Red Universe Tome 1 Chapitre 27 Épisode 15 : « Hibernation »

« Mais que lui est-il arrivé ? Brutes ! »
Deux groupes de soldats étaient venus chercher la Princesse Azala et Melba pour les emmener vers leur destinée. Mais cette dernière n’eut pas le droit au même traitement courtois que la princesse, on ferma d’ailleurs la porte après que celle-ci fût sortie, laissant la femme Brune seule avec les geôliers.
Azala pestait, ne pouvant pas grand-chose pour aider son amie. Elle offrit à ses gardes une expression profondément antipathique, mais les Nalcoēhuals restèrent stoïques, comprenaient-ils au moins le sens des moues d’un visage humain ? À bien y réfléchir, Azala en doutait.
Lorsqu’on rouvrit quelques minutes plus tard, une civière emportait Melba dont la nuque, les chevilles et les avant-bras étaient entravés par des carcans métalliques noirs où clignotaient de petites diodes. À chaque impulsion lumineuse, son amie d’enfance, sa Lakedaímōn, se mettait à trembler, à gémir, comme si on l’électrisait. Azala voulut se précipiter, mais ses propres gardes l’en empêchèrent, lui tirant fermement les menottes pour la garder auprès d’eux.
« Pourquoi lui faites-vous cela ! cria-t-elle de colère. Je ne bougerais pas d’ici si vous ne.. » une onde psychique lui vrilla le cerveau, suffisamment pour qu’elle renonce à parler plusieurs secondes. Ses geôliers en profitèrent pour la forcer à avancer. Elle les suivit donc, incapable d’autre chose que de mettre un pas devant l’autre et d'apercevoir du coin de l’œil les petites diodes s’allumer et s’éteindre.
Ils prirent deux transports internes de la cité, spécialement réquisitionnés pour l’occasion, et descendirent de nombreuses marches aux proportions peu agréables pour les longues jambes humaines, car conçues pour une race différente. La gigantesque mégapole de l’espace qu’était Ti’ltchiti, réservait à ses condamnés un interminable chemin de croix jusqu’au lieu de leur exécution et on subodorait que ce n’était pas un hasard. La dernière porte automatique s’ouvrit sur une petite pièce où trônait un bureau, quelques armoires de rangement et d’une série d’appareils de surveillance : nous nous trouvions probablement dans l’antichambre de la prison d’hibernation. Deux officiers, si Azala en jugeait par les symboles affichés, ainsi que deux autres soldats en uniformes se trouvaient là, les regardant entrer sans grand étonnement, leur arrivée était bien sûr prévue et attendue par le personnel de l’établissement.
Partaient de cet endroit, sept sas scellés qu’Azala supposa être les accès aux salles froides. Même en étant optimiste, si les Nalcoēhuals congelaient ne serait-ce qu’une dizaine de condamnés chaque année, cela devait représenter un nombre important après plusieurs décennies, les sept espaces seraient-ils déjà plein ?
Azala jeta un œil inquiet à Melba. Durant le chemin, leurs geôliers avaient fini par arrêter les impulsions, après avoir survolé quelques résultats affichés sur la civière. L’activité physique ou psychique de la Lakedaímōn devait leur sembler suffisamment faible pour ne plus risquer de causer des ennuis. Les avait-elle attaqués ou, à la suite de sa démonstration de force au Parlement nalcoēhual, avaient-ils préféré prendre les devants ? Azala compara sommairement les gardes de Melba aux siens : ils n’étaient pas le même nombre et mêmes les carrures différaient. Son amie Brune leur faisait peur, c'était une évidence.
Un préposé, visiblement plus jeune que les autres, s’approcha de la quatrième porte et posa son front contre une sorte de mousse fixée au mur, à hauteur idéale. Simultanément, un soldat à l’opposé de la pièce tourna sa clé, sous la vigilance de deux gradés restés au bureau et de quelques-uns des nouveaux arrivants. La porte numéro quatre s’ouvrit sur une brume de froid mordant, marquée par d’épais cristaux en formation vers l’intérieur de l’encadrement. Des rangées de diodes s’allumèrent sur le sol, délimitant un chemin visiblement préconçu, tandis que de grandes plaques éclairantes flottaient à quelque distance du plafond. Tout le groupe s’ébranla, Azala en tête suivie de ses gardes et de la civière. La voie des petits points lumineux zigzagua plusieurs minutes entre de grosses structures d’environ deux mètres de haut alignant de nombreuses entrées de caissons en longueur et en hauteur. Azala surprit les panneaux volants à les suivre, illuminant leur zone depuis leur position ; le froid était vif et incommodant, surtout pour des vêtements conçus pour des lieux hermétiques et tempérés comme les stations et villes spatiales. Au détour d’un angle entre plusieurs blocs, le chemin se fondit aux pieds de deux sas ouverts d’où étaient extraites des tables à la surface visiblement duveteuse.
Sans un mot, deux de ses gardes soulevèrent le corps de Melba, sonnée ou pire, et l’allongèrent. La princesse eut juste le temps d’apercevoir la cage thoracique de la jeune femme monter et s’abaisser une fois avant que leur guide ne procède au scellement du caisson.
« À bientôt, mon amie. Puissions-nous nous retrouver identiques dans plusieurs siècles, » murmura-t-elle plus à elle-même que dans l’espoir d’être entendue de celle qui l’avait toujours protégée.
Déjà, le soldat lui faisait signe de s’étendre à son tour. Elle le toisa simplement d’un :
« Demandez-vous souvent à des princesses de sang royal de s’allonger devant vous ? Êtes-vous médecin et votre système d’hibernation fonctionne-t-il vraiment sur des humains ? Vous n’en avez jamais croisé, me semble-t-il  ! »
L’autre resta quelques secondes interdit, puis il se tourna vers un des gardes. Ils échangèrent visiblement quelques mots en télépathie, cela se voyait à leurs expressions semblables à celles que tiendraient deux personnes conversant. Ce fut bien un sourire que lui tendit le soldat en revenant vers elle, démontrant au passage que ses geôliers comprenaient son langage d’une manière ou d’une autre. Le visage avenant, il l’invita donc de nouveau à s’allonger, mais cette fois toute seule, car il s’orientait vers le sas à sa droite. Après avoir pressé quelques touches sur la surface, celui-ci s’ouvrit en libérant sa table sur laquelle était allongée... une femme d’une indéniable humanité ! Le soldat promena son bras au-dessus de sa voisine de chambrée involontaire, tel un chef d’orchestre dirigeant son monde. Oui, ils maitrisaient également la pratique avec des humains.
De toute façon, faire trainer en longueur ces derniers moments ne rimait à rien et Azala s’étendit à son tour, tandis que les sas contigus terminaient de se refermer sur leurs précieux contenus. Comment cela allait-il se passer ? Devrait-on l’endormir avec du gaz ou lui injecter quelque substance ? Doucement, la table retourna à son emplacement d’origine dans le caisson et celui-ci fut scellé de l’extérieur. Aucune lumière n'en tapissait l’intérieur, rien que l’obscurité agrémentée d’un relent d’ozone qui picotait les narines.
« Dites, on ne fait pas, non plus, patienter une princesse, vous savez ? Alors, allez au plus vite  ! » ironisa-t-elle dans le noir.
Le silence et les ténèbres se disputaient dans son esprit à celui qui lui rendait la situation la plus insupportable. Ses jambes n’avaient heureusement pas besoin d’être pliées dans ce caveau sur mesure et l’espèce de matière duveteuse sur laquelle elle était allongée prenait doucement sa forme. Probablement la maintiendrait-elle dans une position adéquate sur toute la longue période qui l’attendait. Que devenait Melba ? Le processus avait-il déjà commencé pour elle ? Ils ne lui avaient pas enlevé ses entraves, on ne pouvait qu’espérer une adaptation identique pour l’édredon qui lui servirait de couche durant les prochains siècles.
Condamnées à être congelées, puis rejugées par les générations futures. On pouvait décemment se demander quel esprit tourmenté avait estimé que ce genre de sentence représentait une bonne justice et une égalité idéale des droits ? Avait-on déjà ressorti quelqu’un après des années de sommeil imposé ? Dans quel état se retrouvait-il ? En cas de fourmis dans un bras, comme cela peut arriver au cours d’une nuit, devrait-on amputer le membre, plusieurs siècles plus tard  ?
Et si, et si...
Mais finalement ce qui inquiétait le plus la princesse, c’était surtout le devenir de son ami Melba et, plus largement, celui de l’Exode. Elle avait fait de son mieux pour tenter de rapprocher les Nalcoēhuals de sa cause, mais ce fut en vain. Le destin tragique de la Parlementaire Ci’chi, pourtant respectée parmi les siens montrait à quel point cette république avait décidé d’aller jusqu’au bout. Et cela incluait certainement de pourchasser sans pitié tous les humains dans cette région de l’univers.
Soudain, le sas à ses pieds s’ouvrit et la table qui lui servait de lit fut extraite de sa cavité. Azala mit plusieurs secondes à y voir clair, trop éblouie par la lumière des plaques flottantes toutes concentrées au-dessus de sa position.
Que se passe-t-il ? tenta-t-elle le temps que ses yeux s’adaptent.
Nous avons besoin de votre collaboration, répondit simplement le traducteur de la Parlementaire Loxa qui se tenait devant elle.
Azala glissa doucement sur le côté de la planche et se laissa tomber au sol. Derrière elle, le soldat responsable du lieu la retint au cas où elle souffrirait un vertige.
Où est Melba, demanda la princesse face au caisson fermé de son amie ?
Elle ne nous sera pas utile dans l’immédiat. Nous estimons que vous saurez nous aider et nous vous récompenserons pour cela. Elle restera au chaud ici, le temps nécessaire.
Je vois...
Elle se laissa soudain glisser, surprenant celui qui tentait de la soutenir. Dans le même mouvement, elle attrapa son paralyseur et se le plaqua sous le menton tout en s’asseyant par terre.
Je parie qu’un tir à cette distance me grillerait le cerveau, ai-je tort  ?
Personne ne réagissait, visiblement ils ne s’attendaient pas à cela. La princesse sourit en comprenant qu’elle avait touché juste, mais des échanges télépathiques fusaient entre ses geôliers, c’était évident.
Après plusieurs longues secondes d’hésitation, Loxa tenta de dialoguer :
Votre vie serait gâchée pour rien et nous réveillerions votre amie pour le même résultat.
Melba ? Si je meurs, je vous conseille de ne JAMAIS la décongeler. Nous avons grandi ensemble, vous pensez réellement qu’elle serait compréhensive ?
Nouvelle période de silence. Le conciliabule psychique se poursuivait, alors que les regards de Loxa et Azala s’affrontaient, jaugeant la volonté de chacune d’aller jusqu’au bout.
Finalement, la Parlementaire Nalcoēhuale soupira : LA
Que voulez-vous ?
Sortez Melba d’ici et qu’elle m’accompagne. Je n’ai confiance qu’en elle et certainement pas en vous. Une fois ensemble, nous vous suivrons sans résister.
Les deux femmes se mesurèrent une dernière seconde les yeux dans les yeux, puis Loxa tourna des talons, lâchant simplement  :
« Qu’il en soit ainsi. Je vous retrouverais plus tard dans la journée. Gardes, accédez à sa demande et qu’il ne lui arrive rien ou vous en répondriez. »
On entendait encore ses pas résonner au loin, quand le caisson de Melba fut ouvert, au grand soulagement de la princesse.

FIN DU CHAPITRE 27


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