Red Universe Tome 1 Chapitre 28 Épisode 01 : « Destination »
C’est au-dessus de la couche atmosphérique, à l’orée de la mince pellicule bleue donnant toute sa valeur à la planète, que plusieurs petits flashs de lumière vinrent briser l’imperturbable calme spatial.
Depuis la passerelle de commandement, le Colonel Momumba Arlington, à la tête des trois croiseurs légers de l’Exode, retint difficilement son émotion. Les systèmes balayaient automatiquement la zone, à la recherche du moindre signe avant-coureur d’un piège nalcoēhual, pirate ou autre. Les ennemis rencontrés durant ce long voyage étaient innombrables et seuls les dieux savaient s’ils ne les attendaient pas également ici... sur leur lieu de destination. Momumba accentua son appui sur la rambarde, comme s’il pensait traverser la baie vitrée. Son inquiétude justifiée ne devait pas gâcher le spectacle unique dont lui et les membres des trois croiseurs étaient les premiers à profiter.
Antares IV, petite planète blanche à la si précieuse atmosphère, orbitait paresseusement autour de son étoile, une naine rouge, aux confins de la galaxie. Le lointain astre pourpre imprimait son fin liseré écarlate sur le pourtour exposé à sa lumière. Il y prodiguait peu de bienfaits, mais suffisamment pour éveiller à la vie les micro-organismes indispensables à la production d’oxygène. Le colonel aurait aimé se perdre bien plus longtemps dans la vision qui s’offrait à lui, destination fantasmée de millions de femmes et d’hommes, mais sa responsabilité se trouvait ailleurs. Il se redressa et lança ses ordres :
« Séparez la formation, que les croiseurs couvrent ta totalité des hémisphères en éclaireur. Je veux une seconde série de balayages longue distance et surveillez attentivement toute activité multidimensionnelle !
Allez, les enfants, on a vingt minutes avant de faire venir les autres et ils doivent sérieusement s’impatienter. On doit leur garantir que ce n’est pas une nouvelle chaussetrappe. »
Durant le quart d’heure qui suivit, les appareils de l’Exode sautèrent en Transition plusieurs fois, allant jusqu’à inspecter quelques météorites qui passaient à proximité. Les radars dirigés vers la surface découvrirent rapidement plusieurs comptoirs commerçants autour de l’équateur, guère plus grands que des hameaux, qui vivaient chichement d’une économie de survie dans ce décor peu luxuriant. Momumba consulta les rapports des machines insensibles, couplées aux senseurs en tous genres, dont le vaisseau était bardé.
Sa vie passée d’officier supérieur dans l’armée royale, puis de chef militaire de la révolution Castiks et enfin d’homme politique dans l’après-royauté l’avait préparé à ce genre d’évènement. Après tout, conduire des civils à bon port faisait partie de la mission des soldats. Mais du haut de ses quarante années, cet officier à la peau noire, à l’intelligence aigüe et au sourire ravageur n’avait jamais cédé ni au cynisme ni à la facilité du profit. Il s’était toujours battu pour la liberté et le bien-être de tous, quitte à prendre les armes en dernier recours. Des centres de transmission secrets aux jungles tropicaliennes, puis aux déserts brulants du Texos, il avait refusé de mépriser ses adversaires, voyant dans l’existence de tous une chance de vivre ensemble. Et la finalité de cet idéal se trouvait peut-être enfin devant lui.
Il se replongea dans les résultats des analyses.
La vie à la surface correspondait aux critères relevés par les missions militaires vieilles de plusieurs dizaines d’années.
« Oxygène à vingt-deux pour cent, Azote, quelques gaz rares... la composition de l’atmosphère nécessitera un suivi scientifique pour notre adaptation. Germes communs, luminosité faible, mais puissamment réfractée par la glace et la neige... lunettes obligatoires, donc. Végétation type toundra dans les parties les plus exposées, peu de couverture nuageuse et température de... »
Il leva les yeux sur l’hémisphère nord d’Antares, laissant ses bras se reposer sur la rambarde. Dans un soupir, il répéta les derniers mots inscrits sur le rapport préliminaire :
« Moins dix-sept degrés... en été, pouvant descendre à moins cent-douze en hiver près des pôles...
Nos jungles tropicales nous manqueront, John. »
De sa poche avant, il sortit une balle de mitrailleuse lourde, non tirée. L’homme qui la lui avait remise des années auparavant était devenu un de ses meilleurs amis, mais il n’avait pu terminer ce voyage dont il avait pourtant été l’un des instigateurs. Dans un hochement de tête, Momumba se répondit à lui-même à la manière de feu J.F.Hill :
« Si la vie était simple, vaudrait-elle la peine d’être vécue ? ».
Les rapports fusaient, détaillant les lieux, les rares habitations et surtout l’absence de la moindre trace d’ennemi. Il avait déjà dépassé la durée prévue pour son groupe d’éclaireurs, l’heure était venue d’ouvrir la porte aux autres :
« Envoyez le signal codé. Messieurs, l’Exode est arrivé à bon port. » conclut-il en rangeant précautionneusement la cartouche.
Quelques minutes plus tard, une nouvelle série de flashs illumina le firmament et cette fois-ci leur taille était toute différente. Les six transporteurs géants survivants de l’Exode apparaissaient en périphérie d’Antares IV, marquant ainsi une étape inédite dans la destinée humaine : une installation massive de colons sur une seconde planète à l’atmosphère respirable.
Le premier appel qui lui parvint fut celui du Capitaine Carrillo, son second :
Monsieur, doit-on vous envoyer une navette ? demanda la voix grésillant dans le hautparleur.
Je ne suis parti que depuis une heure, Carrillo. Je vous manque déjà ? Cela dit, je vous comprends : j’améliore virilité et fertilité... sans compter que les champs produisent plus de blé en ma présence.
Hé, hé, hé. Non-Monsieur, ce n’était pas dans ce sens-là. Votre bonne humeur préjuge-t-elle de bonnes nouvelles ?
Pour les amateurs de sculpture sur glace, sans doute ! Allez, mon ami, envoyez-moi votre navette. De toute façon, je vais rejoindre Décembre pour la suite. Où en sont les préparatifs du débarquement ?
Tout le monde empaquète ses affaires, la première vague d’ingénieurs et terrassiers sera prête au départ dans la prochaine heure. Si j’ai bien compris, un groupe d’experts reçoit en ce moment vos premières analyses pour choisir plusieurs lieux d’installation ?
En effet, la procédure est ainsi prévue. C’est d’ailleurs l’équipe du général qui est chargée de prendre contact avec les autochtones, d’où ma présence là-bas pour éviter qu’il ne déclenche accidentellement une nouvelle guerre. J’espère que les rumeurs de notre arrivée sont parvenues aux oreilles de ces braves gens, sinon ils doivent être dans un état proche de la panique.
En effet, Monsieur. La navette quitte en ce moment Transporteur 3. Ah oui, j’oubliais : je vous informe de la demande du grand Pope qui veut... enfin qui désirerait des représentants de l’Incomparable Trinité à bord des premiers appareils.
Je vois. Dites-lui que l’anus d’une maman Godzilla-tortue reste serré même après l’accouchement, répondit Momumba, cachant difficilement sa crispation.
Je vous demande pardon ?
Signifiez-lui que c’est impossible pour des raisons techniques et essayez de le rassurer pour la suite. Et nos « dieux », que font-ils ?
J’ai eu le médecin en chef de l’hôpital. La rumeur était fondée : Adénor Kerichi est enceinte, Phil Goud et elle sont toujours sur place. Quant à l’avatar de Godheim, il n’est pas sorti de sa cabine pour l’instant et Fabio Ouli est à bord de Transporteur 4 chez la Lieutenante-colonelle Onawane.
Aucune poursuite nalcoēhuale n’a été observée en revanche, l’Exode semble les désintéresser. Je devine que vous alliez le demander.
Vous lisez mes pensées, Carrillo. Je ne sais pas si l’on doit se réjouir de ce calme plat ou s’en inquiéter. Ils ont perdu énormément d’appareils lors de notre dernier accrochage et je doute qu’ils en restent là, sauf — peut-être — à être occupé ailleurs. Aucune nouvelle d’Azala ?
Non, Monsieur. L’ambassadrice n’a donné aucun signe de vie.
Arlington garda quelques secondes le silence. Tous partageaient les inquiétudes, teintées de fatalisme, sur le devenir de l’ancienne princesse de MaterOne, volontaire pour une mission de paix entre les deux civilisations. On se demandait plutôt à voix basse si sa fin avait été rapide.
Il reprit :
Bien. Je vois la navette sur les radars d’approche. Tenez-moi informé sur notre canal, sinon je devrais revenir d’ici quelques heures à bord.
Bien Monsieur, à vos ordres. Transporteur 3, terminé, conclut Carillo en coupant la communication.
Profitant des ultimes minutes nécessaires à l’accostage, le colonel s’autorisa quelques secondes pour admirer leur destination. La vie y serait dure, très certainement, mais ils y étaient préparés. Par contre, l’idéal de liberté et de justice qui avait supporté toutes les volontés jusqu’à maintenant allait se confronter à une réalité bien moins attrayante. La guerre, les luttes de pouvoir, les croyances et les influences de toutes sortes se mettaient déjà en branle dans l’ombre pour définir l’avenir de la civilisation humaine. Les prochaines semaines seraient cruciales pour tout le monde.
Il transmit le commandement à l’officier de pont et s’en fut dans le corridor...
SOUTENEZ REDUNIVERSE ! Prod: podshows, Réa: Raoulito, Relecture: iGerard,TheDelta,Pia,Coles - Acteurs : Bohort: narration, DrWolf: Arlington, Andropovitch: Carrillo, Derush/montage:zizooo, Mik180, Musiques: VG, Ian, Cleptoporte, Pia
Participez aux recrutements sur http://reduniverse.fr/la-saga/the-red-universes-team/recrutement/
Nous vous attendons !
VOTRE NOUVELLE SÉRIE FORCES MENTALES EST PRÊTE A ÊTRE TÉLÉCHARGÉE ( http://forcesmentales.fr )SERIE AU GRAND COMPLET !
Vous aimez Red Universe ou alors vous avez des critiques ou des remarques ? Laissez vos commentaires ici : http://reduniverse.fr/la-saga/episodes/