Red Universe

Red Universe

La plus grande saga intergalactique jamais racontée en podcast

raoulito

Des réfugiés vont découvrir les secrets enfouis sous des années d’oublis et de honte. Confrontés à des choix et des conflits sur leur modèle de société, ils avanceront vers leur but ultime, là où se concentrent leurs espoirs : la planète rouge. Chapitres entiers http://reduniverse-chapitres.podcloud.fr Chapitres spéciaux http://reduniverse-speciaux.podcloud.fr Et pour plus d’immersion, les livres illustrés http://reduniverse.fr/livres-numeriques/

En cours de lecture

RedU T1 Ch8 Ep9

Télécharger l’épisode Html⎮⎮Torrent⎮⎮S’abonner

Un petit grattement à la porte..

Puis un second, Adénor leva la tête, attentive et à l’écoute…

Encore du bruit, un frottement contre la porte sur toute sa longueur…Doucement elle prit un grand couteau et se leva, enfilant pantalon et blouson à la vitesse de l’éclair.

La scène réveilla Phil qui fût bien surpris de découvrir, les yeux encore embrumé, sa compagne habillée, debout et armée, s’éloignant de la couche improvisée des dernières heures en se dirigeant vers la porte du container avec la souplesse d’un fauve. Ils échangèrent un regard et celui-ci  s’habilla également, choisissant deux couteaux visiblement d’origine militaire comme protection.

Lorsqu’Adénor ouvrit l’entrée du container d’un coup sec, elle ne vit rien: la ruelle semblait déserte.. Phil éclata alors d’un grand rire, désignant l’animal qui venait subrepticement de se glisser entre les jambes de la grande femme.

Vivagel le gros chat roux de l’ancien Lieutenant aux armées Phil Goud déambula nonchalamment à l’intérieur du dépôt de munition, humant les caisses et se frottant aux parois comme pour s’accaparer un nouveau lieu de vie. S’arrêtant enfin devant Phil, il s’assit et, de ces yeux à la fois tendre et mystérieux que seul un félin sait offrir, sembla lui dire “Alors çà y est? Je t’ai enfin retrouvé?”

Comment était-il arrivé là? Azala n’était pas censée s’en occuper? Il ne semblait pas avoir vadrouillé beaucoup: la fourrure était propre et encore brossée de peu.

Déjà il commençait à jouer avec des feuilles de papier huilé contenant des rangées de cartouches et autres projectiles..

“Phil, quelque chose cloche: ton chat ne devrait pas être là.. Il vaudrait mieux s’en aller..

-oui, j’ai également une étrange sensation..” murmura Phil, en prenant son gros chat dans les bras alors qu’il mastiquait nonchalamment des boulettes de papier huilé, et se dirigeant vers la porte.

Elle s’ouvrit alors d’elle-même, laissant apparaitre deux hommes nordistes d’âge mûr en tenue sombre et aux visage indiscernables dans le contre jour..

“Vous devez partir immédiatement, vos ennemis arrivent..”

La surprise rapidement passée, les deux amoureux échangèrent un regard: le chat, les nordistes, et maintenant sans doute les troupes de la sécurité.. Y avait-il quelqu’un qui ignorait leur cachette sur ce vaisseau?

Devant le container, Adénor tenta de percer le visage fermé des deux hommes, mais tout ce qu’elle obtint fut l’indication d’une direction par un des acolytes. Sans doute pour échapper à leurs poursuivants.

Elle serra les dents en s’élançant: ils avaient réussi à les suivre malgré tout, et maintenant ils semblaient les aider.

Pourquoi?

La commandante Benkana se laissait secouer par les acoups et les mauvaises suspensions des pouce-pouces électriques, mais sous cette attitude passive elle dissimulait une froide détermination, une volonté de vengeance tendue à l’extrême. L’issue était proche dorénavant, elle le savait et revoyait en boucle les scènes de vie partagées avec son père, leurs adieux qui n’auraient pas dû être les derniers, et la missive, sur les hauteurs d’Okagwam, annonçant sa mort.

Le convoi progressait à la vitesse d’une foulée rapide et tous les membres des force de sécurité précédaient, entouraient ou suivaient le convoi. Tous connaissaient les enjeux et partageaient la détermination de leur chef. Certains étaient même déjà sous son commandement lors du décès du député-ministre Benkana, figure politique et intellectuelle reconnue dans tout MaterOne. On leur avait expliqué qui était recherché et ils voyaient cela comme une revanche posthume de la Révolution Castiks..

Une sorte de travail à terminer…

Azala, dans un second pouce-pouce, assise à coté de deux petits vieux nordistes en tenue noire, gardait le regard rivé sur le véhicule de la commandante. Malgré les efforts qui lui avait permis d’obtenir par le dialogue les renseignements les conduisant à l’Agent 12, elle s’inquiétait de sa compagne dont elle pouvait presque ressentir les tourments, n’ayant pas beaucoup de mal à les partager vu ce qu’on avait fait subir à son propre père: l’ancien Roi de MaterOne fusillé et jeté en plein océan dans “l’Abysse sans nom” . Cependant MaterOne était loin, et leur avenir à tous dépendait de la manière dont allait se terminer ce drame. Elle avait parfaitement conscience d’écrire les premières pages de la future civilisation des Exodés qui allaient coloniser Antarès IV, et une mise à mort, même décidé par un quelconque tribunal, ne pouvait augurer de bonnes choses pour l’avenir…

Imaginez alors si l’Agent 12 était abattu froidement en public..

En enfin, s’essoufflant au milieu des derniers soldats, déambulaient deux hommes qui portaient du matériel audio et vidéo: Jack Blaste et son assistant audiovisuel, en liaison directe et permanente avec la rédaction d’ExOne Média sur le Transporteur n°1, pointant régulièrement pour donner des nouvelles.

Bien sûr!

Les Nordistes les avaient prévenu pour éviter la découverte du dépôt d’arme! Tout en courant entre les labyrinthes de containers, et suivie par Phil portant son gros chat, Adénor réfléchissait à se surchauffer les neurones. Les derniers évènements ne collaient pas encore parfaitement, il manquait des éléments du puzzle: si les Nordistes voulaient dissimuler leur armurerie, il fallait plutôt éviter de laisser en vie Phil et Adénor pour qu’ils ne puissent rien raconter, non? Et si les forces de sécurités arrivaient à leur ancienne cachette, ils trouveraient automatiquement les armes.. Alors..?

A chaque pas, la terrifiante sensation d’un piège se refermant sur eux monopolisait plus son esprit.

Au milieu d’une rue moyenne elle stoppa net, se retournant vers Phil. Celui-ci venait de   pousser un petit cri de douleur car Vivagel avait sauté directement au sol, utilisant ses griffes comme appui.

Au même moment, à moins de cent mètres de l’autre coté de la rue, le convoi de Benkana, Azala et toutes les membres de la  sécurité disponibles, apparu.

Adénor et Phil  prirent leurs jambes à leur cou, mais c’était trop tard! Aux ordres aboyés derrière eux, ils se savaient pris en chasse par une troupe de soldats en arme !!

En cours de lecture

RedU T1 Ch8 Ep8

Télécharger l’épisode Html⎮⎮Torrent⎮⎮S’abonner

“Bonsoir et bienvenue pour cette édition du soir de votre journal multi-diffusé!

Vous êtes bien sur ExOne-Media, je suis Ted Maos’n, voici les titres:


  • Transporteur n°7: Mme Benkana et son alliée objective, l’Ex-Princesse Azala ont trouvé une nouvelle méthode de persécution de leurs ouailles: le porte à porte!

  • Transporteur n°5: Alors que dans la communauté Brune on reconnait les tors causés par les échauffourée, certaines voix dénoncent le traitement que leur a fait subir l’ancien Noble de MaterOne: le Colonel Sterling-Price.

  • Et enfin un nouveau restaurant vient d’ouvrir ses portes sur le Transporteur n°1, sa spécialité: du Roubiano de synthèse! un délice parait-il!..

C’est donc l’Edition du soir, vous êtes en direct sur Ex-One Média et on se retrouve juste après une page de nos annonceurs..” <pub>

“Retour dans l’Edition du Soir de votre chaîne d’information ExOne Média!

Nous partons immédiatement en Direct sur le Transporteur n°7 où notre journaliste Jack Blaste assiste à une invraisemblable démonstration de force de la Commandante Benkana et de sa compagne l’ex-Princesse de MaterOne Azala!

Jack? Vous m’entendez?”

“Oui Ted, je vous entends! Alors en ce moment, en contrebas derrière moi, vous pouvez assister à ce déploiement de force assez impressionnant des soldats de la Commandante Benkana autour de ce quartier et spécialement du double container avec plusieurs gardes devant. Elle et l’Ex-Princesse sont en ce moment enfermées avec plusieurs hommes que certaines voix décrivent sous le couvert de l’anonymat comme les chefs occultes de la communauté Nordiste. Voici les images que nous avons pris lors de leur arrivée: vous voyez plusieurs hommes d’un certain âge, en tenues sombres avec des cannes, conduisant le couple à la tête de ce Transporteur..

-En effet Jack, nous voyons. Il est connu que les communautés Nordistes sont d’une tradition patriarcale, ces hommes peuvent en effet être ce qu’on vous a prétendu! Mais dites-moi, qu’est ce que La Commandante fait avec de telles personnes? Ne pouvez-vous vous approcher?

-Hélas non Ted, le quartier est bel et bien bouclé et si nous sommes à cette distance c’est que nous n’avons pas vraiment de possibilité de faire mieux!

-Merci encore Jack, et n’hésitez pas à nous tenir informé s’il se passe quelque chose! Priorité au direct sur ExOne Média!

-Bien sûr, comptez sur moi!”

“Et juste après cette nouvelle virgule: la grogne des populations “Brune” du transporteur n°5, humiliées par le Colonel Sterling-Price. A tout de suite sur ExOne Média!”

<pub>

La salle était plongée dans une sorte de pénombre que seuls quelques rayons de lumière, tamisés par de vieux rideaux sales, parvenaient à dissiper. De cette atmosphère lourde et peu aérée, emplie de poussière et d’arômes étranges ou anciens, Benkana avait la sensation d’être entrée dans l’ancien trou d’une araignée: propre, sans vie et froid.

Azala se pencha vers elle alors que les vieux Nordistes murmuraient ensembles, jetant des coups d’oeil parcellaires aux deux femmes. La Princesse lui expliqua que leurs interlocuteurs détenaient un secret, lequel, pourquoi? Aucune idée.. Mais que ce secret était si lourd qu’ils préféraient risquer les foudres des forces de sécurités plutôt que de céder dessus..

Elle allait encore tenter de creuser ce point là, mais peut-être qu’une approche plus directe permettrait d’obtenir quelques résultats..?

La Commandante se demandait bien comment Azala avait pu déduire tout cela des échanges courtois et concis dont elle venait d’être témoin. Elle en viendrait presque à croire avoir raté une partie des négociations.

De mémoire, les seules fois où elle avait eu à négocier avec des acteurs extérieurs, c’était sur Okagwam, avec des tribus Tropicaliennes un peu exotiques..

L’ile d’Okagwam..

La mort de son père lui avait été communiqué durant l’épilogue de cette expédition. Plus tard certaines archives avaient mis un nom sur celui chargé de l’exécution: l’Agent 12. Et cet assassin était à quelques pas d’elle, caché pour on ne sait quelle raison par ces vieux bonhommes chuchotants pour gagner du temps..

Elle se leva brusquement en renversant sa chaise dans une bouffée de colère, et fixa ses interlocuteurs droits dans les yeux.

Tout bruit stoppa net dans la pièce, et on n’entendit plus rien que quelques sons étouffés de discussions extérieures.

Les vieux Nordistes la scrutait, et, chacun leur tour, soulevèrent des sourcils, croisèrent rapidement le regard de Benkana avant de se plonger dans l’observation attentive de la  table.

Azala glissa doucement une main pour toucher du bout des doigts sa compagne en colère qui n’avait toujours pas prononcé un mot, ni même détourné son regard ou cillé des yeux.

Le contact doux de son âme soeur, l’attitude respectueuse, sinon soumise, des chefs Nordistes, ou peut-être tout simplement un refoulement de sa douleur, la grande femme fit volte-face d’un coup et les bras croisés contre son ventre, progressa lentement à l’intérieur des espace vide du double container, les yeux fermés, gardant son calme.

Presque détachée du problème immédiat.

Profitant de l’ambiance extrêmement tendue du moment, Azala décocha un regard interrogateur, mais on ne peut plus froid, aux vieux hommes en noir, semblant demander “ Et maintenant? Vous voulez vraiment poursuivre cette attitude? ”

<pub>

“Oui Ted, je prend l’antenne en direct car les évènements se précipitent ici: On vient de voir sortir, il y a quelques instants, deux Nordistes d’âge murs se dirigeant en courant vers les rues adjacentes, et maintenant nous voyons en direct Mme la Commandante Benkana se faire guider par les hommes âgés en tenues noires vers des sortes de pouce-pouce électriques.

Attendez, on dirait…

Oui! Ils l’invitent à monter, suivi de la Princesse Azala !!

Les militaires autour commencent déjà à suivre le convoi et quelques officiers courent à coté en protection alors que le cortège s’éloigne.. Nous allons les suivre aussi, bien sûr vous serez tenus au courant constamment! Nous devons trouver un moyen de transport ou courir à notre tour, je vous rend l’antenne!

A vous Transporteur n°1, pour ExOne Média!”

En cours de lecture

RedU T1 Ch8 Ep7

Télécharger l’épisode Html⎮⎮Torrent⎮⎮S’abonner

Weston courait à en perdre haleine le long des couloirs aménagés entre les caisses et containers innombrables des zones d’entrepôt du transporteur N°5.

Il n’en revenait pas! C’était si évident, cela sautait aux yeux de tous.. Peut-être d’ailleurs était-ce la raison pour laquelle personne ne l’avait compris plus tôt!

Il contourna un angle de caisses en plastique montant jusqu’au plafond, et manqua de percuter deux employés qui revenaient d’une pause café.

Une heure plus tôt, il était retourné sur les lieux du premier crime ( le tout premier! Tout était déjà en place à ce moment!! ) Les traces trouvées, les différents scénarios avaient été analysés méticuleusement à l’époque, mais on cherchait une complexe histoire d’assassinat, de meurtre xénophobe.. Sous un nouvel angle de vue, Weston se posa la seule et unique question qui valait réellement la peine: d’où venait le meurtrier? Si un meurtre avait eu lieu en cet endroit, la procédure de police était d’étudier les traces aux alentours puis de dégager l‘endroit pour de futures analyses plus poussées en radiométrie, thermographie etc…

Où était donc passées les CAISSES ?

Tout en courant, Weston sortit son pistolet d’alarme, un vieux souvenir de sa période militaire..

Il était donc parti voir les registres..

Plusieurs centaines de containers en plastiques avaient été déménagés, et une cinquantaine.. Exactement sur les lieux du second double meurtre!

Arrivé sur place il avait examiné les lieux, recoupant sa théorie, et s’était rendu à l’évidence: le couple avait été agressé au beau milieu d’une des zones de dépôt des caisses transférées!

Consultant les registres, il put rapidement faire une estimation de la nouvelle destination des caisses incriminées.

Entrepôt n°4, zone n°12, repère C

Un long couloir  s’étirait devant lui, dans une semi obscurité. Chaque coté était constellé d’une muraille infranchissable de caisses en plastiques, posées les unes sur les autres.. Le repère C luisait à une dizaine de mètres de lui.

Serrant son arme dans une main, une barre à mine dans l’autre, il allait devoir partir à la recherche d’une aiguille dans une meule de foin.

Avançant pas après pas, Weston ignorait ce qu’il devait chercher, ce qui n’aidait en rien..!

Les victimes étaient tombées sous des coups de couteaux, ou autre instrument semblable qui avait transpercé et tranché leurs chairs. D’après les moulures, on avait affaire à des armes très longues et fines.

Mon petit Weston, soit tu as tort et tu perds ton temps, soit tu as raison et tu es en grand danger immédiat!” Murmura-t-il doucement tout en tentant d’observer le moindre mouvement ou signe indiquant une activité quelconque autour de lui.

Pris d’une subite intuition il recula de plusieurs pas, se rapprochant d’un intercom de service, installé peu après l’entrée du couloir de la zone n°12. Activant l’engin il demanda d’une voix quelque peu étouffée:

Ici Mr Weston, enquêteur spécial détaché par Mr Le commandant Sterling Price. Je demande l’assistance d’une dizaine de manutentionnaires et de quelques policiers armés ici même. M’entendez-vous?

Pas de réponse..

Weston insista sur l’intercom Allo? Central Entrepôt? m’entendez-vous?

Rien.. On ne décrochait pas ou alors cet appareil était hors service. Cherchant à proximité un second appareil, son regard tomba sur..

Sur quoi en fait?

Une ombre..

Deux petites lueurs blanchâtres..

Une forme impossible, acérée, une chose qui l’observait…

Evitant les mouvements brusques, il reculait doucement quand soudain l’intercom résonna telle une sentence de Mort dans un silencieux tribunal fantastique.

Ici le Central Entrepôt n°4! Excusez-moi Monsieur, j’étais aux toilettes que puis-je pour vous? Allo?!”

Ce fût le signal de l’attaque: la chose se déplaçât à la vitesse de l’éclair,  promenant de multiples pattes articulées d’une dextérité inhumaine et franchissant les mètres à une vitesse effarante!

Weston hurla et se jeta à terre, évitant du même coup une des pattes coupantes qui s’enfonça profondément à l’intérieur du plastique d’une caisse remplie de colorant rouge. Mais déjà la créature reprenait l’attaque de ses multiples autres pointes acérées servant de pattes.

Tout en évitant les premiers coups, l’ancien Majordome roula sur lui-même et, se souvenant du ricochet qui avait couté la vie à la jeune femme Brune, se désintéressa du corps central pour viser la jointure d’une patte qui se brisa net sous l’impact de la balle.

Déstabilisée, la créature sembla arracher hors de la caisse de peinture son autre patte coincée, avec d’autant plus de colère.

Courant vers la zone bien éclairée de la rambarde donnant sur les immenses espaces d’aération, Weston était conscient de reproduire, avec une probable machiavélique exactitude, le parcours du gardien Brun qui tombât le premier sous les coups de cette chose diabolique.

Tirant au juger, il tentait vainement de détruire une autre patte de la créature qui semblait animée d’une frénésie de mouvement hors de toute conscience.

Risquant le tout pour le tout, Weston se jeta sur le coté à l’instant où un coup d’estoc lui frôla la tête, et, vidant le reste de son chargeur sur les deux points blancs, il eu la satisfaction d’entendre des bruits de verres brisés tandis que l’ennemi reculait comme touché à des points vitaux..

Les points blancs étaient éteints: la chose était tout simplement devenue aveugle.

Weston se releva, la barre à mine serrée pour l’assaut final. L’ombre ne bougeait pas: immobile dans l’obscurité.

L’erreur qui scella le sort de l’ancien Majordome fût d’ignorer à quel modèle appartenant cette sonde de classe “Omega”: dotée de capteurs optiques de secours. Il vit soudain des dizaines de nouveaux yeux s’ouvrit simultanément sur la surface centrale de son corps!

La violence des coups qu’il ressentit au travers de toute sa personne s’anesthésia d’elle-même, de par une réaction normale du cerveau saturé d’informations. La créature de métal et de verre, semblable à une araignée recula devant le corps sans vie glissant sur le sol et commença l’escalade de la montagne de caisse derrière elle, pour rejoindre sa tanière.

La dernière étincelle de vie disparût des yeux de Markos Weston alors qu’un signal d’alerte retentissait dans toutes les zones de l’entrepôt.

En cours de lecture

RedU T1 Ch8 Ep6

Télécharger l’épisode Html⎮⎮Torrent⎮⎮S’abonner

Elle l’avait dans son viseur: le ministre Benkana, mandaté par un certain “Conseil de la Révolution” pour gérer la remise en activité des zones dites “libérées”.

Ne pas réfléchir, être mécanique, logique.

La vie de son père dépendait de ce qui allait arriver maintenant!

Son père.. Cet homme qu’elle avait dans le viseur lui ressemblait étrangement. Etait-ce un effet de son imagination? Ils semblaient être du même âge tous deux, avec ce même regard d’homme bon et serein.

Elle respirait lentement, ciblant sa victime, le doigt sur la gâchette.

Ces idiots de rebelles étaient trop sûrs d’eux! Même loin en arrière des lignes de combats, ils étaient toujours en danger!

Chaque minute qui passait était une souffrance supplémentaire pour son père. Malgré ses efforts de concentration, elle ne pût s’empêcher de l’imaginer dans une cellule noire et humide de la forteresse Castiks, lui en proie à la maladie!

Elle s’essuya les larmes qui embrumaient sa vision, et se replaça en position de tir.

Une simple balle légère à pointe en titane, placée au centre de la cavité cérébrale suffirait…

Elle était placée en haut d’une colline, à trois kilomètres du ministre, en contrebas, qui sortait d’une réunion avec les autorités locales et se dirigeait vers sa voiture, entouré de quelques gardes du corps. La pluie s’était arrêté et le vent ne soufflait pas encore: le projectile ne dévierait pas.

Son père en prison..

Cet homme qui est un espoir pour MaterOne..

Non, qui fût un espoir.

Elle tira.

La dernière image qu’elle eut de Mr Benkana fut celle d’un homme surprit, un petit trou dans le front, qui descendait doucement hors de son champs de vision. Elle crut voir la mort de son père..

Quatre jours plus tard, une jeep l’amenait à la porte grillagée de la monstrueuse prison “King Castiks”, immense château en front de mer. Cela faisait maintenant huit jours que son père avait été arrêté, elle n’osait imaginer l’état dans lequel il était. Pourtant elle avait fait aussi vite que possible.

Un constable la guida au travers des bâtiments extérieurs, puis vers un escalier au pied de la citadelle où ils prirent un autre escalier en colimaçon descendant vers les sous-sols.

Elle ne fût pas surprise de retrouver son responsable hiérarchique installé dans le fauteuil principal d’un des bureaux attenant aux souterrains des prisons.

“Akowa! Nous avons eu les échos de votre mission! C’est une réussite sans égale!

-Mon Colonel.”

Zoé restait froide, fermée. Le sourire de son officier traitant s’évanouit, et il enchaina:

“Oui, votre père bien sûr! Venez Nous allons de suite le retrouver..”

Trois gardes les accompagnèrent au travers des dédales de cachots et salles d’interrogatoire. Le groupe passa devant des portes fermées où des cris inhumains retentissaient sur fond de grésillements électriques. Des odeurs de mort, de pourriture empestait l’atmosphère, et Zoé avait la sensation d’entrer plus profondément dans les entrailles de l’enfer à chacun de ses pas.

Les conditions de détentions de son père étaient pires qu’elle ne l’avait imaginé!

Le gardien en tête s’arrêta alors devant une cellule un peu moins sale que les autres et sorti un trousseau de clefs.

“Il est là Capitaine, vous pouvez le retrouver et le sortir de là maintenant..” lui annonça le Colonel en indiquant la porte qui s’ouvrait. Zoé entra doucement, et aperçu une forme allongée sur le sol dans un angle. Elle se précipita et, prenant la tête de la personne dans ses mains, découvrit le visage blême aux yeux vitreux de son père, un peu de salive séchée aux bord de ses lèvres.

“Il est mort hier Capitaine! Vous avez mis trop de temps !…”

La porte se referma violemment et la clef tourna dans la serrure.

Malgré la macabre découverte, la jeune femme se retourna doucement en se redressant, et saisi un petit tube dans la poche droite de son treillis. Ses yeux n’étaient plus que deux fentes mortelles..

Le fermoir de la lucarne s’abaissa, laissant apparaitre le regard blanc du Colonel.

“Vous n’auriez pas dû montrer de faiblesse envers la rébellion, Akowa, nous ne pouvons prendre le risque de laisser dans la nature un agent tel que vous. Votre efficacité est bien trop redoutable.!

-Mon Colonel, puis-je vous demander quelque chose?” l’interrogeât-elle alors d’une voix presque mielleuse

“Oui?”

Tel un cobra, elle porta le petit tube à ses lèvres et, calculant simultanément la trajectoire, souffla.

La petite pointe fila directement dans l’oeil de son officier traitant qui recula en hurlant alors que le liquide blanc de l’organe crevé coulait sur son visage.

“SALOPE!!! HAAAA!!.. Aidez moi vous autres!!! Mon oeil, je..je..”

Zoé attendait derrière la porte de sa cellule, comptant les secondes. Le poison avait atteint directement le cerveau, normalement tout devrait être déjà fini.

Et effectivement elle entendit que les geôliers trainèrent quelque chose sur le sol, paniqués à l’idée de ce qu’ils devraient raconter à leurs responsables..

La jeune femme retourna dans le fond de la pièce et, caressant doucement le visage de son père, elle se blottit contre lui, sachant pertinemment qu’elle le rejoindrait bientôt..

Mais cette nuit là fût un des moments les plus importants de la Révolution Castiks.

Zoé fut réveillée en pleine nuit par l’assaut, donné depuis les souterrains de la Forteresse, de la citadelle “King Castiks”.

Les soldats rebelles, échauffés par les horreurs qu’ils découvraient durant leur progression n’en furent que plus déchainés et ils massacrèrent la plupart des militaires présents.

On ouvrit les prisons pour chercher des survivants, et Zoé put apparaitre au grand jours, portant la dépouille de son père..

Plus tard, assise près du linceul dans lequel il fût inhumé, un fonctionnaire de la nouvelle administration lui demanda gentiment quel était son nom..?

“Je me nomme.. Ak.. Kérichi, Adénor  Kérichi Monsieur. “

En cours de lecture

RedU T1 Ch8 Ep5

Télécharger l’épisode Html⎮⎮Torrent⎮⎮S’abonner

Zoé Akowa virevoltait au milieu de la piste de danse, sa robe de mousseline volait emportée par les bras de son père dans une valse folle. En haut des escaliers géants un orchestre ne semblait jouer que pour eux et, parmi les convives de cette “Grande fête des officiers de MaterOne Centrum”, nombreux étaient les hommes que les courbes gracieuses et généreuses de la jeune femme ne laissaient pas indifférents. Le Major Akowa, son père, souriait derrière sa grosse moustache, les yeux emplis de fierté envers sa fille.

Et Zoé tournait, tournait..

La magie de l’instant s’estompa.

Le visage noirci, en tenue de camouflage à plusieurs mètres en hauteur, au creux d’un noeud de grosses branches d’un grand baobab,  Zoé se réveilla serrant son fusil comme un cavalier de valse.

Son regard parcouru la jungle alentours au travers des gouttes d’eau ruisselantes de la visière de sa casquette.

Rien…

A cette heure matinale et sous cette météo elle risquait peu de mauvaise rencontre. D’après son géolocaliseur elle se trouvait à plusieurs kilomètres de sa cible: le ministre Benkana, un des membre du Gouvernement Libre de la rébellion.

“Mon Colonel, je ne me sent pas apte à accomplir cette mission.” avait-elle répondu à son supérieur lors du dernier briefing. Celui-ci s’était avancé sous la lampe éclairant son bureau, son ombre engloutissant les multiples dossiers étalés sur la table.

“Pouvez-vous me redire ceci capitaine Akowa?

-Mon Colonel, j’ai toujours servi avec ferveur la Royauté, et mon serment de loyauté est ma ligne de conduite depuis que je sers sous le drapeau de MaterOne! Mais..

-Mais..?”

Les deux masses blanches servant de regard au Colonel disparurent, signifiant qu’il se concentrait en attendant la suite..

“Allez-y, permission de parler franchement Capitaine..”

Zoé déglutit, toujours au garde-à-vous dans le bureau du responsable de sa “Cellule des Missions Spéciales”. Ils travaillaient ensembles depuis presque trois ans et elle avait une grande confiance en lui, mais comment expliquer ce qu’elle ressentait..?

“Mon Colonel, j’éprouve des scrupules à abattre un homme qui est connu comme un grand politicien juste et raisonné. Mon père me parlait souvent de lui comme une référence d’honnêteté et de droiture et.. J’ai même voté pour lui il y a 2 ans avant l’invalidation des élections et l’établissement de la loi Martiale dans la région. Je pense que..

-VOUS N’ETES PAS ICI POUR PENSER CAPITAINE!!!!” hurla le Colonel, montrant alors en plus de ses yeux blancs des canines de même valeur..

Puis, se rasseyant, il resta une minute silencieux à regarder son meilleur agent, droite devant lui, tremblante malgré ses multiples expériences d’assassinats. Il avait toujours cru (ou voulu?) voir en elle une arme belle et mortelle. Sans doute pas aussi détachée qu’il aurait fallu, trop souvent elle posait des questions quand aux raisons de sa mission, mais il réussissait toujours à calmer sa conscience.

Malheureusement aujourd’hui l’Etat de MaterOne était en danger, une sédition à l’échelle planétaire se déroulait et il avait la possibilité de porter un grave coup à l’ennemi!

Il reprit d’un ton conciliant:

“Capitaine Akowa.. Zoé, je crois savoir que votre père est un peu souffrant en ce moment non?

-oui mon Colonel, une mauvaise grippe semble-t-il.

-Alors je vous propose de vous enquérir de sa santé dès ce soir et si demain il allait mieux, nous pourrions reparler de votre mission. Cela vous convient-il?”

Zoé resta bouche bée.. Elle ne pensait pas que le Colonel irait jusque là pour l’aider..

“Merci mon Colonel, “ dit-elle d’une voix pleine de reconnaissance “Je vous retrouve demain alors!

-Parfais Akowa. Rompez!” conclu le Colonel en la laissant filer hors de son bureau.

“Allo papa?”

Zoé était pendue à un des rare téléphone publique de la caserne, et dépensait ses dernières pièces de monnaie pour prendre des nouvelles..

“Oui ma fille, je suis là! Dis donc je devrais être plus souvent malade, tu m’appellerais plus!

-Papa arrête de dire des bêtises, alors le médecin est-il passé?

-Oui, il m’a donné une piqure et m’a demandé de rester au chaud et au calme une semaine en prenant des cachet qu’il m’a confié. Il dit que si je faisais bien attention, d’ici plusieurs jours il n’y paraitra plus!”

Zoé souffla, à l’âge de son père, en retraite dans deux mois, ce genre de maladie bénigne pouvait être mortelle!

“Papa, demande à Madame Bardon la voisine de te préparer un peu de soupe et..

-Attend chérie, on vient de frapper à la porte. Je dois aller voir de quoi il s’agit. Ne bouge pas je reviens..

-Ha oui.. Ok Papa mais fait vite hein? Je n’ai plus guère de monnaie et..

-CRAAACK!

-Papa?

-Mais qui etes-vous? Mais arretez où.. HAAA!

-PAPA!!!!!! PAPA REPONDS-MOI!”

Rien, le silence..

Puis des bruits de pas sourds, et une voix au timbre de fer reprit le combiné.

“Zoé Akowa?

-Je.. Qui êtes-vous?

-Pas de questions. C’est moi qui parle. Votre père est désormais aux arrêt pour trahison envers la Couronne!

-Mais c’est fou! Jamais mon père ne..

-SILENCE! Si vous voulez lui éviter un quelconque malheur, concluez votre mission  d’abord, et venez directement à la prison “King Castiks” quand tout sera fini. Vous avez sa vie entre vos mains.

-QUOI? Comment savez-vous que..

<clic!>

On avait raccroché.

Dans le soir tombant Zoé pressa le combiné contre son coeur et pleura..

Bizarrement le Colonel était absent, mais une note l’attendait avec les instructions pour la mission qu’un jeune subordonné lui apporta, encadré par deux armoires à glace visiblement sur leurs gardes.

Serrant les dents, Zoé quitta son creux d’arbre et descendit du baobab sous la pluie battante avant de s’enfoncer dans l’obscurité de la jungle.