Red Universe

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La plus grande saga intergalactique jamais racontée en podcast

raoulito

Des réfugiés vont découvrir les secrets enfouis sous des années d’oublis et de honte. Confrontés à des choix et des conflits sur leur modèle de société, ils avanceront vers leur but ultime, là où se concentrent leurs espoirs : la planète rouge. Chapitres entiers http://reduniverse-chapitres.podcloud.fr Chapitres spéciaux http://reduniverse-speciaux.podcloud.fr Et pour plus d’immersion, les livres illustrés http://reduniverse.fr/livres-numeriques/

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RedU T1 Ch27 Ep03

Red Universe Tome 1 Chapitre 27 Épisode 03 : "ExOne Media (1)"

Bonjour à tous, vous êtes bien sur ExOne-Média, et c’est Ted Maos’n en direct de Transporteur 1 pour l’édition du soir !
Voici les titres :
L’Exode est à nouveau regroupé et cette fois hors de portée des attaques nalcoēhuales. Pour en saisir les tenants et les aboutissants, notre spécialiste militaire nous rejoindra, j’ai nommé Jack Blast !
Nous approchons de notre destination et, bien évidemment, se pose déjà la question de notre vie sur place. Après toutes nos aventures bonnes ou mauvaises, quel est l’état de nos stocks, quelles sont les réparations en cours ?
Enfin, vous avez été très nombreux à demander des nouvelles de Phil Goud et Adénor Kerichi, plus connus sous le titre de l’Incomparable Trinité (avec l’Empereur-Dieu de Ragnvald), nous avons donc rencontré un ancien collaborateur d’ExOne-Média qui s’est élevé dans la hiérarchie du Rabliro... Rablar... une seconde, je consulte mes fiches... RABLERANE, voilà, Ra-ble-ra-ne ! Bref, interview de Titus Matrane en fin d’émission.
D’ici là, pour nous accompagner, et c’est une première dans cette émission, nous accueillerions deux commandants de l’Exode afin de nous aider à décrypter toute cette actualité foisonnante. Mesdames les Commandantes Onawane et... Benkana !
Bienvenues parmi nous, commandantes, je vous laisse vous installer, pendant la petite page de publicité.
Ne zappez pas ! 

Retour dans votre édition du soir. Sont présentes, sur ce plateau, deux membres éminentes du Conseil des Commandants de l’Exode. Qui veut commencer ?
Aurora, tu m’autorises ? Donc, très cher Ted, c’est un plaisir de venir à mon tour, à notre tour devrais-je dire, partager avec nos concitoyens sur la première chaine multivisuelle de la flotte. Je vous remercie pour votre invitation, ainsi que d’avoir accepté Madame Benkana par la même occasion.
Aurora, je te laisse la parole...
Oui. Je suis très heureuse aussi de réapparaitre devant les médias. C’est... inattendu.
Effectivement, Commandante Benkana. Il faut préciser à nos multispectateurs que votre invitation à cette émission l’a été à l’instigation de Madame Onawane qui était seule prévue à l’origine. Mais comme elle a insisté, nous avons BIEN SÛR, été ravis d’accéder à sa demande !
D’ailleurs, Madame Benkana, votre précédente intervention devant les caméras s’était déroulée lors de la seconde médiatisation du couple de Phil et Adénor, pas encore sanctifiés à l’époque. Nous parlons d’une prise d’otage sur votre transporteur que vous aviez envisagé de régler définitivement, semble-t-il.
Mais non, Ted ! Madame Benkana assistait aux évènements et ne pouvait cacher sa joie devant la conclusion sans effusion de sang de cette histoire !
Alors, justement, Mesdames Onawane et Benkana, voici un extrait. Allez-y la régie...
... donc…
… on suit d’abord la Princesse Azala qui guide le groupe de journalistes vers votre position, sur un toit à quelques centaines de mètres de la prise d’otage. Votre équipement ressemble d’ailleurs à s’y méprendre à un armement de haute technologie, non ?
Pas du tout. Il s’agissait d’instruments d’observation et j’aimerais que vous évitiez de lancer des accusations de ce genre, ça me rend irritable.
Vous êtes pourtant connue pour vos nerfs d’acier, Commandante. Ha ! Vous vous exprimez maintenant, d’une voix tout de même étrangement chancelante ? Écoutons :
« Messieurs, nous assistons à un moment magnifique et je vous offre volontiers cette place de choix pour tout filmer autant que vous le voudrez. Pardonnez-moi je dois retourner dans mon centre de commandement pour terminer quelques... préparatifs... »

Ted ? Je me permets de vous interrompre, mais ne devions-nous pas parler de l’actualité ? Je pensais que la Commandante Benkana et moi-même étions d’abord venues pour commenter et partager nos avis avec les multispectateurs, pas pour être accueillies par des archives remontant à des lustres, bien avant la découverte des Nalcoēhuals, de l’Empereur-Dieu, la bataille avec les pirates et même la Passe de Magellone !
En tous cas, c’est ainsi que Monsieur le Commandant Junta nous l’avait présenté. Il sera déçu, car je sais qu’il nous regarde en ce moment et nous lui passons notre bonjour, que la célèbre courtoisie de cette émission puisse être... mise à mal, n’est-ce pas ?
Heu... bien... une page de publicité et nous revenons avec le reportage de Jack Blast. À tout de suite !

(off)
Nan, mais vous savez, c’est pas contre votre frère. On essaye juste de...
De pourrir mon image depuis le début !
Mais pas du tout, Madame Benkan…
Si vous insistez, je me casse, c’est clair ?
Et si elle part, je pars aussi. Maos’n, vous voulez être le premier journaliste à faire fuir deux commandants d’un coup ?
Nan, mais... écoutez, c’est bon. Jack arrive et on va changer le sujet...

... et nous voici à nouveau ensemble pour la suite de l’émission ! Tout de suite, une analyse de Jack Blast qui prend place sur le plateau... qui n’avait pas de chaise... on lui en amène une, s’il vous plait la régie... vite, merci !
Bien ! Ça va Jack ? Vous connaissez nos deux invitées, je crois ? Au moins, Madame Benkana sachant que vous êtes l’envoyé spécial d’ExOne-Média à bord de son vaisseau.
Absolument, Ted, sur Transporteur 7. Bonjour à vous Mesdames et bonjour à nos multispectateurs. Donc, et je me place sous le jugement de nos illustres invitées, je vais vous résumer la situation post Cercle-de-Khabit.
La bonne nouvelle, c’est que tout va bien : aucun transporteur n’a été détruit ni très gravement endommagé et il semble que la république nalcoēhuale ne nous poursuive pas. Je tiens cela d’après certains de mes contacts dans les centres de contrôle.
Par contre, nous avons connu des pertes lors de notre arrivée et surtout lors de notre départ, particulièrement Transporteur 1 qui a dû faire front tout seul. La flotte de Ragnvald lui a, fort heureusement, apporté son soutien, mais on déplore tout de même quatre-vingt-douze morts et deux-cent-trente blessés. Une majorité dans les troupes de maintenance, à la suite d’explosions et chez les pilotes qui ont payé un lourd tribut.
Je serai à la cérémonie en leur nom, ce soir, d’où ma présence aussi sur Transporteur 1. Maeve... la Commandante Onawane m’accompagnera pour rendre un ultime hommage à ces soldats. Vous y serez, Blast ? Ou Maos’n ?
Heu... malheureusement, j’ai un... un rendez-vous qui ne peut... être... repoussé…. Blast ?
Bien sûr que j’y serai ! D’après les témoignages, ça fusait de partout quand ils ont reçu l’ordre de sortir affronter les chasseurs ennemis. Franchement, je n’y serais sans doute pas allé. Ce genre de courage est rare, il faut l’avouer...
...
... ne m’en veuillez pas si je poursuis.
Il faut aborder les dégâts matériels qui sont assez importants. Même les transporteurs ayant quitté la bataille dès le début doivent procéder à des réparations, fort heureusement assez légères. Mais Transporteur 1 a subi un feu nourri pendant près de trente minutes et il y a eu de la casse.
Le plus gros souci reste tout de même les stocks de munitions et de Lithium qui atteignent un niveau assez inquiétant...
Je vous coupe, Monsieur Blast, car il me semble que vous exagérez beaucoup la situation. D’abord, vous sous-estimez grandement nos réserves, mais également la chaine logistique de notre allié de Ragnvald. Et, autre chose, Aurora... tu lui as donné les clés de ton armurerie ? Ou alors les codes d’accès à nos échanges radio ?
... Monsieur Jack Blast est une légende sur Transporteur 7. Il aime user de toutes les méthodes possibles pour obtenir des informations et, parfois, je le soupçonne d’aller trop loin.
Mesdames, allons. Jack est un journaliste tout ce qu’il y a de plus...
Couché le toutou, on n’est plus sur MaterOne où ça emprisonnait à tout va. En plus, nous sommes bientôt arrivés. Mais qu’au moins certaines informations militaires restent confidentielles, d’accord Blast ? Nous sommes en guerre contre les Nalcoēhuals et cela n’a rien d’un show multivisuel.
Hé, je suis pas un toutou !
D’accord, Madame. Au nom de mon éthique professionnelle, je conserverai certaines informations secrètes. Ted, nous dirons qu’avec le soutien actif de l’infrastructure de Ragnvald, l’empire aux dix-mille soleils, nous n’aurons pas de souci majeur d’approvisionnement. Nous espérons seulement que tout cela durera encore longtemps.
Cela me va... Aurora ?
Très bien, donc, cette formulation nous convient. Ted, à vous la parole, vous vouliez lancer la publicité, je crois ?
Ha non. On devait parler de votre vie privée à toutes les deux, ainsi que de la Princesse Azala, mais où est-elle au fait ?
PUBLICITÉ !
PUBLICITÉ !

(off)
Cette fois, j’en ai marre, tu viens Maeve ? Cet avorton ne mérite que...
Hey ! Ça intéresse les multispectateurs de savoir qui fréquente qui !
Surtout les torchons qui se disent des journaux. J’appelle Pernov, il m’attend à côté.
Aurora, une seconde. Jack Blast, merci pour votre geste. Ted Maos’n : c’est mon dernier avertissement. La Princesse Azala est en mission secrète pour l’Exode et quoique vous pensez avoir entendu sur la vie privée des commandants, c’est non avenu !


... et retour de nos multispectateurs pour cette troisième partie de l’émission !


SOUTENEZ REDUNIVERSE ! - Prod: podshows, Réa: Raoulito, Relecture: JMJ, iGerard, Acteurs : Icaryon: ted Maos'n, Istria: Onawane, AnyaK : Benkana, Blast: Jack Blast Derush/montage: Gvillaume/Leto75, Musiques: VG, Ian, Cleptoporte

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RedU T1 Ch27 Ep02

Red Universe Tome 1 Chapitre 27 Épisode 02 : "La Grande Guerre de la revanche (1)"

Tout commença le quatrième jour après la découverte des totems, alors que la flotte se remettait en mouvement, multipliant les éclaireurs et affutant ses armes.
Une formation de cinq appareils composait la sécurité de l’arrière-garde. Ils pouvaient voir sur leurs radars les derniers vaisseaux du gros des troupes, leur mission consistant à faire tampon (et un peu voitures-balais dans certains cas) avec l’espace rendu à sa virginité.
En quelques secondes, tous les voyants, alarmes et avertisseurs lumineux ou sonores rugirent : à cent-vingt milles kilomètres au-dessus d’eux, une paille dans l’univers intersidéral, trente croiseurs inconnus venaient de sortir brutalement de Transition. Ils libérèrent immédiatement une nuée de ce que l’on reconnut rapidement comme des chasseurs.

*

Dans son bureau, QuartMac activa le communicateur qui sonnait :
Oui ?
Gouverneur, répondit la voix froide de Laurelian. Ça a commencé. Ils sont sur l’arrière-garde.
Le professeur se raidit : leurs ennemis inconnus n’avaient pas trainé.
On applique le plan. Et n’oubliez pas : priorité absolue aux informations. Vous avez lu les conclusions des analyses, ce sont des Mentaux, eux aussi.
Ne vous inquiétez pas pour cela, nos troupes y sont formées depuis leur enfance. Nous allons vite savoir ce qu’il en est de nos adversaires.
Tenez-moi au courant toutes les cinq minutes, conclut-il. Terminé.
Il coupa la communication. Regroupant les feuilles éparses sur son bureau, le gouverneur les aligna autant que possible et les parcourut pour la centième fois en quelques heures. Ces analyses de ce que l’on pouvait comparer à un avertissement, comme les tribus primitives tropicaliennes, révélaient de nombreuses choses. Quartmac avait passé plusieurs heures, quotidiennement, dans le laboratoire pour superviser, sinon effectuer lui-même, les explorations. Il avait découvert les salves d’énergie de l’armement ennemi et cet étrange matériau noir aux propriétés psychiques et à la dureté impressionnante dont les traces apparaissaient sur des artéfacts. Mais, au-delà des fragments métalliques, c’est l’étude des restes de cerveaux trouvés sur place qui focalisa toute son attention.
La conservation dans l’espace est connue pour être excellente, sous réserve d’être éloigné d’un soleil. On avait pu mesurer des restes d’activité mentale sur une résonance différente à celle que l’on appréciait habituellement chez les Mentaux de MaterOne. Les victimes avaient visiblement été interrogées par des « spécialistes de l’esprit » avant d’être tuées sans doute par ce même biais. Quartmac et ses collaborateurs y avaient vu une sorte de colère, de haine, dans la manière particulièrement douloureuse d’achever ces victimes. Cela, dans l’histoire des hommes, ne trouvait d’équivalent que dans les conflits d’ordre religieux ou racial. Or, aucune trace de symbole mystique ou d’un quelconque cérémonial... un nouvel indice sur la culture de leurs ennemis : ils n’avaient laissé aucune marque distinctive. Un message unique et fort, clair, froid et violent, compréhensible par tous, indiquant l’entrée de leur territoire.
La dernière surprise, QuartMac l’avait fait sceller dans un bloc sous vide qu’il exposait sur un meuble à côté de son bureau : c’était un morceau de protection trouvée encore fixée sur le corps d’un des cadavres. On en avait ressorti des empreintes palmaires dont la morphologie n’appartenait, de toute évidence, pas à un humain. Six doigts, longs et noueux, et une structure de la main que l’on pouvait considérer comme pratique, mais ne descendant pas de la branche des hominidés. Il avait cru d’abord à une quelconque mutation isolée dans cette partie de l’univers, mais on en avait détecté d’autres sur des dépouilles et des carcasses...
Une autre race, une technologie inconnue et puissante, des pouvoirs mentaux et une férocité à toute épreuve. Voilà ce qui ressortait de l’analyse des totems.
Certes, devant cette découverte, QuartMac aurait pu figer la flotte et demander des ordres, ainsi que de nouvelles troupes, à MaterOne. Mais outre le temps que cela aurait pris, il avait toujours eu l’intention d’aller plus loin que ses instructions initiales. Il ambitionnait de créer dans cet univers quelque chose d’inédit qui n’avait pas été accepté par les rois successifs de l’humanité : une société basée sur la suprématie psychique absolue. Quelque chose permettant de diriger des masses sans heurt, de réguler les populations comme seuls les dieux pouvaient le rêver. Bref, utiliser enfin les Forces mentales pour autre chose que de la garderie champêtre pour système malade et cela ne pouvait se faire que hors de vue de MaterOne et du chancelier Poféus.
Une sonnerie l’interrompit dans ses réflexions, c’était Laurelian.
La bataille fait rage. Ils sont très rapides et pratiquent des microtransitions. C’est extrêmement difficile à gérer, car nos tirs mettent du temps à les atteindre et c’est suffisant pour qu’ils accomplissent des bonds les plaçant hors de portée.
Et l’activité mentale ?
Trop loin pour les croiseurs ennemis, même avec les amplificateurs, répondit-elle, dépitée. Par contre, il y a une bonne nouvelle avec leurs chasseurs. Nos troupes arrivent à pénétrer les esprits des pilotes et à les neutraliser.
Des protections, des barrières ?
Oui, nombreuses et multiples. Mais en attaquant à plusieurs on les traverse, visiblement ils n’ont pas notre niveau. Autre chose intéressante : comme supposé, nos boucliers magnétiques antimissiles montrent des résultats probants face à certaines salves d’énergie adverses. Pas toutes, on compile les données pour avoir une vision d’ensemble pour l’instant.
Et... le canon mental ? demanda QuartMac, une légère tension dans la voix.
Il comprenait que les conclusions de ses analyses du totem n’avaient pas été prises en défaut : on pouvait envisager une équivalence technologique ou psychique, l’un compensant plus ou moins l’autre. Mais cela ne suffisait pas. Il leur fallait quelque chose qui ferait la différence, sinon ce serait une boucherie sans fin où celui alignant le plus de vaisseaux gagnerait. Cette méthode, qui fut celle de l’armée royale durant des siècles, n’avait jamais convaincu le savant, et pour cause ! Son canon se révélait donc l’élément déterminant attendu. L’amirale répondit posément :
« En cours de déploiement. Je vous tiens informé. Terminé. »
Quartmac s’affala dans son fauteuil, maintenant plus petit que dans ses souvenirs. Il regarda sa nouvelle main, la ferma... l’ouvrit à nouveau. La longévité de ce corps tout neuf allait sans doute dépendre des prochaines minutes de la bataille.
Il ne s’était même pas renseigné sur les pertes. Pour l’instant, c’était secondaire.

*

L’espace autour de l’arrière-garde s’emplissait de carcasses et de débris entre lesquels flottaient des formes humanoïdes dont on ne pouvait dire de loin qu’elle était la race. Des cinq vaisseaux mentaux originaux, un seul avait survécu, vite secouru par un détachement imposant qui, lentement, repoussait les agresseurs nalcoēhuals. Deux chasseurs ennemis se lancèrent soudain dans une microtransition pour réapparaitre devant l’entrée de leur hangar d’origine, au milieu des attaquants. Ils s’y désintégrèrent, emportant avec eux l’appareil et tout son équipage. C’était évidemment un des résultats de l’intervention psychique des Forces mentales et elle ne passa pas inaperçue chez leurs adversaires. Un départ massif de salves quitta les vingt-deux engins valides du corps expéditionnaire nalcoēhual, protégeant un retour des chasseurs dont les tirs ne parvenaient de toute façon pas à pénétrer suffisamment la coque des immenses croiseurs humains.
De son poste de commandement, Laurelian leva son stylo pointeur et visa deux autres endroits sur la représentation schématique de la flotte. Ses ordres pulsèrent :
« Prévenez ici et... là. Si j’étais eux, ce serait sur notre flan avant que j’attaquerais, maintenant que notre attention est focalisée à l’arrière. »
Alors que quelques renforts affluaient vers les zones en question, une seconde vague de trente nouveaux vaisseaux nalcoēhuals apparut, très proche d’une des prévisions de Laurelian. Cette fois, ce fut une pluie de missiles qui s’abattit sur la formation à l’offensive, endommageant plus ou moins gravement les arrivants.
« Et maintenant, à notre tour de les harceler… » commenta l’amirale sur un signe de tête.
De l’arrière de la flotte, trois croiseurs se dématérialisèrent pour émerger en amont des engins nalcoēhuals et libérèrent plusieurs dizaines de chasseurs. Certes, un peu loin encore, ils n’atteindraient pas immédiatement leurs proies, mais seule la largeur de l’armada humaine permettait les plus petits bonds possible, d’un bord à l’autre, au travers des dimensions. La technologie humaine n’autorisant pas les microtransitions.
Contrairement aux chasseurs monoplaces nalcoēhuals, ceux des Mentaux emportaient deux pilotes : l’un pour la navigation et le second pour gérer les systèmes d’attaques physiques et psychiques. La seconde vague ennemie ayant subi de graves dégâts, seule une poignée d’engins de combat sortit pour intercepter les nouveaux arrivants et elle ne fit pas le poids. L’armée noire nalcoēhuale se défendit pied à pied : les trois croiseurs-porteurs essuyèrent de plein fouet suffisamment de tirs pour les neutraliser et l’un explosa, balayant les derniers chasseurs au décollage. Les premiers rapports indiquaient une quasi-impossibilité de traverser les coques des vaisseaux nalcoēhuals de quelque manière que ce soit. Laurelian reconnut ici les propriétés de ce mystérieux métal dont parlait le rapport final de QuartMac, au sujet de l’analyse des totems.
« La moitié des chasseurs va occuper les défenses ennemies, l’autre moitié doit pénétrer par n’importe quelle ouverture et lancer des attaques mentales groupées de l’intérieur pour... »
Elle s’interrompit lorsque la totalité des appareils attaquants non détruits se volatilisa, sur le flanc comme à l’arrière ! Abandonnaient-ils déjà la partie ? C’était trop simple, sauf si leurs ennemis envisageaient une couteuse stratégie de harcèlement.
« Passez en balayage à longue distance. Prévenez les éclaireurs et je veux une centralisation de tous les rapports concernant cette... »
Une seconde fois, elle s’arrêta. Une trentaine de vaisseaux nalcoēhuals étaient cette fois apparus à la verticale de son croiseur, pourtant noyé au cœur de la masse de la flotte. Elle comprit d’un coup : leurs ennemis avaient cherché d’où émanaient les ordres dans cette immense armada. Une fois le commandement localisé, une troisième vague d’assaut partait directement à l’attaque de la tête.
Elle serra les dents : la conclusion de la bataille s’éloignait, mais l’amirale était maintenant personnellement visée.


SOUTENEZ REDUNIVERSE ! - Prod: podshows, Réa: Raoulito, Relecture: JMJ, iGerard, Acteurs : rafa96 : narration, DrWolf: QuartMac, AnyaK: Laurelian, Derush/montage: guilitane/Mik180, Musiques: VG, Ian, Cleptoporte

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RedU T1 Ch27 Ep01

Red Universe Tome 1 Chapitre 27 Épisode 01 : " Totems "

Une main l’aida à se redresser, lentement. Puis, d’autres vinrent lui apporter une serviette pour essuyer son visage ou pour prendre son pouls. Enfin, on le soutint pour sortir de la cuve encore frémissante des ultimes bulles de maturation. Son épiderme assoupli ressentait les gouttes visqueuses qui glissaient pour retourner à la baignoire, tandis que son corps la quittait sans regret. Le Professeur QuartMac, dans sa nouvelle chimère, inspira un grand coup et toussa profondément, crachant dans une serviette propre les dernières squames qui obstruaient ses poumons.
Ce ne fut qu’une bonne douche plus tard, alors que ses assistants le laissaient déjeuner pour la seconde fois, qu’il put demander à sa chef d’état-major un résumé des dernières vingt-quatre heures.
Gouverneur, la défection de ces neuf croiseurs et de tous leurs équipages a déjà fait le tour de la flotte. La voix de l’officier supérieur ne dissimulait en rien son anxiété. L’inquiétude gagne chaque Mental surtout que l’on doute de... je dirais de l’honnêteté de son voisin. L’agent Stuff MacDone était très apprécié et reconnu comme une légende pour certains. Rien ne prouve que nous n’allons pas vers une nouvelle vague de défect...
Il suffit, Générale Laurelian, la coupa QuartMac d’un ton sec. Je n’attends pas de vos rapports des pleurnicheries de caserne sur la dureté de la vie !
L’officier prit une expression outrée, son visage en amande à l’épiderme laiteux soudain rougi et engoncé dans le strict uniforme noir de la nouvelle flotte. Un nez petit et fin, des cheveux noirs de jais mi-longs, une bouche charnue, mais surtout des pupilles dorées surmontées de fins sourcils interrogateurs, la grande femme mince représentait le fantasme masculin de l’inaccessible. Elle avait gagné ses galons au sein des Forces mentales à force de persévérance, les évaluations de ses instructeurs et de ses supérieurs révélaient depuis longtemps que les portes de l’état-major lui étaient grandes ouvertes. Quartmac soupira, puis se reprit :
« Comprenez-moi : nous sommes à la veille d’anéantir plusieurs millions de personnes et nous avons une dizaine de vaisseaux dans la nature, tous dangereux. Il n’est pas acceptable, en aucune manière, que l’on risque de nouveaux actes de mutinerie ou la perte d’autres croiseurs. »
Il avala rapidement son café serré et se leva. Laurelian ne put retenir un hoquet de surprise : si le visage n’avait pas trop changé, quoique nettement moins ridé, le corps avait pris dix bons centimètres et la pilosité du torse, que le peignoir entrebâillé laissait apparaitre, était étonnamment fournie. Le professeur perçut sa réaction et se retourna pour resserrer son vêtement.
Générale, commença-t-il de dos, affairé à mieux sangler sa ceinture. Vous m’aviez proposé un système de surveillance plus poussé dans la flotte, c’était dès les premiers jours de notre voyage, je crois ?
En effet, Gouverneur. Mais il a été refusé.
JE l’ai refusé, un peu pour ne pas brusquer MacDone, un peu par faiblesse, je dois l’avouer... à la vue de la situation, je pense que vous pouvez me préparer une version « rafraichie » que nous appliquerons immédiatement.
L’autre le regarda en silence. Cherchait-elle déjà de nouvelles idées ou n’avait-elle pas compris ? Quartmac saisit quelque chose sur la table du fond et se tourna enfin vers elle, deux nouveaux cafés en main.
Par « rafraichie », j’entends que nous ayons un maillage de surveillance comme en temps de guerre. Et que se passe-t-il avec les déserteurs ou les saboteurs en temps de guerre ? Tenez, prenez ce petit café, Amirale...
Merci, Gouverneur, et je ne suis que générale.
Vous êtes désormais l’Amirale Laurelian de la Flotte mentale de MaterOne. C’est vous qui superviserez toutes les troupes, quel que soit leur statut, dans cette nouvelle région de l’univers que nous allons coloniser. Trinquons à cela, voulez-vous ?
Un sourire traversa le visage de la nouvelle promue alors qu’elle entrechoquait sa tasse avec celle du professeur QuartMac. Même brulant, le café lui parut doux. Elle reprit :
J’envisageais à des « inspecteurs de la pensée », des Mentaux conditionnés, à l’endoctrinement parfait, qui sillonneraient et rencontreraient tous les membres de la flotte.
« Commissaires politiques », me semble une tournure plus... plus littéraire, je trouve. Idéalement, il en faudrait un par croiseur et les organiser en dehors de la chaine hiérarchique, à son insu si possible. Si un commandant de vaisseau se révélait être un nouveau Vo... Vigo... comment s’appelait-il déjà ?
Viggi, monsieur. Le capitaine Viggi. Je comprends l’idée et je réfléchirai à un moyen pour cela également. De toute façon, les hauts officiers seront les premiers à être testés. J’y veillerai personnellement.
L’œil étincelant, QuartMac posa sa tasse vide parmi les autres et se dirigea vers une dépendance qui lui servait de penderie. Si on ne pouvait le voir de l’extérieur, on pouvait l’entendre et il en profita pour répondre à la question silencieuse de l’amirale :
« Ce corps est plus jeune et plus endurant. Les cheveux gris que vous avez vus sur mon crâne étaient programmés génétiquement, dans le but de ne pas trop changer mon apparence. C’est une sorte d’expérience : une chimère de petit vieux résisterait-elle plus... ou moins au temps qui s’écoulait ? Le meilleur moyen de le savoir était... »
Il sortit de la dépendance, en pantalon et tenue blanche. Cette fois, on sentait sans erreur que l’homme en face était bien plus vigoureux que l’habituel professeur QuartMac. Le pas lourd, la démarche assurée, le geste vif... en fait, seul le visage ne cadrait pas parfaitement avec ce corps presque athlétique.
... d’en prendre un autre ! Vous en pensez quoi ?
Que vous ferez des ravages chez les aspirantes ! Enfin, celles qui passeront nos tests avec succès.
Laurelian se tendit tout à coup, le regard dans le vague. Ses yeux se plissèrent et elle sembla hocher de la tête. Le signal d’une alerte rouge retentit alors dans tout le vaisseau tandis que les lumières baissaient. Quartmac, à son tour, eut un haut-le-cœur devant cette silhouette sans expression, aux pupilles brillantes et fixes, soudainement auréolée d’une lueur sanguine. Il demanda simplement :
Que se passe-t-il ?
Quelque chose de très inquiétant, gouverneur. Venez avec moi au poste de commandement, les implications de ce que nous avons trouvé sont presque sans limites.

Quelques minutes plus tard, dans le centre de commandement, le professeur QuartMac et l’amirale Laurelian suivaient, incrédules, les images de la première preuve officielle d’une vie extraterrestre sous la forme des abjects totems bordant le Cercle-de-Khabit. La découverte de l'Exode était désormais connue par d'autres humains de MaterOne.
Les structures étaient composées des carcasses compressées de vaisseaux et de leurs équipages, laissés comme avertissement sans préambule pour tous ceux qui voudraient aller plus loin. Devant une telle découverte, la flotte n’eut d’autre choix que de se mettre en alerte constante et de se regrouper en attendant plus de précisions.
Suivies personnellement par QuartMac, plusieurs équipes se chargèrent de disséquer la macabre découverte durant presque deux journées standards. Leurs analyses imposaient non seulement une relecture complète des cartes spatiales, mais une réévaluation des enjeux de cette vague humaine (et mentale) de colonisation sauvage.
C’est dans son bureau, lors de la pause café du matin suivant, qu’il lâcha entre deux tartines :
« Préparons-nous à la guerre, Amirale. Il n’est pas question de reculer et nous savons désormais que les mondes à conquérir ne seront pas uniquement occupés par quelques groupes de pirates... »


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RedU T1 Ch26 Ep14

Red Universe Tome 1 Chapitre 26 Épisode 14 : " Sauvetage (2) "

« Bon sang, c’est ma chance ! Voyons si l’un de nos bonshommes de la salle des opérations peut m’ouvrir ces satanées portes. »
Stuffy éprouvait plus de mal à se déplacer dans les souvenirs des Nalcoēhuals, et même parmi les informations récentes stockées dans leurs cerveaux. C’était une chose de se connecter sur les centres optiques, c’en était une autre de comprendre des pensées structurellement différentes. Au moins, restaient-ils les émotions, plus universelles. Il fouilla donc l’esprit de chacun des soldats, cherchant ce qui pouvait représenter de l’agacement ou du danger (ce que lui-même devait leur inspirer), voire une sensation de passage vers l’intérieur ou l’extérieur (présentement le sas), quelque chose d’essentiel au navire.
Alors qu’une nouvelle série de salves quittaient le bâtiment nalcoēhual en direction des vaisseaux de la Flotte mentale, un flash illumina brièvement l’obscure clarté stellaire. Pas de doute, entre les images qui apparaissaient et les rayonnements de joie des opérateurs, Stuffy comprit qu’un des appareils mentaux était en flammes, gravement touché. Il décrochait de sa position lorsqu’une seconde déflagration fit voler en éclat sa proue, déclenchant une réaction en chaine. En quelques secondes, le fier croiseur de l’armada personnelle du chancelier Poféus se transforma en un amas de débris brulés et déchiquetés... ponctués de quelques morceaux de cadavres calcinés. Stuffy serra les dents : même si ces gars l’avaient jeté dehors, il ne pouvait ignorer sa filiation le liant aux humains... à fortiori aux Mentaux.
Mais d’où contrôlait-on la porte du hangar ?
Il poussa l’intensité de son balayage mental à la limite des capacités de l’amplificateur. Tel opérateur semblait faire partie des systèmes balistiques, tel autre suivait des jauges ressemblant beaucoup à des quantités de munitions et d’énergie. L’officier commandant, serein, déroulait des schémas dans sa tête pour sélectionner tel ou tel mode d’attaque, le doigt appuyant toutes les cinq minutes environ sur un petit bouton de son fauteuil.
« Une sécurité, mais dans quel but ? Il doit l’actionner avec régularité... je ressens que c’est très important. »
Malheureusement, ce faisant, il déclencha les systèmes de protection du vaisseau, suivis par le capitaine et également deux de ses soldats. La réaction fut d’autant plus violente que les cibles avaient l’impression d’avoir été agressées dans leur dos. Une fois encore, les boucliers de Stuffy soutinrent l’attaque, mais cela lui en couta : son amplificateur crépita lorsque ses fusibles se mirent hors circuit, preuve de l’intensité du combat. Au même instant, il sentit les deux marins de l’entrée du sas se ruer à l’assaut, pas forcément rassuré, mais avec des ordres visiblement très clairs. L’équipage coordonnait à nouveau une offensive psychique et physique contre lui.
« Et merde, ils remettent ça ! » grogna-t-il.
Il ne partageait plus l’esprit de Ralato, désormais il lui était impossible de se battre sur deux fronts en même temps ! D’un puissant balayage, il stoppa net l’avancée des deux soldats, mais ne put le maintenir : le capitaine venait d’ordonner à plusieurs sections de se joindre à l’influx agressif qui pilonnait Stuffy. Des mécaniciens et même le personnel de l’infirmerie se joignirent à l’attaque, leur flux catalysé par les amplificateurs qui parsemaient les coursives du vaisseau. Sous l’assaut, Stuffy n’eut d’autre choix que de libérer les deux marins. Ils reprirent leur progression quelques secondes plus tard : dans toute chasse arrivait le moment où l’on sentait la résistance de la proie faiblir et cela attisait la hargne de la meute. Ils luttèrent contre l’impulsion que l’agent mental leur envoya, tandis que deux nouveaux soldats, appartenant à l’artillerie, se précipitèrent pour l’hallali.
Bloquant autant que possible les attaques, Stuffy compulsa l’ordinateur de bord : que pouvait-il trouver là-dedans pour repousser des assaillants déjà pratiquement sur lui ? Il ne restait guère que la dernière balise et encore ne serait-elle tirée que dessous la capsule, contre...
« Bordel ! Mais je suis rouillé moi ou quoi ? »
Dans une ultime concentration, il envoya une puissante vague psychique qui remonta les multiples signaux, touchant ou gênant plusieurs de ses agresseurs. Cela ne lui libérait qu’une fenêtre de quelques secondes, sous réserve que les deux autres qui approchaient n’ouvrent pas immédiatement le feu.
« Ordinateur, séquence balise, maintenant ! »
L’écran afficha alors face à ses yeux la question suivante : « Le tir d’une balise est déconseillé si la capsule est posée sur le sol. Il pourrait en résulter une déchirure de la coque ainsi qu’une décompression. Voulez-vous vraiment procéder ? oui — non »
Il allait valider lorsqu’un doute s’installa : la structure déjà affaiblie de son petit astronef résisterait-elle à une explosion supplémentaire ? Une soudaine attaque psychique vrilla ses défenses qui tremblèrent, alors que les parois du vaisseau subissaient à nouveau une salve de l’extérieur. Il n’avait plus le choix : c’était la mort dans l’espace ou la mort clinique dans ce sarcophage !
Il accéda à la demande de l’ordinateur et confirma.

*

Le capitaine Viggi lançait les ordres de contrattaque à la volée, surchargeant les esprits de ses sous-officiers, mais l’ennemi était redoutable et seule une coordination sans faille pouvait permettre de le contrer. Il était installé dans son large fauteuil central, le crâne encerclé par le Rayonneur, une ingéniosité du professeur QuartMac, aidant à la synchronisation la plus précise possible de tous les commandants. Il voyait ce que tous voyaient et inversement, ils partageaient idées et stratégies ensemble, mélangeant les options à la vitesse des pensées de chacun. La destruction d’un des insurgés, déjà peu nombreux, représentait un coup suffisamment dur pour que Viggi propose aux autres officiers supérieurs de passer à ce niveau exceptionnel de combat.
En ce moment, ils occupaient l’appareil ennemi en évitant autant que possible de nouvelles pertes. Pendant ce temps, un vaisseau de l’arrière-garde se préparait à faire feu du Canon mental, une arme terrifiante capable de neutraliser n’importe qui de vivant dans sa ligne de tir, mais le problème était la mise en œuvre : il nécessitait de longues minutes pour accumuler l’intensité psychique nécessaire au fonctionnement.
Huit, il ne restait que huit équipages encore aptes à faire preuve de discernement sur le millier que comptait la Flotte mentale. Lorsque Viggi s’était aperçu de la disparition de Stuff MacDone, il avait alerté ses connaissances les plus loyales. À la suite d’un jeu de patience pour récupérer, décoder et trier les journaux de bord du navire de QuartMac, ils avaient pu relever l’éjection d’une capsule de sauvetage, peu avant une précédente Transition. Le trouble déclenché par cette découverte avait amené une petite troupe à faire sécession... la goutte de trop pourrait-on dire. De nombreux partisans restaient dispersés dans les centaines de vaisseaux, mais il n’avait pas été possible de les regrouper sans éveiller l’attention. Charge à eux de s’enfuir, quand ils le pourraient. C’est ainsi qu’ils se matérialisèrent ici, immédiatement attaqués par ce bâtiment inconnu... et redoutable.
« Déplacement en six, huit, vingt-cinq, poussée fois quatre. Refermons le piège... » pulsa-t-il, un rien d’excitation perçant dans ses ordres.
Le schéma était clair dans son esprit, comme celui des autres commandants. Malgré cette fantastique faculté à se mouvoir… non, se transférer sur de courtes distances, l’adversaire tombait droit dans le piège tendu par les Mentaux. Le signal du canon mental enfin opérationnel était déjà arrivé depuis quelques secondes et l’ennemi se déplaçait dans la bonne direction, sans se rende compte qu’on le manipulait.
Une déflagration se produisit alors à sa base et un petit objet en sortit pour s’éloigner doucement sous l’effet du souffle. Mais Viggi n’eut pas le temps de s’y intéresser plus : le rayon psychique bleuâtre traversa soudain l’assaillant, dans un tourbillon d’éclairs et d’énergie radiante. Quelques décharges électrostatique s’échappèrent encore puis... le silence.
Les secondes défilèrent.
Lui et les autres commandants, synchronisés d’une manière toute « Forces mentales », patientaient dans l’observation des conséquences du tir.
Rien ne se produisait et les minutes s’écoulaient lentement.
Rapidement, ils eurent la certitude que les hôtes du vaisseau ennemi étaient au moins sévèrement sonnés, encore fallait-il le prouver. C’est là que l’explosion du sas inférieur devenait intéressante : elle permettait de contourner la barrière de cette coque si étrange, imperméable aux sondes psychiques (et dont on ignorait la capacité à contrer le canon mental).
« Placez-nous en dessous, nous devrions pouvoir scanner l’intérieur. Que donnent les senseurs sur l’objet qui a été expulsé ? »
Il perçut le sentiment de surprise de ses collaborateurs avant même l’information : il s’agissait d’une capsule de sauvetage standard, modèle mental ! Immédiatement, il focalisa son amplificateur sur le point clignotant de l’écran et lança un appel mental :
Ici le capitaine Viggi des Forces mentales libres de MaterOne, identifiez-vous.
Bordel ! Viggi, content de t’entendre, lui répondit la voix de Stuffy. J’ai une fuite d’oxygène et l’ordinateur de bord ne fonctionne plus. Venez me chercher !
Pas d’inquiétude, on est sur vous dans quelques secondes ! Heureux de vous revoir, Chef !
On se bécotera plus tard, fais vite !
Alors que, d’une manœuvre aussi fluide que précise, le croiseur mental « avalait » la capsule de sauvetage endommagée, ce fut dans un flash que l’appareil nalcoēhual disparut en Transition.
Le commandant, mort comme tous les autres membres à bord, n’avait plus appuyé sur le bouton de sécurité depuis peu, le vaisseau avait donc basculé en pilotage automatique et amorcé le voyage de retour à sa base.

Trois quarts d’heure plus tard, ce fut un Stuffy lavé à la cheville bandée qui vint frapper à la porte du bureau du premier officier. Une simple pensée lui répondit :
« Entrez, Agent MacDone ! »
Alors qu’il passait les battants, il eut la très agréable surprise de découvrir huit Mentaux hauts gradés parfaitement alignés se tendre en un strict garde-à-vous. Un peu étonné, il rendit le salut en se tournant vers Viggi pour une explication. L’autre sourit et précisa d’une voix où pointait une réelle fierté :
Agent MacDone... nous vous offrons le commandement général de notre... modeste flotte libre !
Oh... « Flotte mentale libre » tu disais tout à l’heure ? Vous avez tous décidé d’abandonner le train de Poféus et QuartMac, c’est ça ?
Oui, Monsieur. Nous et nos équipages. Et nous sommes à vos ordres, que fait-on maintenant ?
Stuffy observa chacun des hommes. Ces soldats avaient choisi de sortir des sentiers battus pour venir le chercher, quitte à renier leur serment, dans un lieu inconnu de l’univers et loin du premier avant-poste. Il ne pouvait que les admirer en retour, même si ce n’était pas ce qu’ils attendaient de lui. L’Agent mental se redressa, adoptant un ton plus martial, comme le moment en convenait :
« Alors, messieurs, prévenez vos navigateurs : nous allons rejoindre l’Exode le plus vite possible. Notre mission est désormais d’éviter un génocide d’une ampleur inédite dans notre histoire...
... aussi, laissez-moi vous serrer la main à tous, bande de génies ! »
Et Stuffy embrassa chaleureusement chacun d’eux, entre rires et accolades. D’une manière incroyable, s’il était encore en vie, c’était d’abord grâce à eux...
...et aussi un peu de chance, il fallait l’avouer. N’avait-il pas un jour raconté à Ralato qu’il s’agissait de la force la plus puissante de l’univers ?

Fin du Chapitre


SOUTENEZ REDUNIVERSE ! - Prod: podshows, Réa: Raoulito, Relecture: JMJ, iGerard, Acteurs : Rafa96: narration, Leto75: Stuffy Ackim: Viggi Derush/montage: iGerard/Ackim, Musiques: VG, Ian, Cleptoporte

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RedU T1 Ch26 Ep13

Red Universe Tome 1 Chapitre 26 Épisode 13 : " Sauvetage (1) "

L’attaque psychique éprouva ses boucliers, mais ils tinrent bon. Stuffy n’en revenait pas, car ses assaillants nalcoēhuals s’y étaient pourtant mis à trois pour tenter de percer ses défenses : QuartMac avait, sans le vouloir, trouvé un moyen de démultiplier la puissance des Mentaux. Il riposta, remontant jusqu’à la source ennemie et endommagea gravement la psyché d’au moins l’un des extraterrestres, tandis que les deux autres resteraient au tapis pendant plusieurs heures.
L’Agent mental se protégeait, agenouillé derrière sa capsule, dans le large hangar où il avait été capturé. Usant sans retenue de l’arme volée dans le laboratoire où il s’était réveillé, il repoussait les assauts physiques et psychiques de l’équipage. À défaut d’avoir pu trouver des vêtements à sa mesure, il portait une ample chemise dissimulant quelque peu sa nudité.
Un calme précaire s’abattit sur la scène tandis que les Nalcoēhuals tentaient visiblement de se réorganiser. Stuffy regarda autour de lui : la chance avait voulu qu’il n’existât qu’un accès à cet endroit, un sas central que le feu de son rayonnant permettait de parfaitement protéger, comme ses ennemis l’avaient découvert pour leur malheur. Néanmoins, c’était une voie sans issue, car l’unique chemin pour s’échapper se trouvait sous ses pieds : les portes extérieures. Inutile de préciser que seuls ses assaillants pouvaient les ouvrir, que ce n’était pas dans leurs intentions et qu’une capsule de sauvetage n’était pas armée, sans moyen d’en forcer le passage.
« Ils veulent me prendre vivant, apparemment. C’est ta chance mon Stuffy... », se dit-il en tirant un coup de semonce aux pieds d’un matelot extraterrestre un peu trop téméraire.
Un clignotement à la base de la crosse de son arme attira son attention. Aucune explication, sinon que plusieurs petits emplacements situés avec régularité au-dessus demeuraient éteints.
« Ça, c’est une jauge, constata-t-il simplement. Je suis à court de munitions et merde ! »
Il se savait encore capable de repousser plusieurs vagues d’assaut rien qu’avec ses pouvoirs mentaux, mais combien de temps cela durerait-il ? Et s’ils décidaient d’abaisser la pression atmosphérique dans cette salle, il n’aurait plus d’autres choix que de s’enfermer dans la capsule... qui elle-même connaitrait la fin de ses batteries à plus ou moins longue échéance.
Il laissa la paume de sa main glisser sur les écorchures extérieures de son appareil de secours. Les engins nalcoēhuals avaient tenté de forcer l’accès avant qu’un petit génie ne pense à appuyer sur le gros bouton rouge immanquable à la base de la structure, pour activer l’ouverture. Quelles seraient ses chances de survie au-dehors si l’intégrité de la capsule était endommagée ? De toute façon, la présence de ce vaisseau extraterrestre avait été miraculeuse et, sous réserve qu’ils décident de l’abandonner sans l’atomiser en partant, la solitude spatiale aurait eu raison de lui, in fine.
« Aucune issue sauf la mort ou la reddition. Tu parles d’un choix génial », se murmura-t-il à lui-même.
Sans conviction, il profita de l’accalmie qui se prolongeait pour faire un balayage passif aussi large que possible des forces déployées du côté des Nalcoēhuals. Il savait déjà que cinq soldats bloquaient l’entrée et... ah non, deux seulement ? En fait, perdu dans ses pensées, il n’avait pas remarqué que l’équipage s’était dispersé, chacun étant visiblement revenu à son poste. En se concentrant plus, il pouvait même ressentir une appréhension grandissante chez ses ennemis, quelque chose les inquiétait franchement !
Il éprouva alors une courte sensation de dédoublement, signe que l’on venait de passer en Transition. Mais Stuffy tiqua :
« C’était très court, on ne doit pas être allé bien loin et... »
Un tremblement parcouru la coque du vaisseau nalcoēhual, suivit d’un second, livrait-on bataille ? Il balaya autant que possible les alentours, mais rien n’y fit : les parois bloquaient son signal mental.
« L’amplificateur de la capsule ! » s’exclama-t-il en déclenchant l’ouverture.
Sans parler du radar qui pourrait apporter des infos, il y avait une chance qu’il puisse percer ce maudit rempart. Nouveau tremblement, les tirs se faisaient de plus en plus proches, mais pourquoi l’appareil nalcoēhual ne battait-il pas en retraite ? Plusieurs passages en Transition très rapide se succédèrent alors que des salves de ripostes fusaient. Plus aucun doute n’était possible : un combat se déroulait en ce moment à l’extérieur.
fit le coffrage de la capsule en se refermant sur Stuffy. Immédiatement, l’ordinateur de bord s’initialisa, activant tous les censeurs. Bien plus ouvert aux ondes radars depuis l’intérieur, le vaisseau livra quelques-uns de ses secrets. Les résultats confirmaient par exemple ce que Stuffy avait supposé : ce n’était pas un gros engin, à peine plus grand qu’un croiseur léger. Il pianota encore un peu, élargissant la zone de recherche. Malheureusement, la coque bloquait le passage des signaux dans l’autre sens également.
Il lança de nouvelles commandes et les diodes de l’amplificateur sortirent de leurs écrins pour venir se poser doucement contre sa boite crânienne. Un ronronnement monta dans sa tête puis s’atténua, indiquant qu’il pouvait commencer à émettre.
« Ici l’agent Stuffy des Forces mentales de MaterOne. Si vous entendez ce message, répondez-moi ! »
Il attendit quelques secondes, mais aucune réaction ne lui parvint. Rien, sinon un lourd tremblement qui se répercuta jusque dans la capsule. Les systèmes de blocage du signal psychiques résistaient à ses amplificateurs, même depuis l’intérieur. Retour à la case départ.
« Putain, quel con ! Pourquoi n’y ai-je pas pensé plus tôt », s’invectiva-t-il à haute voix ?
S’il ne pouvait franchir la barrière de la coque, il avait toute latitude pour balader son esprit à l’intérieur du vaisseau et ceux du poste de pilotage avaient forcement accès à toutes les données. S’il avait réussi à obliger son geôlier à le libérer, il devait pouvoir récupérer des informations dans les cerveaux de ceux qui contrôlaient ce vaisseau.
Il se concentra... et les trouva assez vite. Ils étaient six opérateurs et un commandant au centre de l’engin, assis en cercle devant une sorte d’écran holographique affichant schémas ou images de l’extérieure. Les ordres fusaient et tous agissaient en fonction. Sans difficulté, il put contourner les barrières psychiques de l’officier supérieur et suivre ce que ses yeux voyaient. C’était étonnant qu’une telle race, habituée aux pouvoirs mentaux depuis longtemps, ne soit pas plus aguerrie que cela aux subtilités mentales.
La relative nouvelle puissance de son corps n’expliquait pas tout.
Revenant au présent, il dénombra neuf assaillants sur le mur holographique. Des bribes qu’il comprenait dans l’esprit du commandant, le vaisseau nalcoēhual s’en sortait très bien et restait sur la zone pour obtenir suffisamment d’information, utilisant des capacités de Transition exceptionnelles pour tester leurs ennemis.
« Okay, vous êtes très forts, murmura Stuffy du fond de sa capsule, maintenant montre-moi qui est en face. Allez, gentil commandant, tu peux le faire, vas-yyyy... »
Plusieurs appareils adverses s’affichèrent alors sur la gauche et le cœur de l’Agent mental se serra : il s’agissait sans aucun doute de croiseurs de la Flotte mentale !


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