boy » sourit mystérieusement devant la mine soudain paniquée des deux vigiles et, tranquillement, se pencha vers sa valise. Composant un code qui l’ouvrit, il en ressortit une boule métallique dont plusieurs parties pulsaient d’une inquiétante lueur qu’il scruta avec attention. Les agents de sécurité criaient tout autour à l’évacuation de la rue.
Le jeune inspira puis leva l’objet au-dessus de sa tête en hurlant  :
« GLOIRE À LA MUTUALITÉ ! »
À partir de cinq différents emplacements dans le quartier, des hommes et des femmes activèrent simultanément les micros charges d’antimatière : en moins d’une seconde, plus de cinquante-mille personnes et une quarantaine de bâtiments primordiaux pour le système financier de l’humanité furent réduits à l’état d’atomes épars. Les cercles concentriques de l’implosion, issus du contact entre la matière et son opposé physique, tranchèrent sans discernement tout ce qui se trouvait à leur limite d’influence. On assista à d’atroces scènes : des badauds et des enfants mutilés, des tours habitées s’écroulant dans le vide à cause de leurs fondations disparues où plusieurs métros jaillissaient de leurs conduits pour s’écraser plus bas, sur d’autres convois.

Dans les cinq minutes qui suivirent, alors qu’au cœur de MaterOne Centrum les ravages se poursuivaient, une crise sans précédent bouleversa le système financier humain. Des capitaux absolument dantesques s’évanouirent dans la nature, des organismes prêteurs firent faillite entre le café et le croissant de leur directeur. Pire encore, l’état de MaterOne se retrouva en cessation de paiement, déclenchant automatiquement des procédures de blocage dans tous les services publics de l’univers connu.

Jamais, oh grand jamais, un attentat n’allait causer autant de pertes et de dommage en moins de neuf minutes. L’humanité était désormais à genoux, blessée plus gravement qu’aucun scénario catastrophe ne l’avait prédit.

*

Le phallus d’Angilbe pénétrait et s’extirpait du sphincter à un rythme accéléré, tandis que son diamètre gagnait quelques millimètres à l’approche de l’apothéose. Il besognait un fessier masculin — estimait-il à la lueur des chandelles, mais il ne pouvait le certifier à cause de la quantité de coussins et du nombre de participants à cette orgie — et il se concentrait sur la recherche de son plaisir. Lorsque la vague le submergea, il hurla, s’enfonçant jusqu’à la garde dans le postérieur ce qui produisit un croassement... féminin sous la couverture. Visiblement, il s’était trompé. Sans doute était-ce l’effet des poudres aphrodisiaques et hallucinogènes dont on emplissait l’air de la pièce dès le début de ce genre de soirée.
S’extrayant de sa partenaire, il s’écroula sur sa partie de couette, tête contre le fessier, au milieu des autres grognements qui retentissaient un peu partout. Les brumes du plaisir se dissipaient, malgré ses efforts pour s’y maintenir... il aimait à se sentir porter tel un vieux tronc flottant sur l’océan de la volupté.
Que fais-je ici, déjà ?
Ah oui : il venait de prendre cet anus, dont quelques gouttes de liquide ressortaient sous ses yeux. Sans doute pas le sien, vu le nombre d’orgasmes qu’il accumulait ce soir...
... ou était-ce hier ?
Ses absences, ses « sautes de réalités » ne se comptaient plus, seul le sexe le plus débridé, les coups de hanches les plus osées dans les orifices les plus improbables lui permettaient de garder pied dans le monde réel.
Ai-je peur de m’enfoncer dans mes rêves...
... à tout jamais ?
La porte du fond s’entrouvrit discrètement et un majordome portant un petit mouchoir sur le nez chercha le chancelier du regard. Lorsqu’il le trouva, il contourna des groupes plus ou moins enlacés pour le rejoindre et lui tendre une note pliée en quatre. Poféus s’en saisit, tentant de recouvrer ses esprits. Il dut s’y reprendre à trois fois avant que les quelques lignes ne s’impriment dans sa conscience, révélant leur effroyable contenu.
Restant plusieurs secondes sans réagir, il rendit le papier au majordome :
« J’arrive dans quelques minutes. »
L’autre n’insista pas et retourna sur ses pas.

L’effondrement du système financier de l’humanité, une annihilation pure et simple du centre des affaires et un bilan humain au-delà de l’imaginable qui empirait chaque seconde. L’impact de cet attentat allait être d’un tel niveau que son gouvernement, son poste... l’État dont il était la tête pourrait ne pas survivre, emporté peut-être par une nouvelle révolution, qui sait ?
Les conséquences incalculables réveillèrent lentement des parties ensommeillées de son esprit. Sa main parcourut mécaniquement les collines de chair lui servant d’oreiller, cherchant sans doute à toucher une réalité plus agréable que celle le rattrapant. La peau satinée était douce, sans irrégularité ni excédent qui retiendraient ses doigts. Délicatement, il les glissa de plus en plus haut et de plus en plus bas.
Les Mutualistes ne devaient plus organiser d’actions aussi graves. Les ordres du Stuffy à leur tête étaient clairs : maintenir une pression minimum sur la société de MaterOne, quelque chose d’angoissant qui justifiait l’état d’exception.

Mais pas ça, pas ce carnage !
Cette déclaration de guerre allait forcement appeler une réaction comparable, pourquoi entrer dans un tel engrenage au risque de déstabiliser le calme relatif ? Le départ de la flotte était-il lié à ce chronométrage macabre ?
Quelle flotte ?
... LA flotte ! Oui, la flotte... je me souviens.
Le doigt d’Angilbe tourna mécaniquement autour de l’orifice anal, mais ne s’y attarda pas, préférant continuer son voyage sur les lèvres humides qui patientaient plus bas. Les fines peaux intimes se gorgeaient de sang à chaque caresse et se révélaient certainement encore plus sensibles pour leur détentrice.
Visiblement, la dame apprécie.
Ralato approchait de Talbot à la suite de la demande d’un des Stuffy. Il serait mis au courant de la situation très rapidement, si ce n’était déjà fait... était-il conscient du risque couru ? Sans aucun doute. Le professeur QuartMac avait bien évidemment rapporté aussi à Poféus ses inquiétudes concernant la possible déviance de chimères non matures, telles les enveloppes utilisées par les Stuffy. Pourtant, si nous en vivions ici les conséquences, alors c’est que le problème avait été très largement sous-estimé.
Bien trop... une perfidie de QuartMac ?
La petite touffe pileuse dissimulait un clitoris gonflé qu’Angilbe ne perdit pas de temps à titiller. Il enfonça son majeur dans le sexe ouvert et, devant l’acceptation évidente de sa partenaire qui se cambrait, il y joint plusieurs autres doigts, puis la main. L’entrée tendue ne se contractait pas, le corps ne le rejetait pas, bien au contraire, les hanches ondulaient pour lui permettre d’avancer. Angilbe sourit : les réactions de cette femme lui plaisaient, cela le changeait de Fakir, son assistante mentale dont il avait trop abusé. Il s’autorisa donc un ultime oubli avec celle étendue là, avant le déferlement de fureur qui s’annonçait au-dehors. Prenant appui sur la cuisse de sa partenaire, il avança la main, s’enfonçant encore plus loin jusqu’à enserrer le trésor du col dissimulé au tréfonds du vagin offert. C’est en agaçant avec doigté le petit orifice caché qu’il entraina la tempête d’orgasmes multiples et les hurlements de plaisir de dessous le coussin.
Cette voix ?
Il s’arrêta brusquement, recevant par là même un grognement de désapprobation, mais... ce timbre, cette manière dont tout cela se déroulait faisait soudain refluer en lui des souvenirs à jamais enfouis.
Ce n’est pas possible !
Sans se retirer de l’intimité de sa partenaire, il écarta vivement les traversins qui la dissimulaient, dévoilant progressivement le corps allongé.
Ce buste... ce cou... Ce menton...
La tête se dégageât enfin et la vision de ce visage paralysa le chancelier Poféus. Soulevant un sourcil, Calande Rorré lui dit simplement dans un sourire presque carnassier :
« Alors Angilbe, tu ne sais plus finir convenablement nos petits moments ? »


SOUTENEZ REDUNIVERSE - Prod: podshows, Réa: Raoulito, Relecture: Coupie, JMJ, VlM, Xelion, Acteurs : raoulito: narration, Pof: Poféus, Coupie: CalandeRorrée Derush: Hadaria, Montage: Ceco, Musiques: VG, Ian, Cleptoporte

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