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La plus grande saga intergalactique jamais racontée en podcast

raoulito

Des réfugiés vont découvrir les secrets enfouis sous des années d’oublis et de honte. Confrontés à des choix et des conflits sur leur modèle de société, ils avanceront vers leur but ultime, là où se concentrent leurs espoirs : la planète rouge. Chapitres entiers http://reduniverse-chapitres.podcloud.fr Chapitres spéciaux http://reduniverse-speciaux.podcloud.fr Et pour plus d’immersion, les livres illustrés http://reduniverse.fr/livres-numeriques/

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RedU T1 Ch15 Ep09

Retrouvez Red Universe aux Joutes du Téméraires, le 15 & 16 Novembre à Nancy ! L’équipe y tiendra un stand dédié à votre série préférée, et vous proposera une édition spéciale remontée, remixée et remasterisée des nouveaux Chapitres 1 & 2 ( ceux en livre numériques ). Elle ne sera disponible que pendant la durée des joutes !

Alors ne manquez pas l’occasion !

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Vernek Junta marchait nerveusement en direction de son bureau, débordant de colère. Un évènement dramatique se produisait à quelques centaines de mètres et tout ce qu’il lui importait était que l’on réponde à ses appels.

Comment Onawane pouvait lui faire cela ? C’était la première fois qu’une telle chose arrivait. Elle était sa soeur, ils avaient connu une réelle complicité, que ce soit avant ou après la mort de leur père. D’accord, il lui avait caché l’existence des artéfacts et de l’appareil inconnu, mais c’était à la demande du général Décembre. 

Junta tourna sans réfléchir à l’angle du corridor menant à son bureau. Il manqua de tomber à la renverse en traversant son propre fantôme qui reproduisait une scène antérieure d’une trentaine de minutes. Sauts temporels et distorsions sauvages étaient de plus en plus fréquents ces dernières heures. Non seulement cela posait des problèmes pour la sécurité des artefacts, mais c’en devenait même horripilant en soi : un de ses hommes était tombé à la renverse en voulant s’assoir sur le « fantôme » de son fauteuil qui avait été déplacé un peu plus tôt. Certes, ces mirages n’étaient pas dangereux en tant que tels, mais ils touchaient le moral de l’équipage… et le sien. Il traversa la porte hermétique de son bureau et referma derrière lui. Vivement que cette traversée de la Passe se termine, entre Onawane qui prenait des décisions irréfléchies et ces distorsions de…

Il stoppa net et tendit l’oreille. Il reconnaissait le silence de son bureau habituellement brisé par le tic-tac régulier de l’horloge, mais désormais autre chose le troublait. Il ne pouvait dire quoi, car l’atmosphère y avait progressivement évolué ces derniers jours. Toutefois, son sixième sens lui hurlait désormais la présence d’un danger. En était-ce vraiment un ? Non… c’était différent. Il avança prudemment jusqu’à son fauteuil, épiant tout recoin un peu sombre, scrutant chaque position d’objet. Quelque chose avait changé, il en était convaincu à présent, et les rayons de lumière de la lucarne, témoins des passages de dimensions durant les transitions, ne faisaient qu’exacerber les ombres menaçantes de la pièce. Il s’assit prudemment sur le cuir épais qui l’accueillit comme à son habitude. D’un geste lent, il activa la petite lampe du bureau et attendit, les yeux fermés. Que se passait-il ?

Il ouvrit les yeux : toute la pièce sembla se dédoubler, comme une télévision mal réglée, déformant l’espace puis… plus rien, tout redevint à nouveau trompeusement normal. Encore une distorsion. Pris d’une intuition, il se retourna face à l’horloge de son père. Elle égrenait les secondes, comme toujours. Son tic tac régulier rythmait imperturbablement la vie de cette pièce depuis plusieurs mois maintenant. Rien d’anormal ici non plus. Revenant vers son plan de travail, Vernek se sentait désemparé. Etait-ce un effet des spasmes du Temps que leur offrait Magellone ? Personne ne se trouvait ici avec lui, rien n’avait bougé, tout était parfaitement à sa…

Brusquement il se retourna à nouveau face à l’horloge : quelque chose avait bel et bien changé ! Il venait seulement de réaliser que la photo de son père, de sa sœur et de lui n’était plus là. La poussière n’avait pas bougé, on voyait parfaitement la trace laissée par le rectangle de papier.

Un nouvelle distorsion sauvage, violente, traversa le vaisseau. Le siège de Junta glissa, ou était-ce lui qui s’était déplacé ? Il tomba lourdement sur le sol et l’impact fut douloureux sur sa hanche. Les distorsions empiraient.

« C’est cela que tu cherches, Vernek ? »

À quatre pattes, Junta releva la tête. Debout devant lui se tenait un homme en costume sobre, une chemise blanche entrouverte. L’odeur de pipe titilla les narines du politicien, la voix fit tressaillir ses tympans. Les yeux de Junta s’agrandirent, incrédule. L’autre tenait dans ses mains la petite photo, son regard était humide sous le coup d’une grande émotion.

« Cette période de notre vie me manque, tu sais ?


  • P… papa ?

  • À ton avis ? Relève-toi grand nigaud, laisse-moi t’aider.

  • Mais comment..? Les illusions de la Passe… tu n’es qu’une illusion de mon esprit.

  • Oui, si tu veux, maintenant attrape ma main. Voilà.. hop ! Tu as pris du poids, tu n’es pas une illusion toi en tous cas ! C’est bon de te revoir. »

Le politicien détailla le visage de l’homme qui prétendait être son père. Il glissa ses doigts sur ce visage dont les traits ressemblaient tant à ceux de ses souvenirs. L’autre se laissa faire, fixant à nouveau la photo. Ses yeux se baladaient sur l’image au rythme des battements de l’horloge.

« Ta sœur n’en fait qu’à sa tête comme toujours ?


  • Papa, je… je… je ne sais pas quoi dire. »

 

L’autre sourit, posa la photo sur la table et se dirigea vers le petit meuble à coté du canapé. Il en sortit une flasque de whisky ainsi que deux petits verres et s’installa dans les coussins moelleux. Pas un mot, juste un regard d’invitation.

« Qui que soit ce bonhomme, il connait parfaitement bien toutes les mimiques de mon père. » Se dit Junta en allant prudemment s’assoir aux cotés de son invité, proche de la trappe cachée contenant revolver et chargeur.


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Prod: PodShows
Réa: Raoolito
Relecture: Icaryon, Arthur R, Adastria
Narration: Andropovitch
Acteurs:
Junta (Arthur)
Père de Junta (Tristeur)
Compo: Ian
Montage: Numa

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RedU T1 Ch15 Ep08

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A bord du transporteur n°2, l’évènement tant redouté était arrivé. Dans un rapport préliminaire urgent, le lieutenant-colonel Onawane avait été informé qu’il ne restait, au plus, qu’une dizaine d’heures avant la rupture de stock totale de calmants et anesthésiques. On y expliquait clairement que la panoplie complète des produits utilisables avait été testée et, si possible, consommée. Plus de quatre cents malades se trouvaient dans le centre de soin, et chacun allait devenir un fauve d’ici quelques heures. 

Cette fois-ci, elle ne venait plus rendre une visite de courtoisie. Onawane marchait à la tête d’une troupe de commando accompagnée d’un détachement de la milice. La mission était simple : sécuriser la zone de l’hôpital d’urgence, la vider de tout le personnel médical et… sceller les entrées. Vernek pourra faire toutes les récriminations qu’il voudra, il n’était pas ici, au beau milieu d’un drame en devenir. Blame et ses équipes n’avaient pas trouvé de remède permettant de baisser les concentrations ou les effets de la liqueur de Lamprasine, et pourtant le médecin avait travaillé sans relâche les soixante-douze dernières heures. Le chronomètre ne s’était pas arrêté pour autant, et on en arrivait à la fin. Peut-être qu’un jour on saura pourquoi la Passe interagissait avec la molécule, quels effets induits les malades ressentaient, comment on pourrait les soigner ? D’ici là, ses miliciens fouillaient tous les lieux de culte Octote, à la recherche de la plante nouvellement interdite à bord du transporteur. Dans le doute, on allait jusqu’à sceller des places, assurer des rondes de garde, procéder à des analyses et confisquer à tout va. Mieux valait une demi-tonne de sirop de chêne-érable en trop qu’une seule fiole de liqueur manquée. Le résultat en avait été spectaculaire : seuls deux nouveaux cas avaient été rapportés le jour précédent et pas un seul aujourd’hui malgré l’heure tardive.

 

En vue de la grande porte blindée, Onawane stoppa net. L’équipe censé être de garde avait été refoulée et, devant elle, le docteur Blame, tout le personnel infirmer et de nombreux civils bloquaient l’entrée. Ils s’étaient tous attachés les uns les autres avec des menottes, des cordes, des élastiques. Evidement, à bord, tout le monde se surveillait et le médecin en chef avait eu vent de son arrivée.

« Ne faites pas cela Commandant ! Ce n’est ni une solution, ni un espoir de solution ! Cria-t-il à l’intention de la jeune femme.


  • Libérez le passage Docteur Blame. Je ne suis pas venue parlementer, vous connaissez aussi bien que moi la situation.

  • Oui je la connais bien ! Nous pouvons trouver des méthodes pour rationner un peu plus encore nos injections. Il y a de nombreuses substances que les habitants de ce transporteur possèdent dans leur pharmacie et qui pourraient nous être utile. Ce n’est PAS une  fatalité ! »

Le commandant observa la scène. Ils étaient nombreux, et tous attachés. Pour les déloger, il faudra une action bien au-delà de ce que les troupes qu’elle avait amené avec elle pourraient réaliser. Chuchotant quelques mots à un sergent à ses cotés, elle le laissa partir en courant tout en s’avançant vers le groupe barrant le passage. Derrière elle ses hommes se mettaient en place, s’alignant arme au poing.

Un dédoublement furtif de la scène la prit au dépourvu. Tout tourna moins que l’espace d’une seconde puis revint dans l’ordre. Maudites distorsions sauvages.

« Docteur, je ne suis pas là pour discuter le sujet. Je vous donne une minute pour commencer à évacuer ou nous serons obligés d’utiliser la force.


  • Allez-y Colonel, ne vous gênez pas ! Envoyez-nous vos chiens de guerre, je suis certain que cela intéressera les journalistes qui nous filment en ce moment. »

Dans la direction indiquée par le médecin, on pouvait voir plusieurs caméra qui filmaient sans doute en direct, retransmettant la scène vers les deux transporteurs. Vernek était certainement déjà en train d’essayer de la joindre. Faire saisir le matériel et arrêter les journalistes ? Difficile à justifier, même si l’idée lui plaisait bien. Non, ce rusé de Blame avait bien calculé son coup, et il ne restait plus beaucoup d’options. Elle s’approcha de lui, faisant un geste d’apaisement aux soldats derrière elle.

« Que voulez-vous ? Vous savez bien que les solutions que vous proposez reposent sur des hypothèses et des suppositions. D’autres malades arriveront encore les prochains jours, malgré nos efforts. Ne devrait-on pas garder nos derniers stock pour tenter de les sauver eux, plutôt que de les dilapider avec des condamnés ? »

L’autre avait senti que la militaire tentait de trouver une solution sans heurts. S’il arrivait à la convaincre, ce serait gagné.

« Mon Commandant, il est de notre devoir à tous deux de protéger les exodés. Mourir entre ces murs de métal n’est pas une destinée acceptable pour eux, elle ne devrait pas l’être pour vous non plus ! Dans huit jours nous arriverons à destination, huit petites journée avec un nombre de nouveaux malade qui sera très réduit.

Les réserves d’opiacés de notre vaisseau ne sont pas une hypothèse, déjà on m’a rapporté une caisse de morphine cachée chez une famille de drogués. Elle peut nous faire tenir une demi-journée supplémentaire, à elle toute seule !


  • Et après ? Quand on ne trouvera même plus un sucre à diluer dans les poches de glucose de vos patients, qu’arrivera-t-il ? »

L’autre avança d’un pas, son visage à quelques centimètres de celui d’Onawane. Baissant la voix d’un ton, à la limite du chuchotement, il ajouta :

« Je sais que vous avez mobilisé les quelques caisses de gaz incapacitant de l’armurerie. Correctement utilisées, nous pourrions gagner plusieurs jours encore. C’est possible, Commandant ! »

L’expression du lieutenant-colonel changea subtilement. Le praticien savait qu’elle avait confiance en lui, il jouait là-dessus. Et on ne pouvait décemment pas mettre en danger tout le personnel médical avec une attaque en force. Surtout pas sur ce vaisseau, pas après ce que tous avaient vécu ici.

« Je vais vous donner quelques jours supplémentaires Blame. Ne les gâchez pas. » Se retournant vers ses troupes, elle ajouta. « Arme aux pied, formez deux rangées, sécurisez le couloir. ». Puis elle s’éloigna.

Le Docteur Blame se précipita pour ouvrir ses menottes, montrant l’exemple à tous les manifestants :

« Le commandant nous donne un sursit ! Libérer le passage, nous avons du travail ! »

Une nouvelle distorsion fit apparaitre fugitivement un soldat masqué courant vers eux, il s’évanoui dans l’éther presque aussi vite. D’abord surpris, tous rirent de bon cœur devant l’apparition. Il fallu plusieurs minutes pour que tout le monde soit détaché, et encore plusieurs pour que le groupe entier se soit dispersé. Déjà le médecin et ses assistants se dirigeaient vers le laboratoire, échafaudant des théories tout en marchant.

Les premières grenades lacrymogènes fusèrent alors dans les corridors, immédiatement suivies de soldats et miliciens en masques à gaz. Dès les premières secondes, un détachement de cinq militaires les plaquèrent au sol et ils furent trainés vers la grande sortie. Ses yeux le brulaient, la fumée incapacitante prenait à la gorge tout le monde et des scènes semblables se déroulaient dans tout l’hôpital d’urgence. La résistance était faible, ridicule : que pourraient faire des infirmières ou des médecins en plein brouillard lacrymogène, face à des soldats entrainés et bien équipés ? Tout le monde était prit au dépourvu. À l’extérieur de la zone médicale, on avait fait avancer une série de véhicules de transport, destinés à l’évacuation. Devant celui où l’on emmenait Blame, se trouvait Onawane. Martiale.

« Vous.. vous m’avez dit que.. kof !… un délai… kof ! » tenta-t-il de bredouiller au milieu de ses larmes et de ses poumons brulant.

« J’ai menti Docteur. La sécurité de ce transporteur est en jeu, il n’est pas question d’honneur ou de parole. Vous comprendrez peut-être un jour. On vous a assigné un nouveau centre et une section spéciale s’occupe en ce moment du contenu de votre laboratoire. Nous nous reverrons plus tard. Allez-y ! »

Et les deux soldats qui maintenaient le médecin le montèrent à l’arrière du véhicule, prenant bien soin de s’assoir de chaque coté de lui.

Onawane regardait les journalistes filmant la scène, avidement. Ils jubilaient presque. Qu’ils filment bien tout, et que le message passe clair et net dans toutes les communautés : l’ordre régnera sur le transporteur n°2, quel qu’en soit le prix.

 

Elle regarda sa montre : dans douze minutes, les équipes de maintenance arriveront pour souder l’entrée. Puis on évacuera tout le personnel non indispensable, et on apportera les redoutables cartouches de CX, un gaz militaire incapacitant.

Encore douze petites minutes…


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Prod: PodShows
Réa: Raoolito
Relecture: Icaryon, Arthur R, Adastria
Narration: Icaryon
Acteurs:
Onawane (Istria)
Dr Blame (Akira)
Compo: Ian
Montage: Bleknoir

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RedU T1 Ch15 Ep07

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Sur Tb-01, la géante gazeuse au cœur de la nébuleuse de Talbot, le centre culturel et financier des Triades Souriantes et du Lithium, Ralato vivait un moment assez déconcertant. Il se posait une question qui ne lui était encore jamais passée par la tête : mais quel fonctionnaire stupide, quel nobliau trop pressé de paraître fort, quel roi en quête de légitimité avait bien eu l’idée saugrenue d’interdire l’archéologie ? Là, assis sur la paillasse de l’arrière boutique d’une échoppe, au milieu d’un étouffant brouillard parfumé d’encens, il écoutait les paroles d’une vieille chose fripée lui racontant un passé improbable, maudissant l’absence de toute recherche lui permettant de se faire une opinion.

Lorsqu’on était venu le récupérer à la limite de l’asphyxie sur la plateforme échouée, son premier ordre avait été de décréter la Loi Martiale sur toute la planète. Les troufions sortirent de leurs confortables casernes pour établir des check-points sur les grands axes et passer au peigne fin les candidats au voyage extra-planétaire. On ressortit même deux vieux croiseurs pour patrouiller en orbite et interdire tout vol non autorisé au préalable. Malgré cela, Monsieur Heir, son élève Myan et le vieux chef Souriant demeuraient introuvables, sans doute protégés par les triades et terrés quelque part en attendant une accalmie. Mais Ralato n’allait pas la leur offrir. Fort d’un ordre de mission spécial signé de la main même du Contre-amiral Poféus, il entreprit de frapper au coeur de la fourmilière : les trafics de nuage de miel et de Lithium de contrebande.

« J’adore quand tu fais ton justicier, mon grand Ralato. Tu as beau jouer les fachos de bas étages, c’est ce premier rôle qui te convient le mieux ! »

Stuffy était un ancien collègue, un ami avec lequel il s’était déchiré, tous deux ayant choisi un camp opposé. Maintenant liés involontairement par l’esprit, les deux hommes avaient fini par se retrouver, faisant front commun face aux redoutables triades et à Monsieur Heir, le mental membre du Conseil de la révolution et postulant au titre de chancelier suprême de MaterOne.

Ils avaient directement guidé les perquisitions, les coups de main et les poses de scellés. De mémoire de Souriant, jamais un tel ouragan ne s’était déchainé dans le cœur historique de leur communauté. Les interrogatoires succédaient aux arrestations et pour la première fois depuis bien longtemps, les gros et gras patrons de la pègre du Lithium prirent peur. Le lieutenant n’hésitait pas à faire appel à ses sondes mentales qui, démultipliées par les interventions de Stuffy, ne permettaient plus à aucun secret de leur échapper, même sous Boramol, la molécule anti-mentaux.

« Ouais, et c’est là qu’on a découvert le premier pot aux roses : le coup des anciens tunnels abandonnés dans les rochers flottants. Ceci dit entre nous, ce n’était pas bête du tout d’y dissimuler des marchandises ! Et là encore tu ne m’as pas écouté : Monsieur a préféré la manière forte avec tambours et trompettes, histoire d’épater la galerie ! »

Stuffy, toujours à intervenir avec ses remontrances de vieille mamie.

« Quand on voit l’accueil qu’on nous y a réservé, c’était même insuffisant !  Tu te souviens des lance-flammes qu’on a dû improviser pour en finir avec ces tarés ?! Pour protéger leur butin, ils avaient mis les plus fanatiques, leurs troupes d’élite.


  • Mais c’est qu’il y en avait pour des milliards là-dedans ! Des kilomètres de galeries remplies de bidons de nuage de miel et de Lithium camouflés sous des appellations plus fantaisistes les unes que les autres.

  • Ha oui ! Tu te souviens de ceux référencés comme Or liquide ? C’est impossible qu’un quelconque douanier puisse laisser passer cela sans vérifier. On a bien une cascade de corrompus pour en arriver au consommateur final. C’est sur MaterOne qu’il faudrait frapper, une fois assainie la situation ici.

  • Oui, ben bon courage, on en est encore loin. Mais surtout, les découvertes suivantes ont un peu effacé tout le reste. »

 

Au plus profond des galeries du gigantesque rocher qu’ils venaient de prendre d’assaut, Ralato et ses hommes avaient découvert un champ de Lamprasine, un des composants principaux du nuage de miel. Cette plante ne poussait que dans la nébuleuse de Talbot, alors qu’eux-mêmes ne pouvaient vivre sans porter de masque à oxygène. Les surfaces solides étant ce quelles étaient sur une géante gazeuse, personne n’avait jamais réussi à comprendre d’où elle pouvait provenir. Cette découverte était donc à mettre dans les annales de la lutte anti-drogue.

«  Abrège. Il y avait bien plus étonnant que ce champ de plantes hallucinogènes là-bas. Les traces d’excavations de ces tunnels plus grands que les autres, leur forme générale triangulaire et même ces espèces de vasques destinées à recueillir la liqueur de Lamprasine. Ce champ de Lamprasine était très ancien.


  • Oui, bien trop ancien pour être contemporain à l’arrivée des Souriants telle que l’Histoire nous l’enseigne. Et personne ne répondait à nos questions ! Même sous sonde mentale, tout le monde ignorait l’origine de ces galeries. L’analyse au Lithium 111 n’a, elle, donné qu’un résultat approximatif.

  • Approximatif ?! Ralato, on a la preuve que ça a été creusé, au moins, il y a plusieurs milliers d’années, bien avant les cinq cents dernières qui avaient vu l’arrivée des colons ! Mais comme l’archéologie est opportunément interdite, personne n’a jamais été s’inquiéter du problème. Jusqu’à ce qu’on nous parle de ce petit vieux qui connaissait les légendes. Et qui est devant nous.

  • Oui, jusqu’à son histoire. Bon allez, de toutes façons c’est sa parole contre…

  • Contre rien ! Il ne reste aucune trace de quoique ce soit dans quelque archive que ce soit. Je ne crois pas aux coïncidences : ça a été voulu tout cela, j’en mettrais ma main à couper.

  • Tu n’en as plus je te rappelle. Allons-y, notre bataille n’est pas terminée. Je veux connaître les circuits financiers pour ce lithium de contrebande, et nous ignorons toujours beaucoup de choses au sujet de Paul, de la valise qu’il a livrée et de l’implication des mutualistes dans cette histoire. Mon intuition me dit que Heir est au bout de ces réponses. »

Le lieutenant se releva, salua le souriant et sortit de l’échoppe. A peine passé l’encadrement de la porte, deux adolescents shootés au Boramol se jetèrent sur lui armés de couteaux rituels, du même genre que ceux qui avaient servis à égorger les agents des affaires mentales, en banlieue de MaterOne Centrum. Ralato fut sans pitié, d’autant qu’il les avait repérés depuis un bon moment. À force d’en attenter à sa vie, il en venait à développer un ressentiment anti-souriant viscéral.

 

« On fait quoi du petit vieux ? »

Demanda Stuffy, une pointe d’angoisse dans la voix. Même si l’excitation du combat plaisait à l’ancien agent des forces mentales de MaterOne, il n’était pas un tueur de sang froid, contrairement à Ralato.

« On le fera arrêter. Mais je veux le garder sous la main. »

Tranquillement le lieutenant reprit son chemin vers les véhicules militaires qui l’attendaient. A destination de son équipier involontaire, il ajouta une petite explication :

« Ce n’est pas tous les jours que quelqu’un raconte qu’il y aurait eu du monde avant nous sur MaterOne… »


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Narration: Andropovitch
Acteurs:
Luciole (Stuffy)
Raoolito (Ralato)
Compo: Ian
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RedU T1 Ch15 Ep06

Évènement Mardi soir: mise à jour des livres Red Universe sur toutes vos plate-formes préférées :)  Chapitre IV et Chapitre IV Spécial (mini-série) seront ajoutés.
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MaterOne Centrum.

Le feu crépitait dans l’âtre de la cheminée du salon. Dehors, une pluie fine ruisselait sur les carreaux de la grande vitre tandis que le serveur apportait déjà le thé au jasmin qui allait embaumer la pièce. Le Contre-amiral Poféus attendait, debout, le regard perdu dans les ombres dansantes des bâtiments de la capitale en cette fin d’après-midi grise. Calande était en retard. Ce n’était encore jamais arrivé.

À cet instant justement, la porte s’ouvrit sur la petite femme, le bas de son pantalon encore humide. 

« Veuillez m’excuser Angilbe, les embouteillages de cette fin de semaine m’ont prise au dépourvu. J’espère que votre attente n’a pas été trop longue ?


  • Non.

  • Je vois que vous avez précédé mes petites manies ? Merci pour le thé, asseyons-nous je vous en prie. »

La psychologue ne laissait rien transparaître d’un quelconque trouble ou appréhension. Peut-être qu’il ne s’agissait que d’un banal retard comme elle le prétendait, mais tout en s’installant dans le fauteuil face à elle, Poféus ne pouvait s’empêcher de se poser des questions.

« Avez-vous reçu les résultats des analyses que vous m’aviez demandé ?


  • Tout à fait, ils sont conformes à ce que j’attendais.

  • Et vous attendiez quoi exactement ? »

Ce retard l’intriguait au plus haut point. Dans les milieux du pouvoir, les plus infimes indices de trahison pouvait se trouver dans d’anodins  événements tels que celui-ci. Peut-être avait-elle été contacté par un de ses ennemis qui l’avait, d’une manière ou d’une autre, transformé en espionne ? Ou peut-être que les résultats de l’analyse avaient été si graves qu’elle n’osait pas en parler de peur de perturber leurs futures séances, voire les annuler et perdre ainsi un joli pactole ?

Non.

Calande Rorré n’était pas de ce genre-là, il le savait. Si elle lui cachait quelque chose ce ne serait que pour son bien à lui, même s’il appréhendait cette idée de faire confiance à quelqu’un.

« Angilbe, arrêtez de me dévisager comme cela. Ce n’était qu’un simple retard, inutile de tourner et retourner le problème dans votre tête.


  • Qu’est ce qui vous dit que je pensais à cela ?

  • Votre manière de me regarder. Il n’y a que deux circonstances où l’on observe une personne de cette manière, et la seconde est un grand doute renfermé.

  • Dans mon monde, ce genre de chose arrive plus souvent qu’on ne le pense. Soit, je vous crois. Tâchez à l’avenir de prévenir pour tout retard.

  • Comme il vous plaira. Mais puisque l’on parle de cela, savez-vous quelle est la première circonstance où l’on regarde une personne comme vous venez de le faire ?

  • Une antipathie profonde ?

  • Presque ! Un amoureux transi. C’est l’autre face de la médaille. »

 

Un morceau de bois claqua dans le foyer, projetant de petits morceaux rougeoyant un peu partout autour des braises. Poféus plongea son regard dans les flammes ; cela faisait longtemps qu’il n’avait pas été surpris ainsi par une réponse. Une fois de plus, cette femme savait le décontenancer. Ses mains, toujours glacées par le passé, avait retrouvé un peu de leur chaleur ces dernières semaines, au point que ses mignons ne tressaillaient plus aux premières caresses.

« Non, je peux vous assurer qu’il ne s’agit pas de ce genre de circonstance-là.


  • Fort heureusement, nous ne pourrions poursuivre nos séances, sinon. Parlez-moi un peu de vos relations sentimentales, Angilbe.

  • Est-ce vraiment utile ? Il n’y a personne, point. Je suis un célibataire endurci.

  • Aucune relation, même éphémère ? Les humains sont plutôt sociaux en général. Une présence peut souvent aider à accepter le quotidien.

  • Je ne suis pas fait du même métal que les autres, Calande. Croyez-moi.

  • Mmmhmm… »

 

La jeune femme griffonna quelques notes sur son calepin. Comment pourrait-il lui avouer qu’il passait plusieurs nuits par semaine avec de jeunes garçons tout juste pubères complètement drogués, qu’il les faisait exécuter et disparaître au petit matin ? Pire, il lui arrivait de les étrangler, les étouffer personnellement, et cela décuplait ses orgasmes, quoique moins souvent qu’il l’aurait voulu.

Légalement il serait du devoir de la psychologue de le dénoncer, et plus jamais il ne pourrait la revoir. Non, c’était hors de question qu’elle sache quoique ce soit sur ce sujet.

« Vraiment, je vous assure, je n’aime pas la chair, c’est ainsi.


  • Pas même les jeunes garçons ? »

 

Silence.

Une bourrasque souffla quelques secondes sa colère dehors, appesantissant par contraste l’atmosphère de la pièce.

 

Elle l’avait dit comme cela, comme si de rien n’était. Comme une simple information qu’il suffisait de noter sur une feuille de papier. Ses doigts osseux serraient le cuir du fauteuil, les veines saillant sur le haut de ses mains et il devait déjà s’empourprer comme un… enfant pris en faute.

« Je.. je ne vous permets pas !


  • Ce n’est pas une honte Angilbe. Chaque être humain trouve les affinités qui lui correspondent le mieux, là où lui seul pourra les apprécier.

  • Mais arrêtez ! C’est un ordre !

  • Un ordre ? Vous n’avez pas d’ordre à me donner, je vous le rappelle. »

Le contre-amiral se leva et de toute sa hauteur, domina la petite psychologue assise devant lui, petite femme au calepin griffonné.

« Je peux vous envoyer vous perdre dans les prisons les plus reculées de MaterOne pour une insinuation comme celle-là ! Si ce n’était notre relation que je croyais plus respectueuse, vous seriez déjà aux fers, Madame Rorré ! »

L’autre le regarda, ses yeux semblant lire toute la vie de Poféus depuis des générations, évoluant dans les méandres de sa vie comme un poisson se situant sans encombre dans un courant rapide. Il avait beau tenter d’afficher le plus de fermeté, regarder du plus haut possible, donner une voix qui tonnait et menacer aussi clairement que possible… Elle restait stoïque, semblant patienter, un début de colère rentrée, mais aucune peur de quelque sorte que ce soit.

« Angilbe. Asseyez-vous s’il vous plait. Ce genre de colère ne vous sied pas. Merci cependant pour avoir évoqué notre… relation. »

 

Comment osait-elle lui parler ainsi ? Il allait appeler les gardes à l’entrée du bureau, il allait la faire révoquer de tous les ordres médicaux de la planète, il allait… Mais à sa grande surprise, il se rassit.

Sans rien dire.

La psychologue le laissa se reprendre, en profitant pour couler une tasse de thé au jasmin dans laquelle elle glissa un sucre. Quand elle la reposa, ce fut pour ranger son calepin et fermer son sac à main. En se penchant vers son patient, elle ajouta :

« Nous allons nous arrêter là pour aujourd’hui Angilbe… Je sais pour votre attirance homosexuelle à la limite de la pédophilie, comme une bonne partie de MaterOne. Ce sont d’autres patients qui me l’ont appris lors de nos séances il y a déjà plusieurs années. Plus de personnalités se sont allongées devant moi que vous ne semblez le penser.


  • Que savez-vous ?

  • Ce que vous voudrez bien me dire. Comprenez que mon rôle n’est pas de juger, il est de comprendre. Lorsque vous faites, lorsque je fais quelque chose, ce n’est pas la société qui en est la raison, c’est mon interaction avec elle, basée sur l’héritage culturel de ma vie passée et de celle de mes aïeux.

Il ne faut donc pas laisser les règles de la société interférer dans notre travail de compréhension, Angilbe. Ces règles ne sont pas les vôtres, elles ne nous intéressent donc pas. »

 

Calande se redressa, le salua et s’éloigna d’un pas sec. Poféus ne sut expliquer pourquoi il ressentait ce si fort pincement. Le fait que ses fantasmes soient divulgués sur la place publique, le fait que cette femme puisse le traiter de la sorte, ou le fait qu’il l’ait visiblement déçu par sa réaction ?

Arrivée au pied de la porte elle marqua une pause, puis se retourna, ajoutant : « Prenez du repos Angilbe, vous êtes fatigué. Cela aussi apparait sur vos traîts »

 

Et elle poussa la porte alors qu’une autre braise claquait dans le foyer.


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Prod: PodShows
Réa: Raoolito
Relecture: Icaryon, Arthur R, Coupie, Quentinus15, Andropovitch
Narration: Raoolito
Acteurs:
Pof Magicfingers (Poféus)
Coupie (Calande Rorré)
Compo: Ian
Montage: Richoult

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RedU T1 Ch15 Ep05

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Le son de ses pas résonnait du claquement sec de ses semelles sur les dalles du large couloir. Les miliciens en faction à l’entrée de la double porte blindée se figèrent au garde-à-vous, alors que passait le commandant de leur transporteur, le Lieutenant-Colonel Onawane.

La petite femme aux cheveux courts pouvait paraitre fluette à tout mauvais observateur masculin qui ne serait attiré que par les formes pulpeuses ou les couleurs outrancières. Pourtant l’absence de maquillage ou le strict uniforme d’officier n’auraient su faire oublier son port droit, sa tête dressée au visage sévère et surtout son regard frondeur où deux yeux brûlaient d’intelligence.

Une fois passée l’entrée, l’ambiance déjà lourde du transporteur se changeait en quelque chose d’encore plus étrange. Des regards affolés, des cris étouffés, des sanglots. Dans tous les compartiments qui s’alignaient, on pouvait apercevoir vingt, trente patients sanglés à des civières superposées, autour desquelles du personnel soignant ajustait les doses de calmants ou la tension des lanières de cuir. Il faudrait réfléchir assez vite à une solution sous peine de se retrouver à court de calmant devant une population enragée et ultra-violente.

L’odeur de propreté parfumée de l’eau de javel cachait mal celles, derrière, d’urine, de selles, de transpiration… et de peur.

On lui indiqua où trouver le Docteur Blame, son médecin en chef, au milieu des couloirs, portes, sas et conduites en tout genre. Depuis qu’elle avait décidé de concentrer les soins portés aux malades dans cette zone des quartiers de l’équipage, on n’avait pas cessé d’y ajouter de nouvelles parties de quartiers adjacents ou même de ponts contiguës.  Mais malgré ce semblant d’improvisation, Onawane s’était bien gardée de multiplier les points d’entrée : avec le renfort des équipes de maintenance, elle avait fait délibérément souder tous les passages vers l’extérieur, ne conservant que la double porte blindée qu’elle venait de franchir plus tôt. Si on devait en arriver à la mise en quarantaine de cet endroit, il n’y avait pas d’autre solution.

Au détour d’un petit corridor, encore réservé quelques jours plus tôt à l’administration de ce que l’on devait bien appeler « hôpital » ou « camp de regroupement », elle découvrit son médecin en chef. Un genou au sol, il tentait de calmer deux petites filles en larmes. Derrière lui une femme, endormie sur une civière, s’y faisait solidement sangler par quelque robuste infirmière. L’une des petites filles présentait une trace de morsure tandis que l’autre avait un bandage au bras. Découvrant le commandant, il confia les enfants au personnel et enjoint son supérieur à le suivre vers son centre de recherche. On sentait Blame fatigué, las :

« Nous avons encore déménagé, et les deux nouveaux blocs que vous nous avez assignés seront pleins d’ici une journée ou deux. Le nouveau centre de recherche est de ce coté.


  • Vous devriez rapprocher votre personnel de l’entrée docteur, c’est un conseil qui peut s’avérer utile.

  • Pour le jour où vous déciderez de passer tout le monde au chalumeau ? Non commandant, j’ai déjà décidé il y a longtemps de donner ma vie pour mes patients. Ce n’est pas maintenant que je vais les abandonner. »

Onawane eut un pincement au cœur devant ce courageux praticien. Avant le début de l’épidémie, elle ne le voyait que comme un gros joufflu débonnaire, peu enclin à attirer l’estime sur lui-même. Depuis, elle avait découvert dans les archives qu’il s’était héroïquement conduit lors de l’assaut pirate qui avait tant marqué la chair et l’âme des habitants de ce transporteur. Jusqu’au vaisseau lui-même. Les couches de peinture n’avaient pas pu effacer l’odeur de la poudre ou les impacts des canons.

Quand à Blame, il s’était révélé sous son vrai jour avec l’augmentation du nombre de victimes, et le voici maintenant s’érigeant en protecteur au péril de sa vie. Elle devrait probablement envoyer des hommes le chercher manu militari quand la décision aura été prise de « réduire les risques de propagation ».

« Vous savez bien que ce genre de décisions ne vous appartient pas. De plus vous y serez associé de toutes façons. Pourquoi vouliez-vous me voir ? »

Le médecin l’entraina dans une salle blanche où s’affairaient plusieurs scientifiques en combinaisons hermétiques. Il ferma la porte derrière eux à clef.

« Pour vous annoncer que l’on avait trouvé, commandant. On sait d’où vient la maladie, annonça-t-il simplement.


  • Mais c’est une excellente nouvelle ! Je vous écoute, expliquez moi !

  • C’est une secte brune, les Octotes ; ils représentent environ dix à quinze pour-cent de la population brune. Ils sont surreprésentés dans la population malade, et c’est ce qui nous a mis la puce à l’oreille.

  • Oui, j’en ai entendu parler. C’est un mouvement extrémiste de la religion brune, c’est cela ?

  • Rigoureusement fondamentaliste, je dirais. Pour eux un prophète reviendra pour guider les humains le jour de la fin de tout, et pour être capable de le reconnaitre, il faut vivre exactement comme le précédent prophète. Le souci, c’est que les effets de distorsions temporelles ont mis à mal certains de leurs dogmes, et ce malaise a entrainé une recrudescence de ferveur religieuse.. un espoir de trouver des réponses dans une foi plus profonde, en quelque sorte.

  • Mais comment passe-t-on d’une ferveur religieuse à une maladie mentale contagieuse ? Et pourquoi l’autre transporteur n’est pas touché ?

  • Nous sommes les seuls à avoir une communauté d’Octotes, madame. Très peu sont parmi l’Exode, et encore s’agit-il d’une scission dans leur croyance. La majorité d’entre eux est restée sur MaterOne, attendant toujours la venue de l’élu des Dieux. Ceux présents ici pensent que le prophète est dans l’Exode et qu’ils ne l’ont pas reconnu car ils n’étaient pas assez fervents. En toute logique, ils se sont regroupés dans le même vaisseau… le notre. »

Onawane remarqua quelques livres théologiques sur un coin de table.  Le médecin devait s’être renseigné sur le sujet durant le peu de moments libres qu’il avait eu à disposition.

« Continuez.


  • Connaissez-vous la Lamprasine ?

  • Non, qu’est ce que c’est ?

  • Une plante hallucinogène millénaire, découverte du coté de la nébuleuse de Talbot. On en extrait une liqueur utilisée pour la fabrication du Nuage de miel, la fameuse drogue souriante, et par les adeptes de notre secte brune qui doivent l’absorber bouillante, broyée de piments rouges. C’est assez spectaculaire, mais d’après les livres Octotes, l’ancien prophète en faisait usage. Donc en plein questionnement, cette communauté en a augmenté l’utilisation… à la recherche de réponses.

  • Et ce serait cela qui a déclenché les crises de folie ? »

Blame tira un fauteuil, sans même en proposer un à son hôte et sortit de sa poche un petit tube à essai rempli d’un liquide brun clair, à la limite du jaunâtre.

« La liqueur de Lamprasine, commandant. Elle contient une molécule qui active certaines zones du cervelet inférieur, une partie très ancienne du cerveau. On ignorait que cette suractivité entrerait en résonance avec les effets de la Passe. C’était l’inconnue qui nous manquait. »

Onawane n’en revenait pas. Une drogue qui interagissait avec les effets de la Passe de Magellone ? Mais pourquoi personne n’en avait jamais parlé ? Elle se souvint alors du dernier conseil des commandants. Parmi les échanges qu’ils avaient eu, le Colonel Hill avait fait remarquer que vu la population traversant la Passe, des marchands souvent contrebandiers et des aventuriers souvent pirates, les seuls rapports fiables concernant les effets sur le corps humain, étaient ceux des vaisseaux d’exploration de la flotte spatiale de MaterOne. Mais le milieu militaire n’était pas propice aux cocktails communautaires ésotériques, ce qui faussait les observations, ou tout du moins, les rendait incomplètes.

Blame porta son regard sur ses laborantins qui travaillaient sans s’arrêter sur des pistes scientifiques bien au-delà de la compréhension de la femme militaire.

« Ces malades n’en sont pas. Ils sont hyper-réactifs aux effets de distorsions. Si nous sommes capables de ressentir des mini-distorsions, eux plongent en quasi permanence dans les micros, les nanos distorsions temporelles ! Quand cette mère a mordu ses petites filles, voulait-elle les blesser ou se défendre ? Qu’avait-elle vu exactement ? Peut-être un passé lointain où ses ancêtres combattaient on ne sait quoi dans les landes premières de MaterOne ?


  • Beau travail, comment peut-on soigner cela ? »

L’autre ne répondit pas tout de suite. Semblant encore plus las que les minutes précédentes. Presque par dépit, il posa le tube à essai sur la table et dégrafa le col de sa chemise.

« On ne peut pas, simplement. Les substances hallucinogènes restent actives trop longtemps dans la Passe, comme si le cerveau surexcité les entretenait, en augmentant lui-même la concentration. Les plus anciens malades ont un taux proprement inhumain de la molécule que l’on trouve dans la liqueur de Lamprasine. »

 

Ça y était, elle venait de comprendre le drame de conscience pesant sur son médecin en chef. On pourrait sans doute arrêter l’apparition de nouveaux malades, maintenant que l’on connaissait le vecteur, ça allait être facile, mais pour ceux déjà atteints, il n’y avait pas encore de solution. Pire, ils allaient s’avérer dangereux pour tout le monde quand les calmants et autres opiacés allaient manquer.

Et seule la solution d’Onawane, que le médecin désapprouvait, était déjà prête.


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Relecture: Icaryon, Arthur R, Coupie, Quentinus15, Andropovitch
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Acteurs:
Onawane (Istria)
Dr Blame (Akira)
Compo: Ian
Montage: Destrokhorne