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Red Universe Tome 1 Chapitre 29 Épisode 15 : « Percée (4) »
Quelque part dans le Cercle de KhabitBase secrète de construction des Lanhuit’l
L’Amiral Huate exultait. Depuis son petit module d’inspection, il ne pouvait s’empêcher de répondre chaleureusement aux saluts des ouvriers. Ceux-ci s’acharnaient au travail le long des lignes de productions de Lan’huitl. Ce soldat, d’ordinaire si austère et impassible, à l’uniforme parfaitement ajusté et aux chaussures huilées, rayonnait de voir chaque étape de son plan se dérouler avec l’exactitude d’un métronome.
Qui avait mis en avant l’efficacité de ces nouveaux croiseurs légers ?
Qui avait proposé une stratégie de harcèlement, montant crescendo jusqu’à l’attaque finale ?
Et en fin de compte, qui avait convaincu le Comité de salut public qu’il fallait profiter de cette retraite pour porter un grand coup et ruiner les efforts de minage des envahisseurs humains ?
Ces engins auraient pu considérablement compliquer la tâche de la flotte d’invasion, demandant un nettoyage complet d’une zone éloignée du Cercle de Khabit, berceau de la République nalcoēhuale. Mais c’était désormais un risque oublié, comme la majorité de cette flotte ennemie. Et avec la future vague de plus de trois-cents Lan’huitl qui se construisait sous ses yeux, la reconquête prochaine de Veora s’annonçait glorieuse et il la dirigerait avec efficacité et fierté.
Il décrocha un petit transmetteur psychique qu’il fixa à son front. Sous l’impulsion, un message jaillit de son esprit vers toute la population ouvrière qui œuvrait à la victoire. Certes, ces braves gens vivaient sous un régime d’exception, réquisitionnés sous peine de mort par les autorités, mais leur travail lui permettait aujourd’hui de communiquer la grande nouvelle :
« Mes amis, la nouvelle flotte noire que vous avez conçue vient de bouter le dernier humain hors de cette partie de l’univers par la Grande Déchirure. Nous allons maintenant LUI REPRENDRE NOTRE PLANÈTE MÈRE ! »
Des hurlements de joie parvinrent à son esprit alors que ses officiers derrière lui ne cachaient pas moins leur satisfaction. L’amiral replaça le communicateur sur son petit socle au pied de la verrière. Certes, avant de traverser la Grande Déchirure, il allait falloir mater une fois pour toutes la rébellion de Chilico. Aucune nouvelle en provenance de l’expédition punitive, partie il y avait déjà trois cycles, mais cela ne voulait pas forcement signifier grand chose. La guerre frappait à toutes les portes et certaines conventions pouvaient être outrepassées. D’autant que les ordres étaient clairs : on allait repeupler le système de Chilico, ils devaient « l’aseptiser » de toute trace actuelle de vie. Huate comprenait alors que ses soldats rechignent à donner des rapports trop fréquents… ni trop précis sur leurs activités. Sans se retourner, il impulsa télépathiquement à ses assistants :
« Quand nous serons de retour sur Tilt’chiti, rappelez-moi de contacter le corps expéditionnaire envoyé vers Chilico ».
Les autres plissèrent leurs goitres impeccablement rasés en un discret hochement de tête. L’amiral ne quittait pas du regard les docks de construction, suivant la perspective parfaite d’un agencement en étoile qui aboutissait au poste de contrôle central, dominant ces immenses lignes de production. Quelle formidable machinerie, quelle parfaite organisation digne de…
Un petit signal l’avertit qu’on tentait de le contacter. Une arrivée de plusieurs Lan’huitl en procédure de retour automatique. Bizarre, la bataille était maintenant terminée depuis plusieurs déciles et les appareils endommagés ou détruits qui pouvaient revenir avaient été rapatriés. Il composa le code de la zone de rapatriement, ce n’était qu’à quelques encablures, et il était curieux de voir cela de plus près.
*
« MES AMIS, NOUS AVIONS RAISON ! DEVANT NOUS, VOICI LE LIEU DE FABRICATION DE CES ENGINS DE MORT ! OUVREZ LE FEU DE TOUTES LES BATTERIES, NOUS AVONS DES MILLIERS DE NOS CAMARADES MENTAUX À VENGER… MAINTENANT ! »
Le devenir des vaisseaux ennemis qui disparaissaient lorsqu’ils avaient été gravement touchés, ou que leur équipage avait été brulé par le Canon mental, demeurait une énigme pour QuartMac. Que se passait-il alors ? Sa théorie supposait logiquement un retour vers un lieu à l’écart où l’on pourrait réparer ces engins. S’ils partaient vers plusieurs endroits différents, son appareil se disloquerait entre les dimensions, mais s’ils se réfugiaient tous en un point unique les grappins magnétiques pourraient emporter le Croiseur mental avec eux.
Et finalement, il avait eu raison : des docks de constructions, comparables à ceux mis en place pour la fabrication de la flotte du chancelier Poféus, s’étalaient devant lui. Plusieurs escadres, sans doute des centaines d’ennemis ayant vocation à combattre ses Mentaux, à détruire son rêve, attendaient en cale sèche, sans aucune défense. S’ils avaient effectivement balayé ses espoirs, s’offrait maintenant à lui la plus magnifique des vengeances, une frappe qui changerait le destin de cette guerre comme il l’avait toujours soutenu !
Les missiles fusèrent vers les cibles éloignés sélectionnés pour leur importance, les canons à large diamètre enflammaient leur environnement immédiat, réduisant à l’état d’épave ces maudits croiseurs qu’ils auraient eu le plus grand mal à toucher en temps normal.
Et le professeur QuartMac riait aux éclats.
*
Le module d’inspection slalomait entre les échafaudages qui se disloquaient, évitant de justesse un Lan’huitl se brisant en deux sur son passage. Les mains serrées sur ses commandes, Huate tentait désespérément d’atteindre l’imposante tour de contrôle, elle abritait plusieurs engins de secours qu’il pourrait prendre pour s’éloigner d’ici.
« MAIS BON SANG, OÙ SONT LES CHASSEURS D’INTERVENTION ? »
Tiendraient-ils contre ce croiseur ? Sans doute peu de temps, mais c’était toujours ça. Il contourna un entrepôt où plusieurs modules de stockage offraient un abri tout relatif aux redoutables armes de l’intrus. Comment cette faille dans les systèmes de rapatriement d’urgence avait-elle été omise ? Les chances qu’un ennemi se fixe aux Lan’huitl sur le retour furent-elles estimées si infimes, que désormais une machine humaine pouvait consciencieusement semer mort et destruction dans l’usine la plus stratégique de la République ? Pourquoi n’avait-on pas pensé à l’armer d’innombrables défenses, trop rassuré par sa position secrète aux tréfonds du Cercle de Khabit ?
En plongeant sous un quai en flamme, le module d’inspection percuta deux ouvriers qui tentaient de s’abriter et Huate put éviter la collision :
« ÉLOIGNEZ-VOUS BANDE DE… ».
Des traces de sang bleu s’étirèrent atrocement sur le parebrise avant, mais ce fut un petit bruit de claquement cristallin, à quelques centimètres de son visage, qui retint son attention.
« Non, pas ça… » murmura-t-il simplement.
La vitre du module implosa d’un coup, privant d’oxygène les occupants, abaissant la température de l’intérieur au zéro absolu. S’ils n’eurent pas à souffrir longtemps, ce fut grâce à l’explosion d’une citerne primaire de ce dock, deux niveaux plus bas, percée par plusieurs projectiles brulants.
*
QuartMac dirigeait précautionneusement son croiseur vers l’édifice qui dominait cette vallée de vaisseaux ennemis en construction. Sans prévenir personne, il activa le Compresseur, bloquant certains circuits de refroidissements par quelques pensées bien ajustées.
On tirait les missiles par volée de plusieurs, on réduisait en cendre ces maudits extraterrestres bleus et leur armada indestructible. Oui, la vengeance était douce, mais le fait d’armes demandait quelque chose de plus. Autour de lui, quelques moustiques voletaient, des chasseurs qui espéraient percer l’épais blindage du croiseur humain avec leurs griffes…
« Que le groupe de défense télépathique prenne le contrôle de ces pilotes et les envoie se crasher contre quelque cible hors de notre portée ! » pulsa-t-il négligemment.
Il cherchait à marquer cette guerre de son empreinte. Qui pourrait croire qu’ils avaient la moindre chance de revenir sur MaterOne avec une semaine de réparations au préalable ? Une hypothétique demande d’aide à l’Exode le ramènerait vers sa déchéance passée, honnie par ses semblables et obligée de gagner son droit à l’existence, jour après jour (si les exodés répondaient à son appel). Lui qui fut le Gouverneur des colonies de MaterOne, ne redescendrait jamais de son estrade. Il mourra ici, mais on devra rapporter plus tard qu’il partit en beauté, qu’il entraina ses ennemis dans la tombe en les frappant durement comme personne ne l’avait pu.
Les premiers avertisseurs passèrent inaperçus au milieu du tapage des destructions alentour, mais du côté de la salle des machines, on devait avoir relevé le danger. Sans état d’âme, QuartMac asphyxia les mécaniciens lui ayant pourtant juré fidélité. Il avait besoin de quelques minutes supplémentaires, que le labourage des terres adverses soit profond, enregistré, répertorié ! La masse imposante de sa destination approchait toujours, plus grande, attractive.
Derrière elle, apparurent soudain trois croiseurs qui décollaient : on tentait le tout pour le tout dans l’espoir de l’arrêter, quitte à utiliser des appareils non terminés. Le dernier chasseur encore sous contrôle mental vint percuter celui de droite et l’explosion se répandit dans ses entrailles dans un souffle pacificateur. Les deux autres ouvrirent le feu et atteignirent QuartMac, mais peu lui importait, il se trouvait maintenant assez proche et le spectacle touchait à sa fin.
Il se leva lentement de son fauteuil, l’édifice grandissant à toute vitesse, l’angle de vue se modifiant alors que le croiseur mental prenait du gite. Certains opérateurs attentifs se tournèrent vers lui, quelques-uns parmi eux comprirent et lui sourirent. Ils saluèrent leur chef, revenant à leur tâche dans un désir de marquer l’Histoire, eux aussi.
QuartMac avança d’un pas, puis d’un second. L’impact allait se produire la seconde suivante, il leva les bras bien haut, hurlant à tous de sa voix et de sa pensée :
« QUE L’APOTHÉOSE SOIT » !
La proue du Croiseur mental se fracassa contre la tour de contrôle de l’usine d’armement nalcoēhuale, s’enfonçant profondément à l’intérieur jusqu’à ce que l’écrasement compense la faible poussée des réacteurs. En surchauffe depuis plusieurs minutes, le Compresseur dimensionnel de dernière génération rendit l’âme, saturant sa matrice alors que toutes les sécurités avaient été préalablement suspendues par QuartMac. En une seconde, la fusion projeta dans un rayon d’une dizaine de milliers de kilomètres des éléments de matières à un niveau subatomique. Désagrégeant l’immense dock depuis son centre jusqu’à ses extrémités, elle poursuivit ses ravages sur les appareils qui tentaient de s’échapper et même sur les premiers secours qui sortaient tout juste de Transition.
La lumière produite parcourut l’univers encore plusieurs années, apparaissant bien plus tard aux frontières de Ragnvald ou dans le ciel d’Antares IV. Sur Tilt’chiti, on interrompit le Comité de salut public, pour les descendre dans les profondeurs de la cité, dans la peur d’une quelconque radiation dangereuse. Finalement, ce fut tout le Cercle de Khabit qui trembla sous la lueur de ce soleil dévastateur.
Pour d’interminables minutes, le Professeur QuartMac, homme de science déchu aux vies multiples, devint une étoile qu’aucun de ses ennemis n’oublierait jamais plus.
La mort venait enfin de rattraper l’immortel génie.
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SOUTENEZ REDUNIVERSE ! Prod: podshows, Réa: Raoulito, Relecture : Gortozaran, TheDelta, CowboyE, Coles - Acteurs: Tristan: narration, QuartMac : DrWolf, Huate : Mik180 Derush/montage : Hadaria/Mik180, Musiques: VG, Ian, Cleptoporte, Pia
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